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Les emplois en Centres PMS spécialisés conservés pour deux nouvelles années… Mais après ?

27/11/23
Les emplois en Centres PMS spécialisés conservés pour deux nouvelles années... Mais après ?

50 à 60 équivalents temps plein ont été menacés, au sein des Centres Psycho-Médicaux-Sociaux spécialisés, à la rentrée de septembre 2023. Une disposition votée par le cabinet de la ministre Caroline Désir a permis de les conserver pour les deux prochaines années. Mais le futur de ces institutions et des élèves concernés demeure sombre avec le nouveau décret des pôles territoriaux. Stéphanie Bertrand, attachée au CGSP Enseignement, nous éclaire sur la situation et nous partage son inquiétude.

Le 1er juin 2023, les Centres Psycho-Médico-Sociaux (CPMS) spécialisés faisaient part de leurs inquiétudes quant à la menace de suppression d’un grand nombre de postes au sein de ces structures emblématiques du secteur. Les causes ? La fin des contrats de renfort COVID et une nouvelle gestion entourant l’intégration des élèves en difficultés au sein des écoles ordinaires.

Après plusieurs interpellations et la disposition votée par le cabinet de la ministre Caroline Désir, les emplois seront finalement maintenus jusqu’en 2025. Une nouvelle en demi-teinte…

Et pour cause : pour Stéphanie Bertrand du CGSP Enseignement, l’avenir s’annonce morose. Quel sera, en effet le futur des postes en CPMS spécialisés ? Et si ces derniers venaient à disparaître les uns après les autres, quelles seraient les répercussions sur les élèves, déjà mis à mal par un manque flagrant de personnel ?

Lire aussi : Fin des contrats de renfort dans les CPMS : « La ministre Désir ne saisit pas à quel point les jeunes vont mal »

« Si les postes sont supprimés, la situation sera intenable »

La nouvelle législation des CPMS de la Belgique francophone menaçait 50 à 60 équivalents temps plein à la rentrée de septembre 2023.

Face à la mobilisation du secteur, une disposition a été votée par la ministre Caroline Désir qui a permis de conserver les emplois pour cette année et la prochaine. « C’était absolument nécessaire de prendre des dispositions. Nous sommes inquiets pour la suite car les différentes raisons à l’origine des suppressions vont s’amplifier. Ce dispositif temporaire devrait être l’occasion de trouver une solution pérenne. Si les postes sont supprimés, la situation sera intenable », alerte Stéphanie Bertrand.

Les différentes raisons qu’elle évoque concernent la fin du renfort de l’encadrement des CPMS spécialisés dans le cadre de la crise sanitaire : « Alors qu’il est nécessaire. Le cadre dans lequel exerce les professionnel.les est déjà étriqué par rapport aux besoins. La perte de moyens est difficilement concevable. »

Et le Pacte d’excellence entre dans la danse…

Mais c’est surtout la réforme du système d’intégration des élèves de l’enseignement spécialisé au sein de l’enseignement ordinaire, dans le cadre du Pacte d’excellence, qui pèse lourd sur l’avenir des CPMS reliés à ces établissements.

Cette réforme prévoit que les pôles territoriaux, structures attachées à une école siège (spécialisée) avec une équipe pluridisciplinaire, soutiennent la mise en place d’aménagements raisonnables au sein des établissement ordinaires : « Ils vont reprendre le rôle des écoles spécialisées au niveau des intégrations dans les écoles ordinaires. Ce qui aura une influence sur le calcul du cadre des CPMS, comme le fait que les réformes vont dans le sens d’orienter moins d’élèves vers l’enseignement spécialisé. Nous comprenons la logique derrière le décret qui est de laisser l’élève le plus possible au sein de l’enseignement ordinaire. En effet, nous observons que plusieurs jeunes sont placés dans le spécialisé, non pas à causes de troubles ou de difficultés mais du fait de leur situation économico-sociale, sur quoi il faut bien évidemment intervenir. Mais où qu’il soit, l’élève qui a un besoin spécifique a besoin d’un suivi psycho-médico-social spécifique, donc d’un encadrement suffisant. Il ne faut pas perdre de vue non plus que le rôle de suivi des agents des CPMS spécialisés a fait ses preuves par son expertise. »

Au bout des cinq prochaines années, l’intégration des élèves sera donc gérée par les pôles territoriaux avec comme résultante moins d’élèves inscrit.es dans le spécialisé. Or, c’est sur la base du nombre de ces inscriptions qu’est calculé l’effectif des professionnel.les nécessaire au sein des CPMS spécialisés.

Lire aussi : Jeunesse : avez-vous déjà pensé à travailler dans un centre PMS ?

La nécessité des CPMS spécialisés

« Les moyens des pôles territoriaux ne sont pas liés au nombre d’élèves qui ont des besoins spécifiques. Nous craignons que les pôle n’aient pas les moyens suffisants pour s’occuper des élèves en difficultés », déplore Stéphanie Bertrand.

Or, des moyens suffisants, c’est ce que demandent depuis de nombreuses années les professionnel.les des CPMS qui observent une dégradation du bien-être mental des élèves : « Dans la situation actuelle, l’encadrement n’est pas suffisant pour couvrir les besoins des élèves. Les conditions sont compliquées : augmentation de la charge de travail, des besoins d’accompagnement, les questionnements sur l’EVRAS, du mal-être, du découragement, des inquiétudes et pour certains le rejet de l’école. Les agents sont particulièrement sollicités face aux difficultés d’apprentissage et aux besoins spécifiques de plus en plus nombreux. Leur rôle est très important dans la prévention et dans une aide de première ligne. Nous revendiquons donc une augmentation de l’encadrement. »

Celle qui évolue au sein de la CGSP Enseignement conclut : « En cette année électorale, nous allons rédiger un mémorandum et espérons la poursuite de la réflexion afin d’éviter des pertes d’emplois et des difficultés encore plus grandes d’encadrement, alors que les besoins sont énormes pour les élèves. C’est une situation paradoxale. On ne peut pas sacrifier la génération future avec le seul argument d’une institution désargentée. J’espère que le politique pourra dépasser cette question et qu’il trouvera de vraies solutions devant ces besoins réels. C’est de la responsabilité de la Fédération Wallonie-Bruxelles ! »

Anaïs Teyssandier



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