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Sexe et handicap : " Les personnes handicapées deviennent des êtres asexués."

22/12/14
Sexe et handicap :

La vie sexuelle et affective des handicapés est encore un tabou au sein du secteur psycho-médical. Christian Nile, référent de la vie affective et sexuelle au sein de l’AWIPH, a répondu à nos questions.

 Sexualité des personnes handicapées : il y a du travail

 Ouverture d’une maison close pour personnes handicapées à Tournai

 Création d’un centre de ressources "Handicap et Sexualité" en Wallonie

"Le sujet reste sensible bien sûr. Le problème en soi n’est pas la personne handicapée mais le rapport sexuel." explique-t-il.
En 2013 a été présenté auprès des parlementaires wallons une étude sur tout ce qui touche la vie sexuelle des personnes handicapées. Un plan d’action a été dégagé : assurer une formation pour tous les membres du personnel des institutions accueillant des personnes handicapées s’est avérée essentielle.

Une multitude d’actions menées

Une brochure éditée par l’agence wallonne et la COCOF avait été publiée au début des années 2000 : cette brochure sera bientôt réécrite car les choses ont beaucoup évolué.
Un centre de ressource verrait le jour au début de l’année 2015, avec pour but d’organiser les formations et diffuser l’information afin de sensibiliser le grand public.
Les bureaux seront situés à Namur et ce centre ferait office de référence pour toute la région wallonne.
Au sein des institutions, promouvoir des chambres individuelles s ou de couple est une idée phare : il faut garantir l’intimité des personnes et éviter ainsi les dortoirs communs.

Une mise en place d’un salon spécialisé

La volonté des administrations bruxelloises et wallonnes serait de mettre en place un salon qui aborderait la vie sexuelle et affective des handicapés sous tous ses angles. Aussi bien à destination des personnes handicapées que de leurs familles, un salon du même type avait déjà séduit à Bruxelles. On pouvait même parler de réel succès : les organisateurs durent refuser 2.000 personnes !
"Les personnes handicapées étaient heureuses : il ne s’agissait pas d’un colloque mais d’un véritable salon pratico-pratique. Différents ateliers étaient montés avec plusieurs thèmes comme des rencontres avec des associations, des services proposant une assistance sexuelle...", explique Christian Nile.

Sensibiliser les familles

Si au sein du secteur psycho-social, des actions et formations sont menées pour aténuer ce tabou, celui-ci est surtout présent au niveau des familles : les sensibiliser reste donc le plus important.
La sexualité commence à l’adolescence et avant 18 ans, elle est "comme gommée" dans les services. La formation doit donc être effectuée sur un public mineur. Les formations répondent à des questions simples : quelle est la bonne attitude à avoir ? Comment réagir face à une personne handicapée exprimant un besoin ? Comment réagir face à la naissance de couples au sein d’institutions ?
Les éducateurs ne sont pas spécialement formés lors de leurs études à ces sujets : ils apprennent ainsi soit sur le terrain soit au cours de formations.
Ces dernières sont accessibles à tous les éducateurs, les personnes s’inscrivent aux formations qu’elles désirent.

L’ouverture de la maison close de Dodo la Saumure

Certaines personnes handicapées peuvent avoir un comportement violent et agressif car elles ne savent pas comment se toucher ni se masturber. L’accès à la vie sexuelle est un facteur d’épanouissement. "Ce monsieur crie tout haut ce qui se fait déjà", explique Christian Nile.

Christian Nile conclut : "A l’identique des personnes âgées, les personnes handicapées deviennent des êtes asexués. Les parents en sont les premiers acteurs : "J’ai un garçon. J’ai une fille. J’ai un enfant handicapé."
Sans oublier les fameuses toilettes séparées : celles pour hommes, celles pour femmes et celles pour handicapés. Il faut reconnaître à la personne handicapée un droit à avoir le droit à une vie relationnelle et affective en tant qu’homme ou femme.
".

Valentine Laval



Commentaires - 5 messages
  • C'est effectivement encore un vrai tabou et il est urgent que les choses évoluent. Non, ns ne sommes pas des anges. Oui, ns avons les mêmes besoins que toute autre personnes. De la simple tendresse affective au rapport sexuel complet, il y a une multitude de choses possibles pr chacun. Il est tps de lever le voile, de donner les bonnes informations aux personnes concernées et les bonnes explications aux autres. Cessons de tourner autour du pot et avançons, c'est ça aussi l'intégration. Attention aussi aux abus mal intentionnés de la part de soi disant professionnels... Dodo la saumure n'est certainement pas la bonne personne pr ce genre de choses!!!

