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Discrimination à l'emploi : "Difficile de la combattre de manière frontale"

19/03/14
Discrimination à l'emploi :

Daniel Martin est directeur du Centre régional de Verviers pour l’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère (CRVI). Une de leurs missions est d’insérer leur public sur le marché de l’emploi à travers un accompagnement administratif et juridique et des formations collectives. Le Centre mène aussi un travail de sensibilisation aux discriminations à l’emploi.

Lire notre dossier : Immigration et emploi : l’équation impossible ?

Faites-vous aussi le constat d’une difficulté pour les personnes issues de l’immigration de trouver un emploi ?

Il y a manifestement une inadéquation entre les demandes des employeurs et les profils des personnes d’origine étrangère. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. On pense notamment aux déficits de diplôme ou à l’apprentissage insuffisant du français. On constate ensuite que le marché de l’emploi est très peu tolérant ou flexible actuellement car l’offre d’emploi est très nettement inférieur au nombre de demandeurs d’emploi. Ajoutons à cela que le recrutement revêt encore des méthodes très peu adaptées à la diversité culturelle. La discrimination est réelle. Les femmes sont encore plus en difficulté. De façon patente, le voile est un très gros obstacle à l’emploi, plus que la barbe… Mais la discrimination n’explique pas tout. Chez les jeunes, le découragement conduit aussi à une désaffiliation sociale.

Comment tenter d’améliorer la situation ?

Nous donnons des sensibilisations à la diversité culturelle auprès des institutions comme le FOREM, ou auprès de certaines Entreprises de Formation par le Travail (EFT). Nous avons aussi lancé une campagne grand public de lutte contre les préjugés, intitulée « Fuck Discrimination, car seule la discrimination est vulgaire ». La discrimination n’est pas admise, elle est éthiquement inacceptable et par conséquent socialement refoulée …Ce qui explique selon nous qu’elle ne se dévoile pas et qu’elle ne peut se combattre de manière frontale en matière d’emploi. La lutte contre la discrimination doit comprendre des outils, des méthodes et des approches socio-pédagogiques qui ont pour objectif de changer les mentalités autant des employeurs que des personnes d’origine étrangère.

Qu’en est-il du projet de CV anonyme pensé un temps par le gouvernement ? Serait-ce une mesure efficace pour combattre les discriminations ?

Les études en France ne sont guère concluantes. Nous l’avons essayé mais les fautes d’orthographe, les tournures de phrases ou l’utilisation du féminin dans les lettres de motivation trahissent l’anonymat. Certaines personnes insèrent aussi leur photo, qu’on ne peut pas toujours enlever.
Viennent ensuite les entretiens…A cet égard, l’aspect physique compte pour 35 % sans compter les codes culturels qui ne sont pas compris par les recruteurs.

Que faudrait-il privilégier concrètement alors ?

De nombreuses pistes doivent être explorées. On pense par exemple au parrainage, à l’interprétariat social, aux formations en alphabétisation sur le lieu de travail gratuites pour les employeurs, aux incitants financiers pour les employeurs, aux quotas, ou encore aux formations gratuites à la diversité pour les employeurs.

Manon Legrand

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Commentaires - 2 messages
  • bonjourrnjuste pour dire qu'il n'y a pas les étrangers qui sont victimes de discrimination mais les Belges de souches sont aussi victimes de discrimination face aux employeurs d'origine étrangères mais cela personne n'en parle. Essayé de vous faire engager dans une boulangerie tenue par des marocains ou des turcs en tant que Belge, c'est royalement impossible. alors arrêtons de dire que ce sont les Belges qui discriminalisent.

    tartenpion mardi 25 mars 2014 13:36
  • Bonjour,rnVoici un contre-exemple réel qui risque bien de vous décevoir! Allez au magasin "Sucré Salé" à Chaussée d'Ixelles (en face de la Place Fernand Cocq), tenu par un "Marocain" et regardez bien qui y travaille, que des femmes belges à ma connaissance! Désolé, c'est raté! La discrimination à l'emploi contre les "étrangers" est bien une réalité frustrante , mais il existe encore plusieurs formes de ce phénomène que j'ai vécu personnellement...Je trouve aussi que l'exemple des petites entreprises n'est pas le bon, mais il faut bien trouver le moyen de s'en sortir finalement!..

    hakam samedi 10 mai 2014 20:24

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