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Fin des allocations d'insertion : les CPAS wallons font le décompte

21/04/15
Fin des allocations d'insertion : les CPAS wallons font le décompte

Les CPAS wallons ont été amenés à traiter 5.903 dossiers de personnes arrivées en fin de droit aux allocations d’insertion en janvier et février derniers, a communiqué mardi la Fédération des CPAS de Wallonie.

Parmi ces 5.903 demandes, 4.589 ont été acceptées, soit 22,3 % de refus.

1 personne exclue sur 3 a frappé à la porte d’un CPAS

Une comparaison avec les chiffres de l’Onem n’est actuellement possible que pour le mois de janvier, où il ressort que 12.080 personnes sont arrivées en fin de droit en Wallonie. Parmi elles, 3.361 ont frappé aux portes des CPAS wallons (27,8 %), dont 2.729 étaient dans les conditions et ont reçu un revenu d’intégration. Il s’agit ici majoritairement de femmes, fréquemment en charge d’une famille mono parentale ainsi que des jeunes qui cohabitent chez des parents, eux-mêmes peu en mesure de les aider.

Les 72,2% restants n’y ont pas accès ou ont tout simplement disparu des radars. Aucune information n’est actuellement disponible à leur sujet. Ce chiffre noir important interpelle d’ailleurs particulièrement la Fédération des CPAS de Wallonie.

Ce transfert des personnes en fin de droits aux allocations d’insertion vers les CPAS représente non seulement une charge financière importante pour les acteurs de l’action sociale mais également une charge administrative supplémentaire. Cela alors que le personnel en équivalent temps-plein (ETP) dans les CPAS n’a cessé de diminuer ces dernières années, selon des chiffres diffusés ce mardi par la Fédération. Une situation qui oblige certains CPAS à sabrer dans leurs coûts, notamment dans les politiques d’insertion professionnelle.

Des revenus qui se voient réduits de moitié

Entrée en application au 1er janvier 2015, la fin de droit aux allocations d’insertion, signifie pour de nombreux bénéficiaires une perte de revenus importante. La Fédération des CPAS de Wallonie prend ici pour exemple une dame qui percevait jusqu’au 31 décembre 2014 des allocations d’insertion d’un montant de 1105,78 € (taux chef de ménage) et qui vit avec sa maman, elle-même aidée par la GRAPA (Garantie de Revenus aux Personnes âgées), soit 916,48 euros par mois. Les ressources totales de ce ménage s’élevaient donc à 2021,48 € par mois. « Suite à la perte de son allocation d’insertion, Madame ouvre un droit au RI cohabitant, sous déduction d’une partie des ressources de sa maman. Elle a donc droit à 186,26 €/mois. Les ressources actuelles du ménage s’élèvent donc désormais à 1 102,74 € par mois » explique la Fédération des CPAS wallons qui souligne que la perte pour ce ménage est de 918,48 € , soit 45% de revenus en moins qu’un an auparavant.

Le fédéral appelé à contribuer à ces transferts de charges

Dans un tel contexte, la Fédération des CPAS de Wallonie dénonce avec fermeté la duplicité fédérale qui laisse croire à une action efficace de sa part dans la lutte contre le chômage et qui, en réalité, déplace le problème vers les pouvoirs locaux, et les CPAS en particulier.

Dès lors, les centres de l’action sociale appellent le gouvernement à prendre en charge l’intégralité du coût direct, à savoir le revenu d’intégration, et indirect, notamment le personnel et la charge administrative que représentent ces transferts de charges. En outre, la Fédération des CPAS estime que le gouvernement doit renoncer à la législation qui ne permet plus uneallocation d’insertion après l’âge de 25 ans

Au niveau régional, les CPAS revendiquent une aide davantage substantielle dans la politique d’insertion sociale et professionnelle. «  Nous pensons plus particulièrement ici à ce que le gouvernement apporte un subside supérieur dans la mise à l’emploi, tout comme dans la mise en formation. ». Par ailleurs, les représentants des CPAS wallons souhaitent une simplification administrative de l’ensemble des mesures d’activation.

Delphine Hotua



Commentaires - 1 message
  • Prenons du recul :
    quand le fédéral diminue les allocations sociales qu'il prenait en charge, il réalise de très grosses économies...
    Une partie des personnes exclues tombe à charge des CPAS, dernier filet de la sécurité sociale.
    Il s'agit d'un transfert de charge partiel de la fiscalité générale vers la fiscalité communale locale, car seule une partie des allocations versées et de leur frais de gestion sont remboursées par l'état aux CPAS, et le reste est à charge de la commune !
    Les communes ne peuvent plus suivre : le nombre de personnes aidées explose, avec le budget que les communes doivent y consacrer...
    Il aurait pourtant été "normal" que ces transferts de charge vers les CPAS soient assumés à 100% des aides et de leur frais de gestion... car l'état aurait au moins "économisé" en ce qui concerne les chômeurs exclus qui ne se sont pas adressés aux CPAS... (principalement des cohabitants, ou des isolés qui n'habitaient pas en Belgique et qui n'ont pas pu affronter le contrôle de la visite à domicile préalable à l'octroi de toute aide d'un CPAS...).
    Terminons en rappelant que gouverner c'est prévoir, et qu'exclure plus de 10.000 personnes à la même date n'était pas vraiment sympa pour les CPAS, surtout pour un 1er ministre qui se proclame "social".... Le minimum aurait été de diluer sur une plus longue période les fin de droit, pour permettre aux CPAS d'absorber les demandes au lieu de (mal) les traiter dans l'urgence...
    Un article du guide social résume d'ailleurs très bien le problème du financement des CPAS :
    "les cpas, dernier rempart contre la pauvreté, mission impossible: démonstration" (3/12/2021)

    Frankp samedi 28 mai 2022 12:24

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