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Technologue en imagerie médicale : un métier au croisement de la technologie et du soin

Technologue en imagerie médicale : un métier au croisement de la technologie et du soin

Le technologue en imagerie médicale est un acteur clé du parcours de santé. Spécialiste des technologies de pointe – radiologie, scanner, IRM, échographie ou médecine nucléaire – il réalise les examens prescrits par un médecin afin de dépister, diagnostiquer ou suivre une maladie et parfois, accompagner la mise en place d’un traitement.

Au cœur du métier, il y a une double exigence : la précision technique et la relation humaine. Le technologue collabore avec une équipe pluridisciplinaire (médecins, infirmiers, personnel de préparation et secrétariat) pour garantir des résultats fiables, tout en accompagnant le patient dans les meilleures conditions. Il joue également un rôle dans la prévention, le dépistage précoce et le suivi d’éventuelles complications liées aux examens.

Lire aussi : Opportunité de carrière : devenez technologue en imagerie médicale au CHU Saint-Pierre

Ses missions principales

  • Réaliser les examens d’imagerie : radiologie, scanner, IRM, échographie, médecine nucléaire, imagerie interventionnelle en appliquant les protocoles définis par les médecins.
  • Préparer, informer et accompagner le patient : accueillir chaque personne, expliquer l’examen, vérifier les contre-indications, rassurer les patients anxieux et assurer leur confort et leur sécurité tout au long de l’acte.
  • Réaliser les actes techniques : installer le patient, poser des perfusions, administrer les produits de contraste ou préparer les radiopharmaceutiques.
  • Garantir la radioprotection et la sécurité : protéger les patients et le personnel, contrôler les doses délivrées et participer aux contrôles qualité des équipements.
  • Produire et traiter les images médicales : assurer l’acquisition et le post-traitement, optimiser la qualité des images, les transmettre au radiologue et garantir la traçabilité des examens.
  • Gérer le matériel et les ressources du service : surveiller l’état des équipements, signaler les dysfonctionnements, gérer les stocks de produits et veiller à l’élimination correcte des déchets, y compris radioactifs.
  • Participer à l’amélioration continue des pratiques : respecter les normes de qualité et s’adapter aux évolutions technologiques et organisationnelles du service.

Une journée dans la peau d’un technologue en imagerie médicale

Pour illustrer concrètement le quotidien en milieu hospitalier, voici le témoignage de Christophe Tragnee, infirmier en chef adjoint au sein de l’Institut Bordet : « On arrive une demi-heure avant le premier patient et on met les ordinateurs en route, on vérifie que les machines fonctionnent, que les chariots sont approvisionnés… »

À 8h, le premier patient entre en salle, et la cadence s’installe rapidement. « On prend environ deux patients par heure. Pour l’IRM, on tourne jusque 20h, tandis que pour le scanner, on prend un patient toutes les quinze minutes. » Si le planning semble réglé comme une horloge, la réalité du terrain est tout autre : « Il y a les aléas : une machine qui dysfonctionne, l’informatique qui plante, les patients en retard… On doit jongler avec tout ça. Et puis il y a la partie humaine : des patients anxieux, réticents, parfois difficiles à gérer. »

Il est important de préciser que cette journée type reflète le rythme d’un technologue en hôpital public. Dans un cabinet privé, un centre d’imagerie ou dans l’industrie, le rythme, les contraintes et les responsabilités peuvent être très différents : moins d’urgences, implication dans la recherche et le développement, horaires plus stables.

La dimension humaine du métier

Au-delà des machines et des protocoles, le métier de technologue en imagerie médicale plonge au cœur d’histoires humaines parfois difficiles. Christophe Tragnee en témoigne : « Il arrive que l’on voie quelque chose sur un scanner et qu’on sache déjà que l’avenir du patient va être compliqué… sans pouvoir rien dire. »

Cette proximité avec les patients crée souvent des moments très forts : « Certains craquent sur la table d’examen. Ils ont peur d’une récidive, peur d’une mauvaise nouvelle. Ici, dans la salle, ils peuvent pleurer, vider leur sac. C’est un des aspects les plus humains du métier. »

Le technologue est souvent au cœur de situations où la rapidité et la précision sauvent des vies : « Je me souviens d’un enfant gravement blessé qui arrive en pleine nuit. Tout le monde se coordonne en quelques secondes. Dans ces moments-là, chaque geste compte et notre technicité est aussi essentielle que celle de la personne qui surveille la respiration. Nous agissons ensemble pour une même cause. »

Cette dimension humaine explique pourquoi le métier demande caractère, maturité et sang-froid. 

Quelles sont les qualités et compétences nécessaires ?

  • Empathie
  • Écoute
  • Adaptabilité
  • Sociable
  • Goût pour les nouvelles technologies et l’informatique
  • Goût pour les sciences : il y a beaucoup de matière technique à assimiler
  • Goût pour le médical, l’ambiance d’un hôpital, ne pas avoir peur du sang
  • Dextérité : être techniquement très précis mais savoir rendre les gestes naturels et fluides pour que le patient vive l’examen sereinement.
  • Rigueur
  • Calme et patience

Quelle formation faut-il pour exercer le métier de technologue ?

