L'Hôpital Reine Fabiola en crise : un rapport au patient déshumanisé

La dernière commission de la santé de la Cocom a été l’opportunité d’aborder le cas de l’Hôpital Universitaire Des Enfants Reine Fabiola. Au sein de cette structure, la fatigue du personnel se répercute sur la prise en charge des patients. Un dialogue entre le personnel hospitalier, les employeurs et l’Etat a débuté pour permettre de trouver des solutions efficaces et adaptées.
En commission de la santé et de l’aide à la personne de la Cocom, la députée cdH Gladys Kazadi Muanangabu Kaniki a interpellé le ministre Alain Maron, en charge notamment de la Santé, sur le cas spécifique de l’Hôpital Universitaire Des Enfants Reine Fabiola. L’ouverture d’un nouveau bâtiment au sein de cette structure en septembre dernier a attiré l’attention des médias qui en ont profité pour aborder la situation désastreuse du personnel de l’Huderf. Soumis à des pressions toujours plus importantes, les travailleurs deviennent lassés et finissent par ne plus délivrer les soins de santé avec le professionnalisme nécessaire.
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La répercussion d’une violence institutionnelle
Dans leur dernier communiqué de presse, les organisations syndicales de l’Huderf ont alerté sur la perte d’empathie des travailleurs en raison des cadences et des tâches trop lourdes à gérer pour le personnel hospitalier en sous-effectif. Les organisations syndicales rappellent donc dans ce communiqué qu’un hôpital est avant tout composé d’êtres humains : « Si ce personnel est mal considéré, comment peut-il poursuivre une prise en charge adéquate de ses patients ? Entre ces murs travaille un personnel en sous-effectif quasi quotidien. Épuisé de mener de front plusieurs combats, il ne peut finaliser aucune tâche ; encore moins trouver ses marques dans de nouvelles infrastructures aussi techniques, s’informer sereinement des nouveaux équipements et nouvelles procédures. »
Face à autant de pressions et de charges quotidiennes, les professionnels finissent par être déconnectés des besoins de leurs patients. Ainsi, les représentants du syndicat ont relaté aux médias que certains médecins tenaient des propos dégradants ou déplacés vis-à-vis des usagers. Certaines interventions sur le patient sont réalisées sans le contrôle périodique normalement nécessaire d’un autre professionnel. Enfin, les travailleurs n’ont plus le temps ni l’énergie de s’adapter à certains problèmes de santé et certains usagers témoignent d’un mépris de leur part lors des consultations. Cette violence institutionnelle dont est victime le personnel hospitalier se répercute donc de manière indirecte sur les usagers de ces services. La députée cdH souligne que le cas de l’Hôpital Huderf n’est pas isolé, et, que ce phénomène se retrouve dans l’ensemble des centre hospitaliers de la région bruxelloise.
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Vers une tentative de collaboration ?
L’élue centriste a donc questionné Alain Maron afin de connaître quelles mesures étaient envisagées de la part du gouvernement mais aussi des hôpitaux publics du réseau Iris afin de lutter contre ce surmenage des travailleurs. Il a été aussi demandé si la conférence interministérielle de la santé publique avait étudié ce dossier notamment pour régler les questions du manque de financement dédié à ces structures.
Le ministre bruxellois a mentionné sa rencontre avec les représentants des hôpitaux Iris « afin d’avoir un premier aperçu des défis auxquels ils font face en tant qu’employeur et des pistes d’amélioration qu’ils entrevoient ». Il a ajouté : « Certaines sont à leur portée, telles que la gestion des compétences et les relations avec les travailleurs, et d’autres ne le sont pas, tel que le raccourcissement de la durée de séjour financée. Par ailleurs, je leur ai demandé de me dresser pour la fin du mois un bilan des statuts et caractéristiques du personnel en ce qui concerne les barèmes, la statutarisation, les avantages accordés, etc., et des simulations des budgets qui seraient nécessaires pour rencontrer les demandes des travailleurs. »
L’élu a fait aussi part de sa future rencontre dans les semaines à venir avec les représentants de l’Union générale des infirmiers de Belgique (UGIB) afin de comprendre le mieux possible les revendications de ces derniers. A la fin de l’année sera aussi publiée une étude du KCE sur les ratios sécuritaires de personnel infirmier, c’est-à-dire le nombre minimum de travailleurs nécessaire pour éviter des accidents et décès liés au manque de personnel.
Ainsi, les professionnels du secteur espèrent que ces consultations vont permettre à l’Etat et aux employeurs de mieux saisir leurs revendications pour qu’ils puissent délivrer de nouveau des soins de santé dans des conditions décentes.
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A.T.
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