Non-Marchand : manifestation le 7 novembre
Dégradation des conditions de travail, manque de personnel et peu de considération du gouvernement : face à ces constats, le Non-Marchand manifeste en front commun à Bruxelles. Le Guide Social fait le point avec Carine Rosteleur, Secrétaire Régionale CGSP ALR Bruxelles.
« En tant que ministre de la Santé publique, j’estime qu’il est de ma responsabilité que les hôpitaux puissent fournir des soins de qualité, dans les meilleures conditions, et d’une manière financièrement saine. Et ces soins de qualité doivent être accessibles et abordables pour tous les patients. »
Cet extrait d’un discours de Frank Vandenbroucke a été prononcé en novembre 2023, à l’occasion de l’annonce annuelle des résultats de l’analyse financière -effectuée par Belfius- des hôpitaux généraux belges. Le ministre de la Santé y dressait également une liste de priorités liées au défi financier, aux réformes nécessaires ou encore aux défis liés au personnel.
Pour autant, ces bonnes intentions ne se perçoivent que très peu sur le terrain, d’où la mobilisation de grande ampleur décidée pour ce 7 novembre et qui vise à interpeller les gouvernements en cours de formation (ou qui viennent de se former) sur les enjeux cruciaux concernant l’attractivité et la tenabilité des métiers du lien, du soin et du care ainsi que leur financement et les conséquences que ces aspects entraînent sur la population. La décision de manifester, prise en front commun, est le résultat d’un long dialogue infructueux avec les autorités concernées, comme l’explique Carine Rosteleur, Secrétaire Régionale CGSP ALR Bruxelles : « Ces quatre dernières années, les négociations avec le ministre fédéral de la Santé n’ont pas mené à grand-chose, malgré l’urgence et la situation catastrophique des soins de santé et du secteur social / santé. »
Un constat récurrent
Réuni cet été, le front commun syndical a donc constaté que, quelle que soit l’évolution des négociations gouvernementales, avec la désignation ou pas d’un nouveau ministre fédéral de la Santé, la situation restait des plus préoccupantes. « Les conditions de travail sont de plus en plus précaires, les pénuries s’aggravent, les institutions de soins -tant régionales que fédérales- sont de moins en moins correctement financées. Avec pour conséquence de pousser les directions à recourir de plus en plus à des services privés. C’est le résultat d’un sous-financement structurel que nous dénonçons depuis plusieurs années », souligne la syndicaliste.
En juin 2020, en pleine crise du Covid, les organisations syndicales avaient déposé en front commun leur cahier de revendications auprès des différents pouvoirs subsidiants. « Un des points essentiels sur lequel nous estimions qu’il fallait agir de manière urgente et efficace était de renormer les équipes et réviser les normes d’encadrement obsolètes qui définissent les financements. Or, jusqu’à aujourd’hui, aucun ministre n’a affronté cette problématique. Le secteur pallie donc aux manques comme il le peut, ce qui revient en quelque sorte à mettre un sparadrap sur une fracture, alors que ce sous-financement structurel augmente les cadences et met la pression sur les institutions afin qu’elles soient de plus en plus rentables. »
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Encourager les vocations
« Parallèlement, nous avions demandé le développement d’une campagne d’information de grande envergure à destination du public, afin d’encourager les étudiants à s’engager dans des fonctions et métiers en pénurie dans le secteur de la santé. De telles campagnes avaient vu le jour dans les secteurs de la Défense et de la police, mais nous n’avons pas obtenu satisfaction. Conséquence : il y a de moins en moins d’élèves dans les écoles, de plus en plus d’abandons dans le secteur et donc cette pénurie nous frappe de plein fouet », regrette Carine Rosteleur.
Or, de telles campagnes semblent porter leurs fruits. Ainsi, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder se réjouissait-elle début septembre 2024 du fait que « cette année, la Défense a déjà reçu 2083 candidatures au statut de réserviste, soit 68 % de plus qu’il y a un an. » Un succès du « aux campagnes de recrutement et à la visibilité de la Défense en rue », estimait une responsable du service de recrutement.
Les travailleurs de la santé étaient donc demandeurs d’une mobilisation afin de dénoncer leur situation. En mars et en avril 2024, deux manifestations du secteur infirmier avaient déjà été organisées par les associations professionnelles afin de marquer leur ferme opposition à la législation autour du statut d’assistant en soins infirmiers.
Pour Carine Rosteleur, le but de cette législation est clair : « Le vrai projet est de remplacer progressivement les brevetés par des assistants en soins infirmiers, moins bien rémunérés et avec une formation moins poussée. Or, le travail dans les hôpitaux est par essence spécialisé et est devenu de plus en plus technique au fil des années. Le risque de la nouvelle législation est donc que, à l’avenir, des soignants spécialisés moins nombreux devront assumer toutes les responsabilités face à des collègues moins bien formés, avec la charge mentale d’autant plus accrue qui en résultera. »
Propos recueillis par O.C.
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