Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

20% des professionnels de l’aide et des soins envisagent d'arrêter leur métier

03/05/21
20% des professionnels de l'aide et des soins envisagent d'arrêter leur métier

Après un an de crise COVID, les professionnels de l’aide et des soins ressentent toujours, dans une grande à très grande mesure, des symptômes de stress chronique. Ce stress persistant a un impact négatif sur leur bien-être et pourrait avoir un impact négatif sur les soins apportés. 19% des participants envisagent de cesser d’exercer leur métier. Le besoin de support s’avère également élevé. C’est ce qui ressort de la deuxième enquête nationale ‘POWER TO CARE’ de Sciensano et de la KU Leuven, à laquelle ont participé 2.530 professionnels du secteur des soins de santé ainsi que des aidants proches.

Entre le 16 mars 2021 et le 26 mars 2021, 2.530 professionnels de l’aide et des soins et des aidants proches ont complété l’enquête en ligne sondant leur bien-être mental. La pression sur les personnes actives dans le secteur des soins et du bien-être est déjà élevée mais elle augmente encore lors de cette crise COVID. Mesurer leur bien-être est indispensable pour pouvoir donner suite à d’éventuels signaux d’alarme.

 Lire aussi : "Je suis infirmière en milieu hospitalier et je suis en Burn Out"

Stress chronique et aigu

Pour une série de symptômes pouvant être la conséquence d’une pression accrue, les participants ont donné un score de 0 (jamais) à 10 (toujours) pour exprimer la mesure dans laquelle ils ont ressenti ces symptômes la semaine précédant l’enquête. Sciensano a ensuite analysé combien de participants ont donné un score élevé, de 7 ou plus, à ces symptômes. Cette analyse a fait apparaître qu’après un an de crise COVID et après qu’une partie d’entre eux ont (partiellement) été vaccinés, de nombreux professionnels de l’aide et des soins continuent de ressentir fortement les effets de ce stress chronique.

En mars 2021, les collaborateurs du secteur des soins et du bien-être participants ont rapporté les symptômes suivants, conséquence d’un stress chronique, comme étant fortement à très fortement présents (donc, avec un score de 7 ou plus) :

  • sentiment de fatigue (59% des participants)
  • être sous pression (51% des participants)
  • ne pas pouvoir se détendre suffisamment (47% des participants)
  • privation de sommeil (38% des participants)
  • troubles de la concentration (28% des participants).

Ces résultats en matière de stress chronique correspondent en grande partie à ceux de la première enquête ‘POWER TO CARE’ de décembre 2020. La présence de problèmes physiques liés à ce stress chronique reste aussi extrêmement alarmant en mars 2021 :

  • douleurs musculaires et articulaires (36% des participants)
  • maux de tête (29% des participants)
  • problèmes d’estomac (17% des participants).

La présence alarmante de ces symptômes liés au stress chronique, tant chez les répondants de mars 2021 que chez ceux de décembre 2020, pourrait avoir un impact négatif sur la qualité des soins apportés.

Les symptômes suivants, également liés à un stress aigu, étaient aussi fortement à très fortement présents chez les participants en mars 2021 :

  • hypervigilance (32% des participants en mars 2021, 38% en décembre 2020)
  • sentiments d’anxiété (17% des participants en mars 2021, 27% en décembre 2020).

Les deux symptômes de stress aigu et de ‘sentiments d’anxiété’ en particulier, ont été moins rapportés par les répondants de mars 2021 que par ceux de décembre 2020. Le fait qu’une grande partie des professionnels de l’aide et des soins étaient (partiellement) vaccinés en mars 2021 explique probablement cette différence.

 Lire aussi : Témoignage d’une infirmière : "On en prend plein la gueule"

19% des participants envisagent de stopper leur activité

Sur le plan professionnel également, la crise du COVID-19 laisse des traces chez les professionnels de l’aide et des soins. En décembre 2020, 22% envisageaient d’arrêter d’exercer leur métier, contre 10% avant la crise. En mars 2021, ils étaient 19% à envisager de stopper leur activité. 22% des interrogés avaient ‘un sentiment d’isolement’, seulement 56% ont rapporté avoir le sentiment de faire partie d’une équipe. Il est également frappant de constater qu’un an après le début de la crise, à peine 36% des participants affirment pouvoir demander ‘suffisamment de soutien et d’accompagnement’.

La crise du COVID-19 entraîne donc un risque accru de départs.

 Lire aussi : Allez-vous vraiment investir dans la profession infirmière ?

Le besoin de support reste élevé

Le support reçu par les professionnels de l’aide et des soins est également un facteur de protection contre les conséquences d’une exposition à un stress aigu et chronique. L’enquête de mars 2021 nous apprend ce qui suit en ce qui concerne le support :

  • Plus de 60 % des professionnels de l’aide et des soins ont partagé leurs pensées et émotions avec leur partenaire, leurs collègues directs, leurs amis et leur famille dans la semaine précédant l’enquête et ils étaient satisfaits de cette interaction.
  • 34 % seulement des professionnels de l’aide et des soins ont partagé leurs pensées et émotions avec leur chef.
  • Seule une petite minorité a fait appel à son propre médecin généraliste (9%) ou à un psychologue ou à un autre professionnel (7%).
  • Presque la moitié des professionnels de l’aide et des soins a indiqué avoir certainement ou probablement besoin du soutien de son chef. Presque 1 sur 4 veut, à cet effet, certainement ou probablement faire appel à un psychologue ou à un autre professionnel et presque 1 sur 5 à son propre médecin généraliste.

Chez les répondants de décembre 2020, on observait un besoin similaire de soutien pour le futur de la part du chef ou d’un professionnel psychosocial. Le fait que les professionnels de l’aide et des soins sont exposés depuis plus d’un an à un stress chronique a un impact négatif sur leur bien-être et donc éventuellement aussi, sur la qualité de leur travail. Le besoin de support dans le contexte professionnel et en dehors reste donc élevé pour les professionnels de l’aide et de la santé.

 Lire aussi : L’absentéisme du personnel soignant atteint des sommets



Ajouter un commentaire à l'article





« Retour