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Travailleur social et Covid-19 : “Le besoin de souffler”

04/12/20
Travailleur social et Covid-19 :

Fatigue, crainte de la contamination, inquiétude vis-à-vis des usagers... Dans les centres d’accueil pour personnes précarisées, les travailleurs sociaux auront eu leur dose d’émotions au cours de ces derniers mois. Néanmoins, l’entraide au sein des équipes n’a pas disparu pour autant. Le Guide Social a mené l’enquête.

C’est avec ténacité et passion que les travailleurs sociaux exercent leur métier, mais la situation actuelle des personnes vulnérables pourrait en décourager plus d’un. Ils sont aujourd’hui épuisés, inquiets et angoissés. Cependant, malgré les difficultés qui les guettent, ils ne perdent pas espoir. La crise aura mis en lumière toute la solidarité qui existe autour des personnes précarisées.

 [A lire] : SDF : l’impact du Covid-19 sur le rôle des centres d’accueil

“Une fatigue émotionnelle et psychologique”

La crise sanitaire a exacerbé la précarité de la population. Ainsi, tout comme le personnel de la santé, les travailleurs sociaux se sont retrouvés en première ligne dans cette lutte contre le virus pour venir en aide aux plus défavorisés. De ces épreuves, ils en ressortent épuisés : “On ressent avec cette année particulière une fatigue émotionnelle et psychologique. Il y a un besoin de pouvoir souffler.”, explique le directeur du centre d’hébergement bruxellois Pierre d’angle. Afin de maintenir la motivation de son équipe, le directeur organise des réunions pour donner la place aux témoignages. Cependant, pour lui, “c’est loin de suffire, il faudra prendre un moment en compte cette souffrance émotionnelle.”

Le moral au plus bas

Les travailleurs, impuissants face à la misère grandissante, en sont accablés : “Même si le professionnalisme est toujours au rendez-vous, le moral et l’énergie de tous sont particulièrement touchés”, déplore Lila Derrouaz, assistante sociale dans la maison d’accueil Escale située à Bruxelles.“Les travailleurs se sont adaptés à la situation, mais le regret de l’époque pré-covid 19 est unanime”, ajoute Sacha Peiffer, éducateur spécialisé au centre de jour bruxellois Jamais sans Toit.

L’angoisse de la contamination

Outre la fatigue mentale, il y a également la crainte d’être contaminé et de contaminer autrui : “Certains travailleurs et travailleuses ont dû surmonter une peur légitime liée à la crise sanitaire et aux contacts inévitables que suppose ce genre de travail”, explique Sacha Peiffer. Toutefois, comme l’explique l’assistance sociale Xuan Nguyen de l’ASBL bruxelloise Nativitas, “on doit protéger les autres, les bénévoles et le public. On est responsable.” Le directeur de Pierre d’angle ajoute que “malgré tout, il fallait continuer à accueillir les usagers.”

"On est inquiet”

En pleine deuxième vague, l’inquiétude règne. Les travailleurs sociaux sont préoccupés par la situation des personnes sans-abris. Avec les règles sanitaires, cette année s’annonce plus que difficile pour eux : “En temps normal, les structures d’accueil n’ont pas la capacité d’accueillir la totalité de la population fragilisée et vivant dans la rue. Avec les limitations que nous connaissons actuellement, il est certain qu’un nombre record de personnes aura à souffrir du froid, faute de moyens pour loger tout le monde, de jour comme de nuit”, se désole Sacha Peiffer de Jamais sans Toit. L’incertitude concernant l’évolution de l’épidémie renforce l’anxiété des équipes : “On est en attente de savoir ce qui va arriver demain. C’est vraiment encore le flou. On est inquiet. C’est une sorte de stand-by.”

“Il y a un formidable élan d’amour”

Malgré les angoisses et les difficultés liées au virus, les associations constatent qu’avec cette crise sanitaire, l’entraide entre les travailleurs et bénévoles ainsi que la solidarité envers les personnes fragilisées se sont plus que jamais affirmées. “C’est de la solidarité plus plus plus. Tout le monde s’est serré les coudes. C’était vraiment quelque chose qui était marquant. C’était une solidarité qui se voyait et qui se ressentait. C’était vraiment quelque chose de positif”, affirme le directeur de Pierre d’angle. Xuan Nguyen de Nativitas porte le même avis : “Je crois qu’il y a un formidable élan d’amour, d’affection vis-à-vis des gens parce que nous, on voit bien qu’on est privilégié. C’est comme ça que les bénévoles viennent, avec cet état d’esprit, cet esprit de partage et de solidarité.”

Ainsi, les bénévoles et les travailleurs du secteur social consacrent toute leur énergie pour apporter un peu de réconfort aux plus faibles. “On veut vraiment être à côté des gens qui sont défavorisés, dans la rue, qui ne savent même pas se confiner. On est une petite structure mais on veut vraiment être à côté de ces gens-là. Et c’est ça qui nous motive, qui nous donne de l’énergie pour continuer”, conclut Xuan Nguyen.

 [A lire] : ASBL Macadam : un nouveau centre d’accueil pour les jeunes SDF



Commentaires - 1 message
  • La Ligue Bruxelloise pour la Sante Mentale organise des intervisions pour ces travailleurs sociaux. Infos et inscriptions sur le site de la LBSM.

    De Ridder Pascale jeudi 10 décembre 2020 11:35

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