Maisons de repos : encadrement ardu des aînés souffrant de démence
Les maisons de repos accueillent de plus en plus des cas lourds et des personnes désorientées atteintes de troubles cognitifs. Face à ce phénomène, les directions et le personnel des établissements ne sont pas toujours correctement formés ou bien outillés pour prendre en charge ces résidents aux besoins spécifiques. Interpellée sur cette problématique, la ministre wallonne Christie Morreale a plaidé pour la mise en place de projets de vie individualisés.
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Depuis plusieurs années maintenant, les maisons de repos font face à une diversification des profils qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Ces lieux hébergent de plus en plus des cas lourds, des handicapés moteurs, des personnes souffrant d’assuétudes ou bien encore atteintes de troubles cognitifs plus ou moins importants. La prise en charge de ces résidents aux besoins spécifiques complexifie évidemment le travail quotidien du personnel soignant. Un constat pour le moins interpellant que la députée socialiste Sabine Roberty a dénoncé en commission de l’emploi, de l’action sociale et de la santé du parlement wallon.
« Les directions essaient de s’adapter au mieux pour apporter un accompagnement de qualité et adapté à ce public bien spécifique. Ainsi, de nouveaux modèles d’accompagnement voient le jour et plusieurs solutions cohabitent avec, par exemple, des établissements qui intègrent entièrement leurs résidents au sein de la structure, la création d’unités adaptées ou encore la création d’un projet de vie qui s’adresse exclusivement aux personnes atteintes de démence », a-t-elle indiqué. Mais, tout n’est pas rose pour autant. Il reste, en effet, du chemin à parcourir…
Et pour cause : face à l’évolution du secteur, les directions mais également le personnel, comme les infirmières et les aides-soignantes, ne sont pas toujours correctement formés ou n’ont pas toujours les moyens à disposition pour prendre en charge correctement ces résidents. « L’intégration peut également être contraignante pour les résidents moins dépendants », a également pointé la députée wallonne. « Il semble également que les directions soient confrontées à des demandes venant directement d’institutions psychiatriques qui sont aussi confrontées au problème de manque de places et au vieillissement de leur propre population. »
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Focus sur les projets de vie individualisés
Interpellée sur cette problématique, Christie Morreale, ministre en charge notamment de la Santé, de l’Action sociale et de l’Egalité des chances, a dévoilé les résultats d’une étude réalisée par l’AVIQ sur différents modèles de gestion dans l’accompagnement de personnes qui présentent des troubles cognitifs. Que faut-il en retenir ? Tout d’abord, l’Agence a observé que l’attention des équipes était trop tournée sur les soins et sur les incapacités. « Un manque d’activités adaptées est souligné notamment pour les résidents qui présentent des troubles avancés ou des comportements dits inadaptés », a précisé la mandataire wallonne. « Au niveau de l’accompagnement du personnel, la fonction de référent pour la démence est à revaloriser et à redéfinir. C’est aussi important de pouvoir valoriser des formations qui sont pertinentes, qui sont efficaces autour d’une approche que l’on dit non médicamenteuse pour l’ensemble des membres du personnel. »
Face à ces données, la volonté est aujourd’hui de développer une politique d’amélioration continue des pratiques mais aussi de mettre en place des projets de vie individualisés. « Depuis l’élaboration de ce diagnostic, il y a un certain nombre d’actions qui ont été entreprises ou qui sont toujours en cours », a annoncé la ministre avant de donner un exemple : « Il y a un décret de novembre 2019 qui dispose qu’au moins un objectif est spécifiquement établi dans le projet de vie de l’établissement pour améliorer la qualité d’accompagnement des personnes avec troubles cognitifs. Je le demande dans chacun des dossiers pour les maisons de repos qui reçoivent un subside. »
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300 professionnels formés au total
Autre condition : chaque établissement installé au sud du pays doit mettre sur pied un projet de vie spécifique dans le cas où il accueille soit une unité adaptée, soit une unité de vie en journée. Le but ? Que toutes les personnes concernées bénéficient d’un projet de vie individualisé. « En fait, c’est une pratique qui est encouragée aussi pour l’ensemble des résidents », a-t-elle précisé. « L’AViQ a formé plus de 100 directions et des infirmiers-chefs à la mise en place du projet de vie individualisé. Les sensibilisations continuent. Il y en a encore qui sont organisées dans les deux mois à venir. »
Au total, pas moins de 300 professionnels auront été formés à cette approche qui vise à aider chaque résident à réaliser ce qui est le plus important pour lui et ce en respectant ses capacités, ses envies ou encore son expérience de vie. Une manière, selon Christie Morreale, d’en finir avec l’infantilisation des personnes qui résident en maison de repos.
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E.V.
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