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Projets à la pelle pour l’ASBL Racynes : l’envie d’un autre monde…

12/11/21
Projets à la pelle pour l'ASBL Racynes : l'envie d'un autre monde...

Comme nous avons pu le voir dans la première partie, l’asbl Racynes lutte contre toutes formes d’exclusion sociale. Cependant, cette dernière revêt tout un ensemble de costumes et s’immisce dans bon nombre de pans de vie. La sensibilité aux dynamiques sociales environnantes dont fait preuve l’équipe de Racynes a mené cette asbl à multiplier ses services. Son directeur, Alexandre Carlier, nous présente l’ensemble de ces projets et ceux en devenir.

Constater les dynamiques sociales, identifier les demandes de la population font fleurir les projets les uns après les autres. Mais les rencontres et les opportunités sont également sources de nouveaux projets. C’est le cas pour la création de l’épicerie sociale. Alexandre nous raconte : “En 2015, le Delhaize, qui est à côté d’ici, voulait donner ses invendus. En même temps, l’équipe d’un nouveau magasin bio a inscrit dans sa convention de départ, l’idée de donner les invendus à une structure sociale. Grâce à ces opportunités, on a créé une épicerie sociale.

Mais l’équipe de Racynes n’a pas souhaité se limiter à une simple distribution de denrées alimentaires mais bien poursuivre dans son idée de faire participer les personnes, de les rendre autonomes, acteur.rice.s de leur vie. Ainsi, une épicerie sociale est sortie de terre avec ses rayons légumes, ses congélateurs, son espace boulangerie et même ses produits en vrac. “Les gens payent deux euros, font leur marché et repartent avec un panier bien rempli. On a plus d’un millier d’inscrits maintenant, donc sur les trois jours où est ouvert l’épicerie, on a presque 400 personnes qui viennent. On a eu un agrément comme épicerie sociale et comme IDS, dans le cadre d’un magasin social ce qui nous a permis de créer quatre emplois.

 Lire aussi : Portrait de l’Asbl Racynes, actrice de l’insertion sociale

Des cours FLE et un accueil bébés

Ce nouveau lieu de socialisation a été l’occasion de voir une population au parcours migratoire et des primo-arrivants fréquenter l’épicerie. Ce public avait également une demande : apprendre le français.

Il n’en fallait pas plus pour que des cours de FLE soient organisés, accompagnés d’un accueil bébés afin de permettre aux parents de se rendre aux cours et/ou de faire leurs courses à l’épicerie.

Promouvoir la mobilité douce et reboiser les sols

Toujours dans une dynamique de transition écologique, l’équipe de Racynes s’est penchée sur la question de la mobilité douce, à savoir non polluante. Pour se faire, un atelier de réparation et de vente de vélos a été mis en place.

Pour être en phase totale avec le message porté, des aménagements ont été réalisés afin de favoriser l’emprunt du vélo pour se rendre à la ferme. “Sur les 21 travailleurs, il y en a six ou sept qui viennent à vélo. Donc, on essaye d’encourager ça en construisant un espace pour ranger les vélos, les recharger s’il le faut, avoir une douche, mettre une pompe accessible aussi au public extérieur...

Enfin, en partenariat avec une association de reboisement, 1.800 arbres vont être plantés juste derrière la ferme et ce avec la participation des membres de la structure.

L’équipe professionnelle

A force de nouveaux services, l’équipe professionnelle s’est agrandie et compte aujourd’hui 21 travailleurs. La plupart des travailleur.se.s sont des éducateur.trice.s,
des assistant.e.s sociaux.les mais on y croise aussi des psychologues et une graphiste à qui s’ajoute une équipe logistique qui fait fonctionner l’épicerie sociale. L’important ici est d’avoir des casquettes de compétences autant sociales que manuelles afin de pouvoir proposer des activités.

On retrouve José, derrière le comptoir du restaurant en train de choisir quelle musique va ambiancer les gens. “Je suis employé depuis mars en article 60. Je suis chargé de logistique des bâtiments et principalement des véhicules. Je les contrôle et les entretiens. Je fais également les tournées dans les grandes surfaces pour les invendus. Sinon, je suis de temps en temps au restaurant social aussi. Je l’ambiance avec ma musique !

La dynamique est donc différente du début et sa petite équipe. Mais l’asbl Racynes recherche à “garder l’idée de départ, de rester relativement bas seuil. Que ça soit facile de venir ici, qu’on puisse proposer un café, qu’on puisse écouter la demande. On souhaite rester dans cette proximité là des gens. Ce petit lieu de vie, j’ai l’impression que les gens s’y sentent bien. Il est important pour nous que les gens puissent participer aux projets. Quand on construit de nouveaux espaces, les gens y participent et je pense qu’ils le sentent et que ça joue dans le fait de s’y sentir bien.” précise Alexandre Carlier.

Les conditions d’accès

Pour accéder à l’ensemble de ces services, l’équipe de Racynes ne souhaite pas jouer la police mais privilégie la communication. “On ne demande pas de papiers, de fiches de revenus...on travaille plus sur base d’une anamnèse, donc une petite rencontre avec la personne qui nous explique pourquoi elle se trouve dans une situation où elle a besoin d’aide alimentaire. On se rend compte qu’une fois sur trois, la personne arrive et elle pleure car c’est tellement difficile de faire le pas d’aller demander de l’aide. Donc, on ne veut pas compliquer en demandant toute une série d’autres documents.” poursuit-il.

La seule autre limite d’accès est la distance à parcourir pour se rendre sur le lieu. Toujours dans un souci d’écologie, de transition, le public “accepté” doit provenir des communes limitrophes. Le directeur ajoute : ” On a eu des demandes qui venaient de plus loin et on trouvait que ça n’avait pas de sens avec notre idée de transition écologique, de faire 50 km pour venir à l’épicerie sociale.

Les projets futurs

La réputation du lieu en séduit de plus en plus : “ Les retours sont plutôt positifs. Surtout depuis qu’on parle beaucoup de la transition écologique. Tout ce qu’on propose depuis 10 – 15 ans est en phase avec ce que beaucoup de gens ont envie de proposer. On attire pas mal de personnes qui ont envie d’un autre monde et qui voit cela possible chez nous.

Et comme on peut s’y attendre, la ferme d’Oupeye a encore une multitude de projets en réserve, en particulier devenir un lieu zéro plastique.

Il faut cependant faire attention de ne pas trahir l’ADN de l’asbl, ce qui peut être compliqué avec l’adhésion de plus en plus de personnes. Mais, le directeur nous précise qu’” avec le conseil d’administration, on fixe des balises. On se dit que l’on peut développer des activités qui restent dans notre champ d’actions. Par exemple, on nous a déjà dit qu’on devrait proposer des stages payants ce qui ne nous semble pas être en adéquation avec notre valeur de lutter contre toute formes d’exclusions sociales.

A. Teyssandier



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