Monitrice en Entreprise de Travail Adapté : « Il faut de l’attention, de la créativité et de l’écoute ! »
Le Guide Social a rendu visite à l’Entreprise de Travail Adapté, Ateliers 94 de La Louvière. L’objet de cette visite ? Faire un focus sur le poste de monitrice couture, occupé par Edith Vermmeulen depuis sept ans. Métier mêlant technique et social, ses missions d’accompagnement sont indispensables au bon fonctionnement de ces entreprises qui permettent l’émancipation de plus de 10.000 travailleuses et travailleurs en Belgique.
Présentes dans une vingtaine de secteurs d’activités, les Entreprises de Travail Adapté (ETA) ont pour mission l’insertion professionnelle des personnes porteuses de handicap dans un objectif d’émancipation. Pour ce faire, elles proposent des protocoles particuliers et des missions définies en fonction des handicaps de ses travailleur.s.es. Cependant, définir des conditions de travail et utiliser des machines particulières ne suffisent pas.
En effet, l’accompagnement au quotidien pour s’assurer du bien-être des travailleur.se.s et de la bonne réalisation des activités de l’entreprise est indispensable. Ce sont les fonctions, entre autres, que remplit le moniteur ou la monitrice en ETA. Pour en savoir plus, le Guide Social s’est rendu dans les locaux des Ateliers 94, ateliers de couture à La Louvière, pour discuter avec Edith Vermmeulen de son métier de monitrice.
« C’est un processus par étapes. On y va petit à petit »
Edith Vermmeulen, couturière de formation, a rejoint les ateliers en tant que monitrice en 2015 : « J’ai toujours travaillé dans des entreprises de confection en tant qu’ouvrière puis en tant que responsable d’atelier couture. » Après une pause dans sa carrière professionnelle, elle décide de postuler pour le poste de monitrice couture que proposait l’ETA : « J’ai eu envie d’apporter mon aide à des personnes en difficulté, donner de ma personne au quotidien, pour y ajouter une dimension plus sociale. »
Edith Vermmeulen est monitrice dans la section couture de confection de l’ETA Atelier 94 spécialisé dans la création d’articles bébés, de linges de maison ou encore de costumes de carnaval : « Je gère une équipe de 20 travailleuses. » Certaines connaissent et maîtrisent les outils, les machines et les techniques alors que d’autres découvrent le métier.
C’est alors un travail de formation que réalise Edith Vermmeulen : « La plupart savent déjà coudre mais d’autres ne savent pas du tout. Je dois alors leur apprendre le métier. Pour la confection, j’explique les différentes procédures que l’on va suivre, les étapes propres à chaque pièce et comment les assembler. Pour la partie technique, je leur montre le fonctionnement de la machine, comment se compose la pièce finale et quelles techniques mettre en pratique pour créer ses différentes parties. C’est un processus par étapes. On y va petit à petit. »
En plus des missions d’apprentissage, elle gère l’organisation de l’espace de travail qui se compose d’un grand nombre de machines à coudre spécifiques aux différentes étapes de confection. Cet agencement se définit en fonction des différents niveaux de connaissances et d’aptitudes des salariées : « Il faut savoir s’ajuster aux différentes capacités de chacun et chacune. Certaines personnes peuvent réaliser l’ensemble d’une pièce, pour d’autres il ne s’agira que d’une partie. »
« J’ai la fibre pédagogique et la patience qui va avec »
La gestion des deadlines est importante dans ce métier. Il convient, en effet, que les pièces soient prêtes dans les délais imposés par les client.e.s de l’ETA : « On a toujours deux semaines de délai, mais on doit quand même respecter une échéance. Avec mon expérience, je sais à qui je dois donner le travail pour finir dans les temps mais c’est une partie du travail relativement stressante, quand plusieurs commandes arrivent et qu’il faut adapter la productivité. »
Tout au long de l’échange, on sent que l’adaptation est chose naturelle pour Edith Vermmeulen. Quand on le lui fait remarquer, elle rit et nous confie : « J’ai été professeure de danse contemporaine pendant 27 ans, pour enfants et adultes. J’ai la fibre pédagogique et la patience qui va avec. » En effet, la patience est l’une des qualités nécessaires du.de moniteur.rice en ETA. Répéter, réexpliquer, remontrer les techniques... font partie de son quotidien. Elle ajoute : « Il faut également être attentif, créatif et à l’écoute quand il y a quelque chose qui ne va pas. »
« Venez ! L’ambiance est très bonne ! »
Avant de gérer l’équipe, Edith a suivi quelques jours de formation sur le lieu de travail afin d’apprendre l’ensemble des procédés de fabrication des produits proposés par l’atelier pour ensuite les enseigner aux travailleuses. Elle regrette cependant de ne pas avoir eu quelques jours de formation consacrés aux spécificités du public des ETA afin d’adopter rapidement la bonne posture.
Cependant, ce bémol n’entache en rien la satisfaction qu’elle ressent lorsque son équipe réussit les réalisations, traduisant l’évolution des pratiques des travailleuses : « Je me sens utile. Le contact avec les membres de mon équipe m’apporte beaucoup. Je suis ravie de les voir satisfaites et fières devant un article terminé. »
Enfin, quand on lui demande ce qu’elle aurait envie de dire à d’éventuelles personnes intéressées par une carrière en tant que monitrice en ETA, elle n’hésite pas une seconde : « Venez ! L’ambiance est très bonne. On partage des moments joyeux. »
A. Teyssandier
Et pour aller plus loin :
– Entreprise de Travail Adapté : entre mission sociale et rentabilité
– Moniteurs en entreprise de travail adapté : ils racontent leur métier
– Moniteur d’atelier : "Un métier avec un contact humain fort, complexe"
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