"Construire avec les naufragés” ou l’histoire du sans-abrisme à Charleroi
Rendre visible l’invisible en explorant la question du sans-abrisme sous l’angle du travail des acteurs de terrain, c’est l’ambition du livre “Construire avec les naufragés” écrit par l’ASBL Comme Chez Nous. On y découvre l’évolution des pratiques d’accueil et d’accompagnement psycho-médico-social auprès des personnes en situation de précarité.
A l’occasion de ses 25 ans, l’association carolo, Comme Chez Nous, publie l’ouvrage “Construire avec les naufragés : un accueilpagnement psycho-médico-social des personnes sans-abri". Coécrit par des travailleurs sociaux, il vise à déconstruire les stéréotypes autour des personnes sans-abris en mettant en valeur le travail accompli par les acteurs de terrain.
« Le travail réalisé auprès des personnes en situation de sans-abrisme est dans l’ensemble invisible et méconnu », selon la directrice de l’ASBL, Sophie Crapez dans un communiqué de presse. « Face à ce constat, nous souhaitions réaliser depuis longtemps un ouvrage qui permette à la fois de mettre en valeur ce qui est fait, mais aussi de l’expliquer, tout en rendant compte de sa complexité. Nous avons la conviction que notre approche dite à « 360° » est à même de contribuer efficacement et durablement à transformer la vie des personnes en situation de sans-abrisme et de très grande précarité. »
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Une symphonie des voix
L’œuvre regroupe différents points de vue liés à la question du sans-abrisme. Pour offrir un témoignage fidèle des travailleurs du social, l’ASBL a fait appel à la plume de l’autrice Lina Fiandaca et du journaliste Didier Albin. A cet effet, ils ont organisé plusieurs rencontres avec les acteurs de terrain. D’autres professionnels de la recherche en droit, sociologie et psychologie ont également contribué au texte en examinant la thématique avec une approche liée à leur domaine d’expertise. Quant à la chercheuse internalisée à Comme Chez Nous, Stéphanie Cassilde, a mis l’accent sur des perspectives souvent peu abordées par manque de temps.
L’ouvrage s’articule autour de trois axes : la présentation du cadre institutionnel, le travail psycho-médico-social réalisé autour des personnes en situation de précarité et une partie consacrée à des sujets plus spécifiques comme l’accueil pendant la crise sanitaire.
Déconstruire l’imaginaire collectif du “clochard”
En présentant des chiffres précis et un portrait nuancé des sans-abris, le livre cherche à déconstruire les clichés autour d’eux. Concernant l’âge par exemple, sur les quelque mille personnes accueillis à Comme Chez Nous en 2019, 10% sont des jeunes entre 18-24 ans, soit le même chiffre que pour les 40-44 ans. La répartition est en fait bien plus égale que ce que l’on imagine : on observe le pourcentage de 10% pour toutes les tranches d’âge sur 5 ans allant de 25 à 49 ans. En outre, certains aspects comme le sexe de la personne sont négligés. Parmi les sans-abris recensés en 2019, 22,2% étaient des femmes, soit un cinquième du total tandis que les parents forment 33,8% du public.
Comme Chez Nous, une approche carolo exemplaire
« Il s’agit de Charleroi. Le Charleroi des associations de terrain et des institutions et organismes publics à vocation sociale. Le Charleroi précurseur dans ses pratiques et innovant en matière d’ingénierie sociale. Le Charleroi de toutes les solidarités, individuelles et collectives », rapporte le communiqué de presse. Fondée en 1995, l’association Comme Chez Nous fonctionne d’abord uniquement avec l’aide de bénévoles. En 2001, grâce au financement octroyé avec la création du relais social de Charleroi, l’ASBL a pu engager des travailleurs et étendre leurs compétences. Aujourd’hui, celle-ci propose 4 services : l’accueil de jour, l’accompagnement en logement, le service d’insertion sociale et des ateliers pédagogiques.
Surnommée le “laboratoire social”, l’organisation réalise 40% des accueils de jour de bas seuil en Wallonie. Ainsi, les méthodes utilisées par ses travailleurs ont fait l’objet d’étude de cas et ont été abordées dans certains chapitres. Forte de ses expériences, l’ASBL est considérée à présent comme une référence européenne.
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