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Rapport d’Amnesty : le personnel des homes abandonné à leur sort

08/12/20
Rapport d'Amnesty: le personnel des homes abandonné à leur sort

Le manque d’expertise et de préparation à la pandémie ainsi que la capacité limitée du matériel de protection et de dépistage ont contribué à la souffrance du personnel des maisons de repos pendant la première vague. C’est ce qui ressort d’une enquête d’Amnesty International.

[DOSSIER]
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Le 16 novembre, Amnesty International a publié un rapport intitulé Les maisons de repos dans l’angle mort. Les droits humains des personnes âgées pendant la pandémie de COVID-19 en Belgique. L’étude dénonce une série de violations des droits humains subies par les résidents des maisons de repos (et de soins) (MR/MRS) de mars à octobre 2020 ainsi que l’échec des mesures politiques pour protéger le personnel et les personnes âgées.

« Malgré les risques évidents, et bien qu’elles en aient eu conscience, nos autorités ont échoué à mettre en place des mesures rapides et suffisantes pour protéger non seulement les résident.e.s, mais aussi le personnel des MR/MRS, lequel a réalisé et continue de réaliser un travail crucial dans des conditions très pénibles », déclare Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

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Un système de soins défaillant

Les lacunes structurelles comme le sous-financement, le manque de travailleurs et la fragmentation du système de soins pointées du doigt depuis des années ont contribué au désastre qui s’est produit dans les maisons de repos, explique Amnesty. Celles-ci, comme les hôpitaux, ont donc dû faire face à la pandémie avec un personnel en sous-effectif et un financement insuffisant.

Un manque de préparation

Selon le rapport, les maisons de repos n’étaient pas assez préparées à affronter la pandémie. Toutes les maisons de repos ne disposaient pas de plans d’interventions en cas d’épidémie. De plus, l’ONG explique que ces plans et protocoles n’étaient pas suffisants pour répondre à une crise sanitaire d’une telle ampleur. Ainsi, la capacité des soins s’est considérablement amoindrie au début de la pandémie à cause d’un personnel submergé par la charge de travail.

Des exigences excessives pour le personnel

Bien que l’aspect médical ait une place prépondérante dans les maisons de repos, le rôle premier des travailleurs est la qualité de vie et le bien-être des personnes âgées. Or, pendant cette crise, les soignants ont dû prodiguer des soins qu’en temps normal, ils auraient délégué aux hôpitaux, rapporte l’organisation. Selon celle-ci, les infirmiers n’étaient souvent pas assez formés dans les matières de sécurité et d’hygiène. Des institutions externes comme Médecins sans frontières leur sont venues en aide mais toutes les MR/ MRS n’ont pas reçu de soutien.

En outre, les directives peu claires et imprécises du gouvernement ont compliqué les soins. « À un certain moment, le personnel pleurait dans les couloirs », a déclaré le directeur d’une maison de repos à Amnesty International.

Priorités aux hôpitaux en matière de protection

Selon l’enquête, la priorité a été accordée à la protection du personnel hospitalier, notamment au niveau de la mise à disposition des équipements de protection individuelle (EPI) et aux opérations de dépistage. Alors que l’épidémie se propageait, les employés des MR/MRS ont dû travailler sans matériel de protection adéquat : « Pour de nombreux employés, il était douloureux de voir le matériel dont ils devaient se contenter, alors que le personnel hospitalier était enveloppé dans des EPI pour entrer dans les chambres “covid” », a déclaré Iris Demol, de l’organisation faîtière VVSG, à Amnesty International.

De même, le test de dépistage des travailleurs des maisons de repos n’était pas la priorité du gouvernement, indique l’ONG : « Alors que le secteur le réclamait de façon urgente depuis mars, la possibilité de se faire tester régulièrement n’a été possible pour les membres du personnel des MR/MRS qu’en août 2020, avec un maximum d’un test par mois », explique Philippe Hensmans.

Comme le personnel asymptomatique contaminé a continué de travailler, la propagation du virus s’est encore accélérée. L’impossibilité de se faire tester a provoqué énormément d’angoisse aux travailleurs qui craignaient de contaminer les résidents et leurs collègues : « Parmi le personnel, le sentiment d’impuissance et de désespoir, l’anxiété, la panique, la tristesse, la culpabilité et la colère ont été les symptômes liés à la crise les plus observés », cite l’institution internationale.

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