Nouveaux changements pour les psychothérapeutes ?
Depuis plus d’un an, les psychothérapeutes se réjouissaient de la reconnaissance d’un nouveau statut, censé entrer en vigueur en septembre 2016. Maggie De Block va-t-elle bousculer – une nouvelle fois – l’agenda ?
La Ministre de la Santé remettrait en cause la loi cadrant la profession de psychothérapeute, censée entrer en vigueur en septembre 2016. Ce sont nos confrères de La Libre qui l’ont annoncé, repris hier par l’Avenir : La loi Muylle d’avril 2014 ayant accouché dans la douleur, après plus d’une décennie de débats et suite aux démarches de Laurette Onkelinx, qui souhaitait « lutter contre les charlatans » dans la profession.
C’est reparti pour un tour ?
Le secteur semblait pourtant majoritairement satisfait de cette loi, à minima parce qu’elle définissait un cadre plus clair, protégeait à la fois le public et les professionnels. A ce stade, il fallait encore qu’un conseil fédéral de la psychothérapie se mette en place afin de conseiller la Ministre, en vue « d’affiner » le dispositif d’application de la loi. Mais celui-ci risque de ne jamais voir le jour. Et la marche arrière annoncée risque d’en frustrer plus d’un ! "Maggie De Block est mal informée. Si nous avons mis 15 ans pour enfin aboutir à une loi, c’est parce qu’il faut à chaque fois recommencer à zéro pour faire comprendre les champs d’application de la psychothérapie", s’inquiète Paul Kestemont vice-président de l’Association belge des psychothérapeutes (ABP/BVP), dans le journal l’Avenir.
Etre ou ne pas être un bon praticien
La crainte du secteur se porte aussi sur l’éternelle discussion relative à la (sur)valorisation des connaissances universitaires (position de la Ministre, semble-t-il) par rapport aux qualités requises pour exercer ce métier. En d’autres mots, un certain nombre de praticiens estiment que l’on peut réglementer aussi sévèrement que l’on veut l’accès à la profession, notamment par l’imposition d’un cursus universitaire, cela ne permettra pas d’éliminer les mauvais praticiens ou tous les « charlatans » au sein du secteur. L’expérience et les qualités humaines du praticien ne seraient pas assez valorisées !
Ne pas médicaliser
L’objet du débat actuel porte également sur le fait que la Ministre exigerait le passage du patient devant un médecin ou un psychologue, pour pouvoir entreprendre une psychothérapie. Pour un certain nombre de patients, c’est déjà difficile de pousser la porte d’un psychothérapeute, placer des intermédiaires sur leur chemin, risque de les dissuader d’entreprendre une telle démarche. De plus, les psychothérapeutes ne sont pas en faveur d’un parcours trop médicalisé, mais plutôt de conserver une approche individualisée et humaine de leur métier, donc difficilement catégorisable. Ils craignent peut-être aussi de perdre une autonomie qu’ils pensaient acquise et pour laquelle ils se sont âprement battus ?
Sandra Evrard
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