Contrôler les jeunes qui ne touchent pas encore le chômage : "un drame social programmé"

Depuis début février, l’Onem a entamé une bataille contre le chômage des jeunes. L’organisme contrôle les jeunes diplômés avant même qu’ils touchent leurs allocations de chômage. Réactions.
Si le jeune ne fait pas assez d’effort pour trouver un emploi, il ne touchera pas ses allocations de chômage. Tel est le nouveau combat entamé par l’ONEM il y a deux semaines. Un jeune sorti de l’école sera convoqué à l’ONEM après 7 mois de stage d’attente. A moins qu’il n’apporte de bonnes preuves de ses démarches de recherche d’emploi, il n’aura rien. 30.000 jeunes devraient être convoqués. L’objectif, prendre en charge les jeunes au plus vite pour leur éviter de sombrer dans le chômage.
Critiques multiples
Du côté des syndicats, c’est la panique. Selon eux, toucher le public en pleine découverte du monde du travail n’est pas la solution. « C’est un drame social programmé », a indiqué la CSC au quotidien Le Soir. Du côté de la FGTB on indique que « les jeunes concernés n’ont pas de connaissance du marché du travail, ne connaissent pas bien les procédures et exigences de l’ONEM. Il y a donc de grandes chances que bon nombre d’entre eux soient évalués négativement alors que leurs efforts ne sont pas nécessairement insuffisants ».
Ecolo choqué
Du côté Ecolo, on estime que « l’Onem laisse les jeunes à l’abandon ». C’est du moins ce qu’a affirmé Emily Hoyos, co-présidente d’Ecolo, dans le quotidien Le Soir du 5 février. Son postulat est simple : à quoi bon vouloir faire des économies budgétaires en s’attaquant à ceux qui coûtent le moins au chômage. En leur coupant l’herbe sous le pied, « c’est une manière brutale d’envoyer les jeunes aux CPAS et aux pouvoirs locaux. Les CPAS sont le Samu Social du fédéral », a-t-elle ajouté. La co-présidente d’Ecolo propose donc de « donner du sens au stage d’insertion » par la création d’un « contrat-jeune ». Ce contrat donnerait la possibilité de faire un job à mi-temps dans une commune, un CPAS, une maison de repos ou autre domaine « avec une valeur ajoutée sociétale ». Tout cela pendant le stage d’insertion et avec une rémunération minimum.
Donner une chance aux jeunes
Cette proposition (qui fera partie du programme d’Ecolo pour les prochaines élections) devrait coûter 90 millions d’euros au contribuable. Mais d’après Emily Hoyos, l’Etat Fédéral s’en sortirait largement. D’une part car il y aura moins d’allocations d’insertion à payer pour ces jeunes qui trouveront du travail plus facilement et d’autre part, car la « logique de laisser les jeunes sans solutions et de les sanctionner n’est pas normale ».
L’Onem rassure
L’Onem se dit bien au courant de la situation des jeunes et qu’ils mettront tout en œuvre pour contrôler objectivement. « Nos fonctionnaires ont été formés pour que les entretiens se déroulent au mieux », a indiqué Serge Baert, conseiller général à la réglementation chômage et contentieux de l’ONEM au journal Le Soir.
Selon les derniers chiffres d’Actris fin janvier 2014, le taux de chômage à Bruxelles serait de 20.9%. Un taux plus faible que 2013. Quant au taux de chômage des jeunes, il est passé de 32.4% en janvier 2013 à 30.4%.
Sources : Le Soir, du 4 et 5 février 2014
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