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Jeunes incasables : les ministres s'unissent pour trouver une solution

03/03/20
Jeunes incasables: les ministres s'unissent pour trouver une solution

Que font nos leaders politiques pour améliorer l’accueil des jeunes dits « incasables » ? Voilà la question posée par la députée Nadia El Yousfi à Valérie Glatigny. Pour la ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il est essentiel que tous les ministres compétents en la matière s’unissent afin d’apporter des réponses adéquates à ce public frappé par des difficultés multiples, relevant à la fois de la santé mentale, de l’aide à la jeunesse et/ou du handicap.

Difficultés sociales, scolaires, familiales, psychologiques voire psychiatriques, et judiciaires : ces jeunes en ont des embûches sur leur parcours ! Ballotés entre le secteur du handicap, l’aide à la jeunesse et la santé mentale, ces mineurs « incasables » ont souvent connu plusieurs placements, éphémères et répétés, et surtout marqués par l’échec. Ce public très fragilisé et complexe à appréhender est un vrai casse-tête pour les professionnels de nos secteurs…

Le système mérite donc d’être revu et corrigé. Et justement, que font concrètement nos élus pour améliorer l’encadrement de ces jeunes, exclus de l’aide classique ? Que font-ils pour leur fournir le soutien très spécifique et individualisé dont ils ont cruellement besoin ?

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Une forme de violence institutionnelle…

Pour la députée socialiste Nadia El Yousfi, la situation actuelle est loin d’être idyllique… « En 2018, la Fédération Wallonie-Bruxelles comptait plus d’une centaine de jeunes en souffrance qui n’étaient pris en charge par aucun organisme. Les incohérences du système font vivre des expériences douloureuses aux mineurs concernés. Ainsi, un enfant autiste hébergé dans un centre pour personnes handicapées a été transféré dans une institution publique de protection de la jeunesse (IPPJ). Or, cette structure n’est absolument pas adaptée à sa pathologie », a-t-elle dénoncée en commission de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et de lancer à Valérie Glatigny, nouvelle ministre de l’aide à la jeunesse : « Les acteurs de terrain ont exprimé leur mécontentement face à cette situation lors d’un arrêt de travail mené par le personnel de l’IPPJ de Wauthier-Braine. À l’époque, votre prédécesseur Rachid Madrane avait estimé qu’envoyer les jeunes en souffrance dans les IPPJ constituait une forme de violence institutionnelle. »

Dans son intervention, l’élue a également rappelé le refinancement du secteur de la jeunesse effectué en 2019 par deux anciens ministres : Rachid Madrane, en charge de l’aide à la jeunesse et Alda Greoli, en charge de l’action sociale et de la santé. Cette action combinée a donné vie à des centres d’observation et d’orientation spécifique à Mons et à Tournai. Ces structures ont pour objectif central d’observer les mineurs sur une période de six mois, afin de les diriger vers les structures adéquates. « La préparation d’une réforme en santé mentale infanto-juvénile constitue une autre avancée positive », a-t-elle rajouté. « Enfin, plusieurs solutions ont été proposées lors de la précédente législature grâce à la nouvelle politique de santé mentale et à l’initiative « Jardin pour tous », qui réunit les secteurs de la santé, du handicap et de l’aide à la jeunesse pour réfléchir sur cette thématique. »

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Une série de rencontres au programme

Dans sa réponse, la ministre Valérie Glatigny a assuré qu’elle « veillera à ce que des mesures ciblées et inclusives soient prises pour ces jeunes qui se situent à l’intersection des secteurs de la santé mentale et de l’aide à la jeunesse. » Et d’insister : « Je préfère ne pas les qualifier d’« incasables » : ce n’est pas aux jeunes de s’adapter aux institutions, mais à la puissance publique de leur proposer une réponse adaptée à leur situation complexe. Cela fait d’ailleurs partie des priorités inscrites dans la Déclaration de politique communautaire. »

Selon elle, dans ce dossier, une des priorités est l’évaluation des dispositifs réalisés par ses prédécesseurs ainsi que l’analyse des autres initiatives prises en Fédération Wallonie-Bruxelles. En parallèle, la mandataire politique plaide pour travailler en collaboration avec ses homologues et ce à divers niveaux de pouvoir. Dans ce cadre, elle a annoncé la rencontre prochaine avec la ministre wallonne Christie Morreale. Le but de l’entrevue ? « Définir les pistes de travail pour assurer les prises en charge des jeunes par les services du secteur de l’aide à la jeunesse et de l’Agence pour une vie de qualité », a-t-elle dévoilé.

Et ce n’est pas tout : Valérie Glatigny programme également une rencontre avec son collègue bruxellois afin de garantir le déploiement de ces dispositifs dans la Région de Bruxelles-Capitale. « Enfin, je rencontrerai la ministre fédérale de la Santé publique, ou son successeur s’il est désigné, pour coordonner mes actions avec la nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents », a-t-elle conclu.

Des efforts devraient donc être consentis durant cette mandature pour améliorer la prise en charge de ces jeunes « incasables ». Une chose est certaine : les pratiques doivent encore et toujours être perfectionnées, tout comme les rapports entre les professionnels.

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E.V.



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