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Maltraitance des seniors : quelles solutions pour les professionnels ?

13/11/20
Maltraitance des seniors : quelles solutions pour les professionnels ?

Quels sont les obstacles à la détection de maltraitance envers les personnes âgées et quelles sont les pistes pour lutter contre ces sévices ? En tant que professionnels de la santé ou du social, comment prendre en charge une victime ? Le Centre fédéral d’Expertise des Soins de Santé livre une série de réponses.

La maltraitance envers les personnes âgées est un phénomène peu reconnu. Ce genre d’incidents se produit notamment dans les secteurs de soins et d’aide sociale. Le Centre fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) a alors tenté de déterminer les obstacles à la détection de ce type de violence et d’apporter des solutions à cette problématique. Dans un rapport approfondi, il propose notamment un plan d’action pour guider les professionnels en contact avec des personnes séniles en cas de suspicion de maltraitance.

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Un problème sous-estimé

La question de la maltraitance envers les seniors est largement sous-estimée. Les chiffres de l’OMS le prouvent : 1 personne de 60 ans ou plus sur 6 dans le monde en serait victime mais seul 1 cas sur 24 serait signalé. Par ailleurs, il n’y a pas de chiffres précis en Belgique car diverses instances peuvent recevoir des signalements de cas. Cette multiplicité complique donc l’établissement de statistiques complètes.

Quand les soins “déraillent”

Les aidants proches, dont le statut est aujourd’hui reconnu, se consacrent corps et âme à l’accompagnement de leur proche, parfois jusqu’à négliger leur propre santé. Ce surmenage risque de mener à une relation de maltraitance. Cette forme d’oppression, souvent involontaire, s’appelle « derailed care » en anglais (littéralement ‘des soins sortis des rails’).

Selon certaines estimations, 15% des aidants proches exténués en arrivent à du derailed care. Pour éviter ces situations, il est fondamental d’oser en parler et de renforcer les mesures de soutien aux accompagnateurs (aide financière, psychologique, moment de répit...)

En raison d’un manque d’un manque de temps, de moyens ou de personnel, les soins prodigués aux seniors dans les maisons de repos peuvent également se transformer en violence institutionnelle.

 [A lire] : COVID-19 et handicap de grande dépendance : les aidants proches payent le prix fort

Les obstacles à la détection

Il existe plusieurs freins à la détection de la maltraitance car celle-ci prend diverses formes (négligence ou violence physique, psychologique, financière...) et se produit dans différents contextes et dans des circonstances inattendues comme les maisons de repos, les soins à domicile ou en famille. Il faut être attentif aux risques liés à la victime (besoin aigu d’aide, isolement...) mais aussi à l’auteur (surmenage, addictions...) Enfin, en général, les victimes n’osent pas se manifester par honte, par peur de briser la confiance d’autrui ou par crainte des représailles.

Une prise en charge défaillante

La prise en charge de la victime est compliquée car elle requiert l’expertise de spécialistes issus de différents secteurs comme celui de la santé, de l’aide sociale et de la police. Or, il y a un manque de communication entre eux. De plus, selon l’étude menée par le KCE auprès des travailleurs de l’aide, de la santé, de la justice et de la police, les répondants déclarent manquer d’outils efficaces et ne pas être assez formés. La divergence dans l’interprétation du concept de secret professionnel paralyse aussi la collaboration entre acteurs et secteurs.

Un plan d’action

Le KCE a élaboré un plan d’action pour guider les acteurs de l’aide et de soins dans la procédure à suivre en cas de suspicion de maltraitance. Ce plan général est adaptable aux spécificités locales des professionnels (ex : possibilité d’ajouter les coordonnées de la police locale). Le KCE recommande l’adoption obligatoire de ce plan à toute organisation des secteurs de la santé ou de l’aide sociale. En annexe à ce plan se trouvent aussi des outils de détection à ce genre d’incidents. Ces outils ont un rôle de prévention et de sensibilisation.

La formation des intervenants

Jusqu’à présent, il existe encore peu de formations à la lutte contre la maltraitance envers les seniors. Selon le KCE, toute formation pour les acteurs de terrain en contact avec une personne âgée devrait inclure cette thématique et l’idéal serait de proposer une formation conjointe aux professionnels de différents secteurs afin de favoriser la coopération.

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Une meilleure connaissance des lois

Les intervenants ne sont pas assez informés des lois contre la maltraitance. Par ignorance des répercussions, beaucoup hésitent à signaler un cas de maltraitance car ils craignent un jugement trop sévère pour l’auteur des faits. En réalité, il existe diverses solutions, pas uniquement punitives, comme la médiation ou les mesures de protection contre l’abus financier. Ainsi, une meilleure connaissance des lois encouragerait le signalement des cas. Enfin, pour le KCE, les travailleurs feraient plus souvent appel à des services d’aides si les limites du secret professionnel étaient mieux définies.



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