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L'assurance autonomie, au centre des critiques

28/03/18
L'assurance autonomie, au centre des critiques

Le nouveau système d’assurance autonomie qui devrait voir le jour en Wallonie d’ici 2020 ne ravit pas tous les acteurs du secteur. Lundi 26 mars, la Fédération wallonne de services d’aide à domicile et la Fédération des Centres de Service à Domicile se sont exprimées contre la mesure de la ministre Alda Greoli.

En Wallonie, le système d’assurance autonomie devrait être lancé en janvier 2020. Après avoir pris du retard, puisqu’elle était originellement prévue pour 2017, la mesure est aujourd’hui décriée. La Fédération des CPAS a donc formulé ses recommandations, suivie par la Commission wallonne des Aînés. Lundi 26 mars, ce sont la Fédération wallonne des services à domicile (FEDOM) et la Fédération des Centres de Services à Domicile (FCSD) qui se sont exprimés lors d’une conférence de presse contre la mise en place de l’assurance autonomie, qui mènerait selon elles à une « déprofessionnalisation de l’aide à domicile et une complexification du système. »

Des ménages écartés

Selon la FEDOM et la FCSD, la nouvelle assurance autonomie exclurait 30 à 40% des ménages qui bénéficient actuellement de services d’aide à domicile. En cause, l’outil BelRAI Screener, qui évalue la dépendance des personnes à leur capacité à réaliser certaines tâches, mais ne considère pas la distance avec les différents services d’aide ou la situation familiale de la personne. Dès lors, les personnes qui n’auraient plus accès à l’aide à domicile devraient s’acquitter de coûts supplémentaires. « S’ils veulent conserver l’accompagnement à domicile par des aides professionnelles agréées, ces exclus du système seront dès lors tenus de payer 35 euros de l’heure (coût entreprise) en plus de la cotisation individuelle de 50 euros par an alors que le tarif actuel à charge du Bénéficiaire est actuellement de maximum 7,81 euros/heure prestée », soutiennent la FEDOM et la FCSD dans leur communiqué de presse. Selon Didier Dubois, président de la FEDOM interrogé par l’Avenir, les services d’aide à domicile s’adressent parfois à des personnes très âgées qui, si elles ne sont pas dépendantes, ont besoin d’une aide pour certaines activités. Les aides familiales auraient aussi un rôle de surveillance pour ces personnes et permettraient de signaler les nouveaux problèmes qui émergent. Il déclare ainsi : « L’assurance autonomie telle qu’elle est envisagée, ce n’est pas un projet social. »

En se concentrant sur des aspects purement physiques de la dépendance, l’assurance autonomie néglige, selon les deux fédérations, l’importance de l’accompagnement social dans l’aide à domicile.

[A lire] : Assurance autonomie : impact sur la pauvreté et les inégalités sociales

Un système trop complexe

L’assurance autonomie entraînerait aussi une complexification du système d’aide. Pour la FEDOM et la FCSD, il y aurait « moins de souplesse et de rapidité d’adaptation aux évolutions des situations des bénéficiaires ». En effet, les acteurs intervenant dans la prise en charge des personnes seraient plus nombreux, ce qui augmenterait les délais de traitement des dossiers.
Les fédérations réclament donc un système plus clair, qui soit fait en concertation avec le secteur. Elles demandent aussi des budgets adaptés pour une prise en charge de toutes les personnes qui en ont le besoin.

L’assurance autonomie wallonne

La création d’une assurance autonomie wallonne était au départ un projet du ministre Maxime Prévot, en charge de la Santé, qui devait être mis en place en janvier 2017. A multiples reprises, il a été repoussé au point de devoir être repris par la ministre suivante, Alda Greoli. Le projet actuel a été déposé en octobre 2017 par la ministre, et devrait faire l’objet d’un décret dans les mois à venir.

L’assurance autonomie crée un système de remboursement des actes non-médicaux pour aider les personnes dépendantes qui souhaitent rester à domicile. Elle sera financée par une cotisation obligatoire de 50€ pour tous les Wallons. A Bruxelles, la création d’un tel système fait aussi l’objet d’une réflexion de la part du Gouvernement.

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