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La colère des psychiatres face à l'industrie pharmaceutique

10/07/19
La colère des psychiatres face à l'industrie pharmaceutique

Les psychiatres ne sont pas contents et le font savoir ! L’origine de leur mécontentement ? La décision de l’entreprise britannique Essential Pharma de tripler le prix de leurs produits, notamment le médicament Camcolit. Cette hausse n’a aucune raison ce qui provoque la colère des psychiatres belges qui mettent au pilori la logique de monopole de l’industrie.

L’augmentation du médicament fait suite à la rupture de stock du traitement remboursable Maniprex. Les patients souffrant d’un trouble bipolaire ont donc dû opter pour l’une des seules alternatives valables, le fameux médicament Camcolit. La profession dénonce avec regret que le patient et la santé deviennent les jouets des groupes pharmaceutiques.

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Colère noire pour la profession

Les psychiatres ont directement crié leur opposition ainsi que leur colère envers le groupe pharmaceutique. Pour cause, la boite de Camcolit coûte désormais 27 euros au lieu de 9,44 euros, il y a cela quelques mois. « C’est un médicament relativement bon marché, mais les patients doivent le prendre pendant toute leur vie. À la longue, ça fait beaucoup », a alerté le docteur Wolfgang Schuller, médecin à l’unité d’urgence psychiatrique des cliniques Saint-Luc, interrogé par la RTBF. L’entreprise visée se défend sur ce changement de prix en se cachant derrière la décision du SPF Economie, qui a autorisé cette augmentation. Sur le site de la structure du service public, nous pouvons trouver les raisons de cette approbation : « Il doit par ailleurs fournir à l’industrie pharmaceutique les moyens nécessaires à son développement et lui assurer un niveau de rentabilité suffisant pour permettre, entre autres, d’investir dans la recherche et le développement. ».

De plus, l’entreprise agit tel un trust et peut faire à peu près ce qu’elle veut sur ce marché déplore Test-Achats à la RTBF : « Ils abusent de leur position de monopole pour faire flamber leurs prix ».

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Des conséquences dramatiques

Comme la plupart des traitements, il est primordial de le prendre tous les jours et de suivre à la lettre la prise recommandée pour que celui-ci puisse être efficace. La plupart des patients sont par essence des personnes fragilisées étant en situation d’incapacité de travailler. « Ils surestiment leur capacité : quelqu’un pense qu’il peut voler, sans s’en rendre compte, il va sur un toit et peut chuter », déclare le docteur Wolfgang Schuller à la RTBF.
Ce manque de pouvoir d’achat qui va se faire ressentir à force à cause de cette augmentation irraisonnable peut conduire à un arrêt du traitement. C’est ce que craint la profession, car un arrêt du traitement peut pousser à de graves conséquences.

L’industrie pharmaceutique est le secteur faisant le plus de bénéfices devant les banques selon une étude du docteur Carin Uyl De Groot, professeur de soins de santé à l’université ERASME de Rotterdam. Si elle le veut, une entreprise pharmaceutique peut demander à l’Inami, l’Institut national d’assurance maladie-invalidité, que les patients obtiennent un remboursement de son médicament. Cependant, cela entre et ancre la santé toujours plus dans le jeu des consortiums qui pour eux, la santé n’est que business.

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