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Handicap : "Nous avons créé près de 400 places en 4 ans à Bruxelles"

25/03/19
Handicap:

Le Guide Social conclut l’interview bilan de la ministre Céline Frémault, avec cette troisième et dernière partie. Création de places, plan autisme, hausse du budget : ce lundi, nous revenons sur ses actions politiques en matière de handicap.

[DOSSIER]

 La première partie de l’interview de la ministre sur la réforme des CPAS
 La deuxième partie de l’interview de la ministre sur le sans-abrisme à Bruxelles

« En 2013, la Belgique a été condamnée pour son manque de places dans le secteur de l’handicap », rappelle Céline Frémault. « Dès mon entrée en fonction, il était donc indispensable de répondre à cette condamnation avec une série de gestes politiques. Une société qui n’est pas en capacité de donner les budgets et les places nécessaires aux personnes en situation de fragilité est une société vraiment dépréciée sur le plan de ses valeurs. J’ai donc mis toute l’énergie nécessaire à augmenter les budgets, à créer des places et avoir aussi une résonance forte en termes d’inclusion. »

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Une hausse de 17% du budget

Concrètement, durant cette législature, la ministre a œuvré à l’augmentation du budget : les 30 millions d’euros supplémentaires débloqués ces dernières années ont représenté une hausse de 17% par rapport au budget de 2014, Cocof et Cocom confondues.

« En élevant les budgets, nous avons pu créer en quatre ans près de 400 places : du jour, de l’hébergement, des services d’accompagnement. J’ai en effet voulu diversifier la réponse à apporter en matière d’handicap », explique la ministre. Et de pointer : « Bien évidemment il est nécessaire de construire des centres pour personnes polyhandicapées. En revanche, vous devez aussi favoriser l’autonomie quand cela est possible. C’est là qu’interviennent les équipes mobiles notamment. Nous avons eu aussi les premières expériences de maisons accompagnées. Elles accueillent des jeunes qui ont une certaine autonomie et qui vont travailler dans des entreprises de travail adapté. Quand ils rentrent chez eux le soir, une surveillance s’opère. Cette initiative permet aux individus de s’épanouir comme jeunes adultes. Bref, il y avait une vraie nécessité d’avoir un panel complet de réponses et de ne pas se contenter d’une réponse institutionnalisée. »

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Vers un Plan Autisme 2.0 ?

Une des mesures phares de la mandataire a été la mise en place d’un Plan Transversal Autisme, adopté conjointement en 2016 par la Région Wallonne, la Communauté française et la Cocof.

« C’est une première en Belgique », se réjouit-elle. « Sa mise en œuvre est en cours et comprend plusieurs axes et avancées significatives, comme le renforcement du dépistage précoce, la création de nouvelles places dans des écoles spécialisées, le soutien aux projets de classes inclusives en enseignement ordinaire ou encore le renforcement des services d’accompagnement spécialisés. Ce plan est une véritable feuille de route pour les différentes compétences qui doivent assurer la mise en place de mesures concrètes et effectives à destination de ce public spécifique. C’est à mes yeux indispensable si l’on souhaite offrir une réponse cohérente, coordonnée et intégrée par tous. »

Ce plan est un signal positif envoyé au secteur. Cependant, des corrections ainsi qu’un développement plus conséquent sont nécessaires. « Effectivement », confirme Céline Frémault. « D’ailleurs, il y a un travail sur l’évaluation du plan autisme qui est en cours. Selon moi, il faudra lancer un plan autisme 2.0 avec énormément de coopérations. Il est indispensable de voir comment on les modélise encore plus sur les questions d’enfance et d’enseignement. Cette transversalité est fondamentale. »

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Il en reste du boulot…

Si des avancées ont été constatées ces dernières années à Bruxelles, elles restent malheureusement timides par rapport aux besoins gigantesques du secteur. Le travail doit donc se poursuivre et les moyens doivent encore être renforcés durant les prochaines années. Des places ont été créées, certes mais leur nombre est absolument insuffisant pour répondre à l’énorme demande. Pour rappel, ce sont des milliers de personnes qui attendent aujourd’hui d’obtenir une précieuse place... « Il faut bien entendu poursuivre la création de places », concède-t-elle. « Un autre grand défi est la question des personnes handicapées vieillissantes. C’est intimement lié à une espérance de vie qui s’est accrue. Il y a une nécessité réelle de prévoir les trajets de vie de façon beaucoup plus longue. Je pense qu’il faudrait par exemple avoir des maisons de repos inclusives. »

Se déplacer à Bruxelles est souvent un parcours du combattant pour les personnes en situation d’handicap. « Je vais être très honnête : la STIB est un acteur proactif aujourd’hui. Même s’il y a toujours des lots de succès et des lots de ratés. Mais la question de l’accessibilité par rapport à une série de stations a été développée ces dernières années, même si on se retrouve encore parfois devant des inepties sur certaines prolongations de lignes de tram. » Et comment ne pas évoquer toutes ces zones en travaux où les PMR peinent à se mouvoir... Un des défis majeurs pour le futur ? Que le handicap soit davantage pris en considération dans l’aménagement du territoire !

E.V.



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