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Grève au Petit Chateau : "On veut du concret !"

18/10/21
Grève au Petit Chateau :

Ce lundi 18 octobre 2021, le personnel du centre Fedasil du Petit Château de Bruxelles, est en grève. Malgré plusieurs mois de demandes pour une augmentation des recrutements et l’amélioration générale des conditions de travail, toutes sont restées lettres mortes. Les travailleur.se.s ont fait part de leurs inquiétudes et de leur fatigue au GuideSocial.

Après une assemblée générale le 24 septembre 2021, qui faisait part de nombreuses revendications concernant la révision des contrats précaires, les heures supplémentaires, les primes, la gestion des périodes de crises et un meilleur matériel pour le centre d’arrivées Fedasil, les réponses du gouvernement se font toujours attendre. Une vingtaine de personnes en grève était rassemblée devant les portes du centre Fedasil, le Petit Château pour être enfin entendue.

“Arrêtons les contrats précaires ! “

Carina Jiala, secrétaire permanente du syndicat CSC services publics, pointe deux urgences : plus de recrutements et la fin des contrats précaires. “ En décembre 2018, le centre Fedasil le Petit Château est devenu un centre d’arrivées mais les moyens alloués à cette transition n’ont pas suivi. Les infrastructures ne sont pas adaptées et le personnel n’est pas suffisant pour assurer les missions d’un tel centre.” Les recrutements sont sous le joug de contrats précaires allant de 3 à 6 mois pouvant être reconduits jusqu’au dernier jour de contrat.

Des conditions d’embauches trop stressantes pour bien faire son travail et pas assez attractives. La secrétaire permanente du syndicat CSC services publics continue : “ Ce type de contrat ne permet pas d’avoir le temps de faire son travail correctement. Il entraîne trop de turn-over et une mauvaise formation aux exigences particulières que demande un travail au sein d’un centre de réfugiés.

Le manque de personnel entraîne également un manque de temps dans l’exercice des fonctions. “Prenez l’exemple d’une assistante sociale, elle ne peut pas prendre le temps d’écouter les personnes car elle doit enchainer les dossiers. On nous met dans des conditions où le travail ne peut pas être fait correctement.” déplore Carina Jiala. Une travailleuse sociale de Liège venue en soutien au mouvement ajoute : “ Le nombre de demandes fluctue mais ce genre de contrat ne devrait pas être imposé pour autant.

Un travailleur qui exerce depuis plus de 15 ans à Fedasil précise : “ En 2015, les contrats stables ont été remplacés par des contrats précaires pour s’adapter aux crises migratoires. Ces contrats sont trop précaires, c’est donc la politique des ressources humaines que l’on vise. Ils ne permettent pas d’avoir un équilibre entre nos vies professionnelles et privées.

"On travaille pendant nos jours de congé !”

Avec la crise migratoire afghane, de plus en plus de demandes arrivent aux portes du Petit Château, rendant le centre quasi complet aujourd’hui.

La surcharge de travail est devenue insupportable. “On sait quand on arrive mais on ne sait pas quand on repart. On doit traiter toutes les demandes, qu’il y en ait 50 ou 200.” précise Carina Jiala.

Elle dénonce des journées de plus en plus longues et de ne pas pouvoir récupérer les heures supplémentaires par manque de personnel. Le travailleur ajoute “On vient même pendant nos jours de congés pour faire face à la crise ! Il faut savoir s’adapter aux crises, c’est un fait des centres d’arrivées mais pour cela il nous faut des moyens.

 A lire : Coronavirus : l’inquiétude des travailleurs de Fedasil

Insécurité et manque d’hygiène

L’infrastructure même du bâtiment ne permet pas d’accueillir les demandeur.se.s d’asiles dans des conditions de sécurité et d’hygiène. La secrétaire permanente du CSC services publics regrette “un centre qui n’est pas adapté. On a dû utiliser la cantine comme centre de vaccination. Les personnes doivent donc manger dans leurs chambres, ce qui n’est pas hygiénique. Et nos bureaux aussi posent problème. Ils sont beaucoup trop petits.

L’espace non adapté amène au développement de nombreuses tensions engendrant un sentiment d’insécurité. A cela s’ajoute un manque flagrant de dispositifs adéquats aux différentes populations. Le travailleur ajoute : ” On n’a pas les outils pour travailler avec les personnes vulnérables comme les Mineurs Etrangers Non Accompagnés (MENA). Ils se retrouvent avec les adultes et ça, ça n’est pas possible. Ça crée encore plus d’insécurité.

“Merci, ça n’est pas assez, on veut du concret !”

La politique actuellement menée ne permet pas un travail de qualité ce qui joue sur le moral des travailleur.se.s. Au cours de ses 15 ans de carrière, le travailleur de Fedasil a vu émerger des problèmes de santé mentale chez les nouveaux arrivés : “Il y a plein de burn-out chez les jeunes. On se rend compte que la santé mentale est mise en jeu chez les employés. On ne peut pas accepter de telles conditions de travail. Quelle image donne-t-on du monde du travail à ces jeunes ?

Carina Jiala conclut : “ Le personnel est épuisé. Il faut toujours aller plus vite, plus vite. On en peut plus !

 A lire : "Travailler pour Fedasil demande une flexibilité permanente"



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