    Soleilsoleil jeudi 25 décembre 2014 15:25
  • Dodo La Saumure est connu du grand public pour des problèmes qui donnent aujourd'hui à penser qu'il ne serait pas qualifié pour ce genre de choses. Mais entre le vide qu'il y a actuellement à satisfaire à ce besoin, et l'hypocrisie à la française (où la prostitution est illégale alors que des Français, tout à fait valides, débarquent à pieds, à cheval, de voitures et de trains en Belgique chaque weekend pour venir assouvir ce besoin), je pense que Dodo La Saumure, bien que son initiative ne soit pas forcément mue par des raisons de pure philanthropie, apporte une pierre à l'édification d'un édifice que beaucoup savent nécessaire mais auquel personne d'autre n'a osé penser à bâtir. Qu'il commence d'abord et, au fur et à mesure, les erreurs qui seront les siennes seront corrigées (par les pouvoirs publics) au fur et à mesure. Il fera certainement des émules. Je ne pense pas qu'il faille déjà commencer à jeter la pierre à celui qui ose tomber les masques de l'hypocrisie et de l'ignorance pour offrir à des personnes qui ont un besoin légitime, parce que son nom a été cité dans une rubrique d'affaires qu'une certaine morale désapprouve.

    Futé jeudi 25 décembre 2014 18:12
  • Résumer les "besoins" au simple rapport sexuel est très réducteur. Ma profession de masseur (inspiré du tantra) m'amène a recevoir en consultation des personnes principalement en manque de tendresse, de caresse, et accessoirement d'orgasme de qualité. Rien a avoir avec le côté glauque des "maison de passe". Je dois m'investir bien plus fort qu'une "fille tarifée". Apporter de la tendresse ne se résume pas a un acte technique, a une pratique, mais bien a un investissement humain. Parmi mes client, j'ai des personnes âgée et plus rarement des personnes a handicap mental léger. Il y a un vrai besoin d'accueil, et j'espère qu'enfin, une vraie prise en charge sera mise sur pied. notamment par le remboursement partiel des honoraires.

    Lukyluc vendredi 26 décembre 2014 17:40
  • Il est vrai que les demandes des personnes souffrant de handicap ne se résument pas qu'à la sexualité, mais ignorer que ces personnes en ont aussi besoin serait hypocrite. Si certains n'ont besoin que de tendresse et qu'ils trouvent satisfaction auprès des masseurs, c'est bien et, je suis d'avis qu'il faille penser à rembourser ce genre de prestations, ne faisons pas semblant de croire que ces personnes ne sont pas en demande sexualité. On n'est pas ici dans le domaine de la morale, mais bien dans des besoins avérés auxquels il faut penser à satisfaire.
    Il n'est pas question de faire de respectables masseurs des prostitués, mais cela ne doit pas amener à fermer la porte à une initiative qui pourrait donner à des personnes qui en ont besoin la satisfaction légitime qu'elles méritent.

    Futé vendredi 2 janvier 2015 16:41
  • J'ai un garçon de bientôt 18 ans, atteint de handicap mental. Il se caresse depuis longtemps, seul dans son lit mais il met très souvent la main dans son pantalon. Cela dérange tout le monde mais aucune alternative ne lui est proposée. S'il avait la possibilité de s'épanouir sexuellement, et donc de jouir (désolée pour les personnes qui seraient choquées par mes mots), ll n'aurait plus la main dans son pantalon toute la journée.
    Au lieu de cela, il se fait punir.

    J'envisage donc de lui "offrir" les services d'une prostituée, mais savez-vous ce que cette démarche représente pour une maman ?

    Et cette personne lui donnera-t-elle la tendresse qu'il demande ? des mots doux ? des caresses ? J'en doute.

    Je n'ai pas envie de retrouver mon fils dans quelques années, dans les faits divers du journal télévisé, annonçant qu'il a violé une jeune fille. Car les frustrer c'est tenter le diable.

    J'attends beaucoup de ces initiatives mais pas pour ses 50 ans.

    Eolienne mercredi 12 août 2015 22:12

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