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Maison de repos : l'urgence de soulager la fatigue du personnel

15/11/19
Maison de repos: l'urgence de soulager la fatigue du personnel

La commission de la Santé du parlement wallon, réunie mardi dernier, a été l’opportunité d’aborder le sujet des conditions de travail difficiles du personnel soignant des maisons de repos. Interpellée au sujet du manque de personnel et de moyens, la ministre de la Santé a avancé plusieurs pistes de solutions.

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Depuis 2018 déjà, le personnel des maisons de repos multiplie les grèves, manifestations et actions symboliques pour dénoncer leurs conditions de travail. Dans le cadre de commission de la Santé du 12 novembre dernier, plusieurs députés ont questionné Christie Morreale, ministre de l’Emploi et de la Santé, au sujet de la hausse du prix des maisons de repos ainsi que sur les conditions de travail du personnel. Ainsi, alors que les prix d’hébergement pour les maisons de repos ne cessent qu’augmenter, les infirmières et aides-soignantes voient leurs conditions de travail se dégrader de manière alarmante. Laure Lekane, députée PTB a donc interrogé la ministre sur les mesures proposées pour soulager le personnel des maisons de repos d’une charge de travail bien trop lourde.

Une fatigue commune à tous les secteurs

Laure Lekane a souligné la difficulté des conditions de travail des employés des maisons de repos du secteur non-marchand et privé, notamment en raison d’une baisse d’effectifs. La députée a mentionné le cas d’une infirmière et d’une aide-soignante se retrouvant seules pour gérer 100 patients. Or ce manque d’effectif est à la fois dangereux pour les résidents, qui n’ont pas accès à des soins de qualité, mais aussi pour le personnel, qui peut se retrouver en burn-out.

Ainsi, les travailleurs des maisons de repos se sont déjà mobilisés à plusieurs reprises pour dénoncer cette pression croissante à laquelle ils sont soumis. Ce stress est d’autant plus important au sein des structures privées où les directeurs d’établissement pressent le personnel afin d’avoir un rendement plus élevé pour satisfaire les dividendes des actionnaires.

L’élue PTB a donc interpellé la Ministre sur ce sujet : « Qu’allez-vous faire pour que les travailleurs puissent avoir des conditions de travail dignes et que les résidents soient correctement pris en charge ? Allez-vous renforcer les normes d’encadrement à ce niveau ? Allez-vous également lier cela à un gel des prix, afin que cela ne soit pas reporté sur le portefeuille des résidents et de leur famille, mais sur les dividendes des actionnaires. »

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Lutter contre le manque de moyens et les tarifs abusifs

Christie Morreale a d’abord salué le travail courageux du personnel face au manque de moyens criant dont les maisons de repos sont victimes. Alors que des mesures concernant spécifiquement les blouses blanches sont en train d’être prises au niveau fédéral, la ministre a rappelé que le gouvernement wallon se devait aussi d’agir. Ainsi, pour permettre un encadrement plus important pour un nombre de résidents identique, l’élue socialiste propose de transformer les maisons de repos en maison de repos et de soins (MRS). En effet, ces deux structures disposent d’un statut différent et le nombre de personnes qui encadrent est plus élevé au sein des MRS.

De plus, Christie Morreale a souligné que 30 millions d’euros de budget ont été débloqués pour le secteur non-marchand afin de donner satisfaction aux réclamations du personnel. Ainsi, une prime de 500 euros (convertible en jour de congés payés) sera donc versée aux employés de maison de repos.

Concernant le secteur privé, la Ministre a exprimé son souhait de modifier certaines dispositions du Code Wallon de l’action sociale et de la santé pour lutter activement contre des tarifications abusives et permettre que les « établissements (privés) développent un projet d’accompagnement, un projet de vie qui puisse donner du sens au travail quotidien de l’ensemble des acteurs d’une maison de repos. »

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Privé et public, même combat ?

Suite à la prise de parole de la Ministre, la députée PTB a exprimé sa satisfaction face à la future augmentation du financement dédié aux travailleurs et de l’encadrement au sein des maisons de repos. Cependant, l’élue a souligné que si des financements ont été trouvés pour ces futures avancées, cet effort de la part du gouvernement wallon doit être poursuivi pour se diriger vers un refinancement global du secteur non-marchand.

Alors que Christie Morreale considère que les difficultés rencontrées par les travailleurs des maisons de repos s’expliquent, non pas par le manque d’effectifs, mais par le fait que les personnes prises en charge sont plus dépendantes, Laure Lekane n’est pas de cet avis. En effet, cette dernière explique que les travailleurs des maisons de repos tout comme ceux des maisons de repos et de soins ressentent les mêmes difficultés sur le terrain, dont le fait de devoir gérer trop de patients à la fois.

Alors que la majorité des mesures avancées vise le personnel du secteur non-marchand, le gouvernement wallon ne doit pas négliger le personnel du secteur privé qui a aussi le droit d’être protégé d’une cadence de travail infernale.

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A.T.



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