Les mineurs de moins de 16 ans interdits de mendier dans les rues de Bruxelles

La mendicité est un débat qui se retrouve souvent au cœur des discussions des instances politiques. Le 12 avril 2022 sonne la fin de la mendicité pour les enfants de moins de 16 ans dans les rues de la ville de Bruxelles. Une décision qui, pour ses défenseurs, poursuit l’objectif d’inscrire ces enfants dans un parcours scolaire et qui pour ses détracteurs, ne fait que déplacer le problème de la paupérisation des populations.
La nouvelle loi votée lors du dernier conseil communal de la Ville de Bruxelles interdit la mendicité des enfants de moins de 16 ans. Une décision qui semble de bonne morale mais qui fait débat concernant sa mise œuvre. D’un côté on justifie cette loi par la remise à la scolarisation des enfants en rue, de l’autre on dénonce un “ nettoyage de classe ” qui par manque de moyens ne permet pas de remplir sa fonction de réinsertion.
Une loi en constante évolution
La mendicité n’est plus un délit en Belgique, depuis 1993. Cependant, le phénomène de pauvreté extrême existe de manière différente en fonction des communes. Ainsi, certaines d’entre elles modifient le règlement général de la police afin de répondre aux problèmes identifiés sur leur territoire ; limiter le nombre de mendiants par axes commerçants à 4 ou interdire la mendicité dans le centre-ville pendant trois mois par exemple.
En 2005, la loi du 10 août modifiait diverses dispositions en vue de renforcer la lutte contre la traite, le trafic d’êtres humains et contre les marchands de sommeil. Deux articles ont été insérés dans le Code pénal afin de réprimer l’éventuelle exploitation des enfants rendant possible de poursuivre les personnes mendiant avec des enfants, mais pas dans le cas où elles mendient avec leurs propres enfants.
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Déplacer le problème au lieu de le régler ?
La nouvelle loi du 12 avril 2022 a été voté dans un objectif de rescolarisation des enfants en rue et de lutte contre la pauvreté. L’inspecteur de police, Chris Vandenhaute, défend cette position auprès de BX1 en déclarant : “Ces enfants doivent aller à l’école, apprendre à lire et à écrire pour ne pas avoir à faire la même chose que leurs parents“.
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Cependant, les associations qui agissent auprès des publics précaires ne le voient pas de cet œil. Pour le Samusocial, c’est une invisibilisation qui risque de se produire et/ou le déplacement de ces populations vers d’autres communes où la loi ne s’applique pas. Laurent d’Ursel coordinateur de DoucheFLUX(asbl qui offre aux personnes les plus démunies des services de première nécessité) estime que cette nouvelle législation ne va pas aider à combattre la pauvreté mais renforce “une opération de nettoyage” dont l’objectif est d’éloigner la misère toujours plus présente dans les rues bruxelloises. Bien sûr, l’idée ici n’est pas d’accepter que les enfants restent en rue mais de mettre à jour le manque de moyens psycho-sociaux octroyés dans le cadre de ce nouveau règlement.
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Le coordinateur précise pour BX1 que DoucheFlux et d’autres associations vont lancer “une interpellation au conseil communal”.
A. Teyssandier
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