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Le Ricochet dans l'urgence : "Dans deux semaines je ferme les portes"

22/07/14
Le Ricochet dans l'urgence:

L’ASBL Le Ricochet est « au bout ». L’institution vient de perdre une bataille et risque bien de perdre la guerre du ping-pong ministériel dans lequel elle joue un jeu aussi absurde que déplorant depuis quelques mois.

23 enfants à la rue. C’est ce qu’il risque d’arriver si rien ne se passe dans les prochains jours. Mais par où commencer ? Par le fait que l’ASBL devait se séparer d’un premier enfant ce mardi, faute de subside ? Ou par le fait que l’hôpital Vésale de Charleroi n’a finalement pas voulu de lui dans son service pédiatrique ? La situation est grave. « Dans deux semaines je ferme les portes », déplore M. Hannard, le directeur de l’institution.

« Des enfants que personne ne veut »

L’ASBL héberge depuis deux ans et demi 23 enfants de 3 à 18 ans, « ceux que personne ne veut ». Ils cumulent pathologie mentale, handicap mental associé et un placement par l’Aide à la Jeunesse. Au carrefour des compétences ministérielles (la Santé à la Région wallonne et au Fédéral et l’Aide à la Jeunesse à la Fédération Wallonie-Bruxelles),l’institution fait face à un ping-pong ministériel depuis trop longtemps : chaque cabinet se renvoie la balle des subsides dès qu’il le peut. «  L’ASBL n’est plus financée depuis 8 mois », ajoute M.Hannard.

Derniers espoirs

Depuis, les espoirs de l’ASBL étaient portés sur son passage devant le tribunal de 1ère instance vendredi dernier. Le recours de la dernière chance. L’ASBL réclamait le payement des subsides convenus en 2013 et 2014 par l’Aide à la Jeunesse. Le recours n’a pas été accordé. Selon le jugement, «  aucune disposition légale n’établit, pour la prise en charge financière d’enfants, un niveau de protection que l’administration serait tenue de respecter ».

« Un carrousel de plus »

«  Un enfant a donc fait objet d’une demande de réorientation d’urgence vendredi passé. La Direction générale de l’Aide à la jeunesse nous a demandé de le déposer dans le service de pédiatrie de l’hôpital Vésale (Charleroi). Mais nous avons appris hier que l’hôpital, ainsi que tous les services pédiatriques de la Région, refusaient finalement de le prendre ». Résultat, il n’a pas quitté l’institution. « C’est un carrousel de plus », se désole le directeur.

La Direction générale de l’Aide à la Jeunesse dans le flou

Cet enfant a pourtant fait l’objet d’un accord et d’un mandat signé par le SPJ de Charleroi, plaçant l’adolescent en décembre dernier et lui accordant un subside de 50 euros par jour. Mais l’ASBL Le Ricochet n’a rien reçu depuis son arrivée. Et l’administration centrale de nier et refuser la situation. D’après le directeur, un courrier de quatre pages est parti à la Direction générale de la SPJ ce matin.

Travailler de manière transversale dans le dialogue

Car ce qu’il s’est passé hier se passera surement pour les 22 autres enfants dans les deux prochaines semaines. Sauf que dans deux semaines, personne ne pourra les reprendre. Cette fois-ci, les chances d’un retournement de situation sont minimes. Les derniers (s’il en reste) espoirs du personnel de l’ASBL sont portés sur la constitution du nouveau gouvernement wallon et des nouveaux ministres en charge de la Santé et de l’Aide à la Jeunesse. Ils ont été prévenus hier soir, ainsi que Di Rupo, « qui a le dossier en main depuis longtemps ».

« J’espère vraiment que les nouveaux ministres arriveront à travailler dans le dialogue et de manière transversale », insiste M. Hannard. Et de citer en exemple le discours du Roi du 21 juillet, d’un ton un rien ironique. Celui-ci reprend en effet à juste titre : « nous avons besoin de pouvoir compter (…) sur nos institutions. Celles-ci sont l’expression de notre capacité à dialoguer, à trouver des solutions qui rassemblent, à prendre en compte les points de vue minoritaires, à assumer collectivement nos responsabilités. En d’autres mots : nos institutions constituent la clef de voûte d’une société qui invite à se mettre à la place de l’autre. » A bon entendeur.

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