Déléguer la vaccination : "Un coup de poignard en plus” pour les infirmiers
Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, a pris une décision impopulaire. Dans l’arrêté royal publié le 30 décembre concernant la délégation d’actes infirmiers à des non-infirmiers, il autorise celle de la vaccination contre le Covid-19. Cette mesure, prise sans concertation selon les acteurs de terrain, provoque un tollé d’indignation au sein de la profession.
Le 05 janvier 2021 marque le début de la vaccination contre le Covid-19 à grande échelle en Belgique. Or, le nouvel arrêté royal du 30 décembre 2020 autorise des personnes non formées aux soins infirmiers à préparer et administrer les vaccins. Selon l’association des praticiens de l’art infirmier (ACN), c’est “encore une décision arbitraire, non consensuelle, qui va être ressentie par les infirmier.es comme un coup de poignard supplémentaire de la part du Ministre Vandenbroucke, pour les remercier du travail accompli durant cette année de cauchemar.”
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"Inacceptable”
Le 06 novembre dernier, la loi sur la délégation des actes infirmiers à des personnes non qualifiées avait été votée en urgence à la Chambre. Suite à la demande des associations et de la Commission Technique de l’Art Infirmier (CTAI), le ministre de la Santé avait publié un arrêté qui réduisait la liste des actes à ceux de soins quotidiens et aux moins dangereux. “Nous acceptions même que des non-infirmiers puissent réaliser les dépistages COVID”, pointe l’ACN.
A présent, Frank Vandenbroucke a ajouté dans l’arrêté, sans l’approbation de la CTAI, la possibilité de déléguer la préparation et l’administration des vaccins. Pour les infirmiers, la pilule est dure à avaler : “Ceci est inacceptable car décidé, à nouveau, sans communication ni concertation. Quand serons-nous enfin écoutés et reconnus pour nos qualités professionnelles ?” s’indigne l’ACN.
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Frank Vandenbroucke répond
Le cabinet du ministre de la Santé a rappelé que la délégation des actes est une mesure temporaire qui s’arrêtera en avril et qu’elle n’est pas obligatoire, relate 7sur7. Il déclare également avoir suivi l’avis de la CTAI pour le choix des actes possibles, sauf pour l’administration du vaccin.
Concernant les procédures, il précise que les infirmiers restent à la tête des opérations. “Chaque équipe soignante est dirigée par un infirmier en chef qui détermine quels actes peuvent être confiés à des non-infirmiers. Et ce n’est bien sûr pas n’importe qui qui peut aller aider sur le terrain", explique le cabinet à 7sur7. En ordre de préférence viennent d’abord les infirmiers et les sages-femmes en formation, puis les médecins en formation, les aides-soignants, les autres professions de soins avec un niveau de bachelier, et enfin les étudiants bacheliers dans les professions de soins et le personnel formé non-(para)médical.
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