Pour devenir technologue en imagerie médicale, il faut obligatoirement obtenir le Bachelier en Imagerie médicale, une formation de trois ans. Ce cursus forme les étudiants à la fois aux aspects scientifiques (anatomie, physique, radioprotection…), techniques (manipulation des appareils) et humains (prise en charge du patient, communication, éthique).

Les cours sont dispensés en Haute École et combinent théorie, laboratoires pratiques et nombreux stages en milieu hospitalier. Les étudiants s’exercent progressivement sur des simulateurs (scanner, IRM, mammographie…), des mannequins ou des équipements réels grâce à des plateformes de simulation.

Où se former ?

Le Bachelier en Imagerie médicale est proposé dans plusieurs hautes écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, notamment :

Ces établissements disposent d’infrastructures dédiées et de partenariats avec des hôpitaux universitaires et généraux, favorisant l’apprentissage en situation réelle.

Reconversion : devenir technologue en imagerie médicale après des études d’infirmier

La profession de technologue en imagerie médicale est protégée : pour exercer, il faut impérativement être titulaire du Bachelier professionnalisant en Imagerie médicale. Les diplômés en soins infirmiers peuvent toutefois intégrer la formation et obtenir certaines dispenses pour des cours généraux mais les unités propres au métier (radioprotection, techniques d’imagerie, physique, stages spécialisés) restent incontournables.
Dans les faits, le cursus peut être légèrement allégé mais s’étend généralement sur au moins deux ans en raison du volume important de stages.

Agrément et visa  : les clés pour exercer

Obtenir le diplôme ne suffit pas pour exercer  : le futur technologue doit également obtenir l’agrément et le visa, délivrés par les autorités compétentes.

  • L’agrément reconnaît que le ou la titulaire possède les qualifications et compétences nécessaires pour porter le titre de technologue en imagerie médicale.
  • Le visa, délivré par le SPF Santé publique, constitue l’autorisation légale d’exercer. Sans visa, même diplômé et agréé, on ne peut pas travailler légalement dans le secteur.

En pratique, une fois le diplôme obtenu, la demande d’agrément permet d’obtenir automatiquement le visa.

Salaire d’un technologue en imagerie médicale

Le salaire d’un technologue en imagerie médicale varie selon plusieurs facteurs : le lieu d’exercice, l’ancienneté, la spécialisation et le type de contrats (temps plein, temps partiel, travail de nuit ou week-end).

Salaire moyen :

  • Dans le secteur public hospitalier, un technologue débutant peut espérer un salaire brut mensuel autour de 2 200 à 2 500 €, tandis qu’un technologue expérimenté atteint facilement 3 000 à 3 500 € brut par mois.
  • Les primes et indemnités peuvent s’ajouter : travail de nuit, week-ends, jours fériés, astreintes ou fonctions de chef adjoint.
  • Dans le secteur privé, le salaire peut être légèrement supérieur, mais les avantages sociaux et la stabilité peuvent varier selon l’employeur.

Débouchés et perspectives

Le technologue en imagerie médicale dispose d’un large éventail de débouchés. La majorité travaille dans le secteur hospitalier – public ou privé – mais il peut également exercer dans des centres d’imagerie indépendants, des firmes pharmaceutiques, des entreprises spécialisées dans le matériel médical (Siemens, GE Healthcare, Canon…) ou des start-ups développant des logiciels et applications pour l’imagerie.

Le marché de l’emploi est favorable. La profession est en demande, notamment dans les hôpitaux publics, où le renouvellement des effectifs et l’évolution rapide des technologies créent de nombreuses opportunités. Avec l’expérience, le technologue peut évoluer vers des fonctions d’encadrement (chef de service, adjoint) ou se spécialiser dans des techniques avancées. Des parcours vers la recherche, l’industrie ou l’enseignement sont également possibles, offrant une grande diversité de trajectoires professionnelles.

Pénurie et attractivité du métier

La profession de technologue en imagerie médicale souffre d’une pénurie de personnel, accentuée par la crise du covid. Le métier exige un engagement important et une forte dimension humaine, ce qui fait que certains jeunes diplômés se redirigent vers d’autres secteurs. Le manque de reconnaissance salariale et la pression du terrain peuvent également décourager.

Christophe Tragnee, explique : « Franchement, ce métier est très exigeant. Moi-même, j’ai deux prothèses de hanche à force de tirer et pousser des patients. C’est un métier lourd, très dur. Si on n’a pas la passion pour le médical, il vaut mieux chercher ailleurs. » Pour autant, il souligne aussi les aspects positifs : « Pour ceux qui aiment le médical, c’est top. On touche à la médecine, on a un vrai rôle dans le parcours des patients et surtout, on ne sera pas au chômage. En plus, on a la liberté de changer de service ou d’hôpital, et même de passer dans l’enseignement ou la gestion. »

Malgré la pénurie, ce métier reste attractif pour ceux qui ont l’envie de conjuguer technologie et soins aux patients. Les hôpitaux manquent cruellement de technologues. Et au-delà des contraintes, beaucoup y trouvent un sens profond, comme le résume Christophe Tragnee : « La machine humaine est une machine fantastique et la voir de l’intérieur, c’est extraordinaire. »

Pauline Février



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