Moniteurs en entreprise de travail adapté : ils racontent leur métier
Le moniteur d’atelier a comme mission de superviser des travailleurs en situation de handicap au sein d’une Entreprise de Travail Adapté ( E.T.A ). L’ASBL APRE SERVICES nous a ouvert ses portes afin de saisir les différents enjeux autour de ce métier. Dans cette première partie de notre dossier, découvrez le parcours de ces professionnels.
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A Bruxelles, douze E.T.A sont actives. Agréées sous le statut d’ASBL, elles emploient environ 1.450 travailleurs en situation de handicap et 370 travailleurs valides (majoritairement des moniteurs et du personnel d’encadrement).
En activité depuis plus de 50 ans et originellement spécialisée dans l’emballage, l’ASBL APRE SERVICES a récemment dû se diversifier dans des activités de maintenance et de catering. Une soixantaine de salariés y travaillent et six moniteurs les encadrent selon les différents secteurs d’activité. Nous sommes allés à la rencontre des trois moniteurs d’atelier qui interviennent au niveau de la production.
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La diversité des parcours
Planifie-t-on de devenir moniteur ? En réalité, il semble que cette orientation professionnelle s’est construite de manière totalement imprévue pour les moniteurs d’APRE SERVICES. Jamila Kassib, moniteur depuis 8 ans, se souvient : « De base, j’ai une formation d’électricienne. Je suis venue réaliser un stage dans cette structure pour travailler sur les machines. Je me sentais tellement à l’aise, c’était comme un cocon familial. On m’a finalement proposé de devenir monitrice d’atelier. »
Une double compétence à la fois technique et humaine semble être inhérente à la fonction de moniteur. Ce dernier doit être familier avec les machines et les divers procédés techniques mais aussi savoir composer avec une équipe formée de divers caractères. « Au début j’étais intéressé par un poste de magasinier dans un autre E.T.A. », témoigne Raphael Vam Brusselen avant d’ajouter : « Cependant, on m’a redirigé vers cette structure qui m’a proposé de devenir moniteur car il recherchait quelqu’un de compétent à la fois dans le domaine technique et la gestion de groupe de personne. Or j’avais travaillé 8 ans dans l’automobile et, à l’époque, je travaillais chez Delhaize et y supervisais mes coéquipiers. »
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L’absence de certificat officiel : une richesse ?
Le métier de moniteur d’atelier a été officiellement reconnu par la convention collective du 22 mai 2008 relative à la classification des fonctions en E.T.A. Contrairement aux fonctions d’accompagnateur ou d’éducateur, aucun certificat officiel ne permet d’accéder au titre de moniteur. Ainsi, certains pointent du doigt cette absence de certification comme participant au manque de visibilité de ces professionnels.
Cependant, d’autres y voient une richesse. L’assistant sociale d’APRE SERVICES, Cécile Cocce, définit le moniteur comme un « bourlingueur. C’est à dire quelqu’un qui connaît la vie, qui a un peu galéré, qui s’est sorti de situation problématique et qui a eu quelques expériences à droite et à gauche. Grâce au fait d’être un bourlingueur, tu développes forcément un côté social. Or pour quelqu’un qui sort d’une école sans jamais avoir été sur le terrain, cela peut être assez compliqué. »
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A.T.
Dans un prochain article seront abordées les différentes facettes du métier de moniteur notamment à travers le travail de coordination, de suivi ainsi que de chargé de production.
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