Covid-19 : les soignants ont développé moins d’anticorps que prévu

Début mai, 8,4% des professionnels de la santé travaillant dans les hôpitaux belges avaient développé des anticorps contre le coronavirus selon une étude de l’Institut belge de santé Sciensano et de l’Institut de Médecine Tropicale (ITG) à Anvers. Ce chiffre est deux fois plus élevé que celui pour la société civile, à 4.3% mais il reste plus faible que ce qui était attendu par les chercheurs, étant donné l’exposition des soignants au virus.
Ils sont donc environ un professionnel de la santé sur douze à avoir développé des anticorps contre le virus responsable du Covid-19. Si la proportion est deux fois plus faible chez la population adulte saine, les chiffres pour les soignants restent plus faibles qu’anticipés. Laure Mortgat qui a dirigé l’étude explique à ce sujet : « Nous n’avions pas vraiment de statistiques en tête. Nous nous attendions à des chiffres plus élevés car les soignants ont été plus exposés, face à des patients touchés et donc représentaient un public à risque. »
Quant à déterminer les causes de cette différence entre chiffre attendu et chiffre réel, la scientifique dit très clairement que ce n’était pas l’objet de l’étude de répondre à cette question. Mais elle poursuit volontiers : « On peut tous faire des hypothèses. Les professionnels de santé avaient accès à plus d’équipements de protection, ont peut-être mieux respecté les mesures d’hygiènes, bénéficiaient de procédures spécifiques, étaient plus conscientisés… Ici, nous avons obtenu un résultat, puis nous pouvons maintenant générer des hypothèses. C’est comme cela que ça fonctionne. »
En effet, l’objectif de départ de l’étude était simple : mesurer la proportion de soignants touchés par l’épidémie, détecter ses progrès. Par ailleurs, à l’heure actuelle, nul ne sait si ces anticorps protègent efficacement contre la maladie. Raison de plus pour tester les soignants et leur permettre de réaliser leur mission en toute sécurité.
Des tests sérologiques au sein d’hôpitaux bruxellois
Aujourd’hui, le testing fonctionne plutôt bien et de manière harmonieuse. C’est ce que confie Evelyne Magerat, la secrétaire permanente de la CNE. « De manière générale, les règles sont suivies par les institutions hospitalières. S’il y a des symptômes, des tests sont effectués. C’est la même chose en ce qui concerne l’admission de patients, le dépistage est un préalable obligatoire à l’opération. »
Des tests sérologiques ont même été effectués dans deux institutions hospitalières bruxelloises. Rappelons que ces tests se font par prise de sang, afin de déterminer le niveau d’anticorps, et donc de possible immunité des patients. Ici, le but était de rassurer le personnel sur son état d’immunisation. Car l’un des avantages des hôpitaux dans cette crise, c’est qu’ils ont des laboratoires en leur sein. Un problème persiste, pour autant. « C’est la part de secret médical. Les directions ne connaissent pas les causes quand elles reçoivent un arrêt de travail. Seuls les médecins du travail ont la main sur ces données très sensibles. » Par conséquent il est compliqué de compiler des données sur le nombre de soignants touchés par le Covid-19.
C’est pourtant ce que s’emploie à réaliser Fedris, l’Agence fédérale des risques professionnels. Chaque semaine, la structure met à jour ses chiffres. Etant donné que le coronavirus est considéré comme une maladie professionnelle pour les soignants, c’est Fedris qui rembourse les ayants droits. La structure est chargée de l’assurance contre les maladies professionnelles des travailleurs salariés.
A l’heure actuelle, Fedris a enregistré 1.506 déclarations de COVID-19 introduites par des conseillers en prévention-médecins du travail. Par déclaration, on entend que ce sont les médecins qui sollicitent Fedris en les aiguillant vers une personne ayant des symptômes pouvant correspondre au coronavirus.
A titre d’indication, nous pouvons souligner la présence de 82% de femmes dans ce groupe déclaré par la médecine du travail. Par ailleurs, 64% des déclarations sont issues du secteur privé. A cela viennent s’ajouter 181 demandes, faites directement par des employés du secteur, qui ont sollicité Fedris. Des chiffres qui viennent confirmer les risques pris par les soignants durant cette crise, passée en première ligne.
C.D.
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