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Energie : le rôle des travailleurs sociaux

07/02/18
Energie : le rôle des travailleurs sociaux

En Belgique, un ménage sur cinq est touché par la précarité énergétique. Les travailleurs sociaux sont fréquemment amenés à rencontrer des personnes qui ont du mal à payer leur facture d’électricité et de gaz ou, au contraire, s’obligent à consommer moins que leurs besoins. D’où l’importance de les sensibiliser et les former pour accompagner au mieux ces ménages.

Si la précarité énergétique ne concerne pas uniquement les ménages pauvres, ces derniers sont particulièrement exposés. Les raisons sont multiples : revenus limités, logement mal isolé, installation vieillissante et donc gourmande en énergie, incompréhension des factures et du contrat… À ce titre, le travailleur social peut jouer un rôle primordial.

Un accompagnement adéquat

Dans sa dernière publication, le Forum bruxellois contre les inégalités met justement en lumière la question de l’accompagnement des ménages en proie à la précarité énergétique. “L’accompagnement à domicile est essentiel. En se rendant à domicile, le travailleur social peut dépasser l’action curative et aider le ménage à comprendre et réduire sa consommation, identifier les dysfonctionnements techniques éventuels ou améliorer son confort.”, écrivent les auteurs François Grévisse (coordinateur du Centre d’appui SocialEnergie) et Anne Delvaux (coordinatrice du secteur endettement-énergie au CPAS de Saint-Gilles).

Il faut, pour cela, que le travailleur social ait une bonne connaissance du marché de l’énergie, qui s’est libéralisé (et donc complexifié également) en 2007. Parfois, conseiller à un ménage de changer de formule ou de fournisseur peut déjà soulager en partie son budget. Dans les cas les plus difficiles, il faut aussi informer les ménages de leurs droits et des aides auxquelles ils peuvent prétendre. “Ces mesures sociales demeurent méconnues du public et parfois également des travailleurs sociaux”, constatent François Grévisse et Anne Delvaux. “Le non-recours aux mécanismes de protection sociale est fréquent.

Car à l’heure actuelle, même si le phénomène est de plus en plus reconnu, les travailleurs sociaux en général ont du mal à s’emparer pleinement de la précarité énergétique. François Grévisse identifie deux raisons principales à cela. D’une part, il constate que “les travailleurs sont assez mal outillés, car la précarité énergétique est à la frontière entre l’administratif, le juridique et le technique”. Le problème nécessite donc un spectre de connaissances et d’expertise élargi. “Il y a aussi un problème de temps. C’est une question qui nécessite de recueillir beaucoup de données, des visites à domicile, des vérifications… Du temps que malheureusement les travailleurs n’ont pas toujours.

Des ressources pour les travailleurs sociaux

Dès lors, comment les travailleurs sociaux peuvent-ils se saisir au mieux de la problématique de la précarité énergétique ? Il existe à Bruxelles un centre d’appui justement à destination des travailleurs sociaux : SocialEnergie. Cette structure, qui fait partie de la Fédération des services sociaux ASBL (Fdss), propose aux professionnels du social une permanence téléphonique, des outils, un accompagnement sur mesure et des formations. Sur son site, les travailleurs sociaux peuvent ainsi trouver en libre accès des outils pour les aider dans leurs missions : comment analyser un décompte, demander un statut de client protégé, faire appel à une médiation, etc. En 2016, le centre d’appui a accompagné 62 travailleurs sociaux et accueilli près de 150 personnes lors de ses formations.

Il existe une plateforme similaire en Wallonie : Énergie Info Wallonie, qui s’adresse elle aussi aux travailleurs sociaux, mais aussi à des particuliers dans certains cas. La structure a développé, depuis 2015, des séries de rencontres entre travailleurs sociaux afin que ceux-ci échangent sur leurs pratiques en matière d’énergie et se concertent. Celles-ci concernent tout particulièrement les compteurs à budget, le choix du fournisseur et le démarchage.

Quid du politique ?

Une réponse plus générale du politique sur la question est nécessaire, mais se fait attendre. “Le politique, à tous les niveaux de pouvoirs, en parle de plus en plus, mais la problématique reste floue”, analyse François Grévisse. “Les politiques n’ont pas encore une bonne compréhension de la précarité énergétique, qui est complexe et transversale. Il ne faut pas oublier son lien avec la pauvreté. Certains politiques vont d’ailleurs orienter la question sous l’angle du droit à l’énergie, quand d’autres l’anglent sur la responsabilité des ménages, ce qui ne nous plaît pas vraiment.” Actuellement, le parlement bruxellois mène ainsi des auditions sur la question, sans que son objectif soit clair.

Précarité énergétique ?

Le terme même de “précarité énergétique” recouvre différentes réalités, qui parfois se cumulent. Il y a ainsi ce qu’on appelle la “précarité énergétique mesurée”, qui désigne les situations où un ménage dépense trop d’argent pour sa consommation d’énergie en regard de ses revenus, ce qui peut entraîner de graves difficultés de paiement. Ceci toucherait, d’après la Fondation Roi Baudouin, 14,5 % des ménages belges et 22 % des wallons. Plus difficile à identifier est la “précarité énergétique cachée”, qui désigne, elle, les personnes qui limitent leur consommation de gaz et d’électricité au point de ne pas répondre à leurs besoins de base (ne pas chauffer en hiver par exemple). On considère qu’elle touche 3,9 % des foyers belges mais près de 10 % des bruxellois.

M.H., journaliste



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