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Maisons de repos : "non aux subsides pour le secteur commercial"

20/03/19
Maisons de repos:

Dans une carte blanche publiée dans Le Soir, deux syndicats et la fédération des CPAS reviennent sur les différents enjeux qui touchent le secteur des maisons de repos. Ils se penchent sur le décret des maisons de repos voté en février au Parlement wallon qui est loin, selon eux, de faire l‘unanimité.

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Guy Crijns, secrétaire national CSC, Olivier Nyssen, secrétaire général CGSP et Jean-Marc Rombeaux, conseiller à la fédération des CPAS, livrent leur avis sur une série de mesures concernant les maisons de repos  : allocation pour l’aide aux personnes âgées (APA), assurance autonomie, décret sur les maisons de repos… Ce dernier, voté le 13 février au parlement, avait fait bondir le secteur, en ouvrant la technique de subventions des investissements au secteur commercial.

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La Région se trompe de cible

Concrètement, ce nouveau décret prévoit la création de près de 12.000 places en maisons de repos à l’horizon 2030 ainsi que l’instauration d’un prix conventionné et le financement dynamique des infrastructures. Pour les auteurs, son point le plus problématique est la nouvelle technique de subventions des investissements. La Région se tromperait, apparemment, de cible en révisant les subventions. «  Ce sont les normes Sec et non celles des subventions qui sont à revoir  », expliquent-t-ils.

Les normes Sec, pour « système européen des comptes », est un système de comptabilité des comptes nationaux imposé aux membres de l’union européenne. Elles obligent, entre autres, d’amortir les investissements publics sur une année, ce qui a pour conséquence de faire monter notre dette publique. Pour les auteurs, ces normes sont discriminatoires, préjudiciables et «  brident l’investissement dans des infrastructures d’utilité collective  ». En Wallonie, la Région réussit à contourner ces normes au niveau des hôpitaux. «  Elle le transpose aux maisons de repos en ajoutant un montant pour l’infrastructure au forfait « soins »  ».

Une marchandisation du secteur  ?

Or, au lieu de s’attaquer aux normes Sec, la Région a décidé d’ouvrir au secteur commercial le financement du secteur, alors qu’il était, jusqu’à aujourd’hui, réservé au non-marchand. Selon les syndicats et la fédération, cette ouverture pourrait impliquer un doublement des coûts pour la Région ou, alors, une réduction des moyens pour le secteur non-marchand. «  La Wallonie dispose de peu de marges financières. Malgré cela, elle élargit fortement le champ d’une subvention à des opérateurs qui sont déjà rentables, et parfois très rentables. De plus en plus, ils sont liés à des groupes transnationaux. C’est un effet d’aubaine dans un contexte d’austérité  », s’indignent-ils.

Pour la ministre, ce décret, au contraire, lutterait contre sa marchandisation. « La réforme insiste sur un point : si vous voulez des subsides alors vous vous conformez à des critères qui permettent l’universalité d’accès. Bref, elle consolide le secteur public et associatif et elle invite le secteur commercial à gagner en non-marchandisation », nous expliquait-t-elle, dans une interview.

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Assurer l’accessibilité des maisons de repos

D’ici 2060, le nombre de personnes de plus de 80 ans aura doublé. Pour les auteurs, il est essentiel de garantir l’accessibilité à tous en maison de repos. Avec la précarisation d’une certaine partie de la population, ils craignent que les maisons de repos deviennent des «  produits de luxe  ». Pour y échapper, les auteurs recommandent l’augmentation des pensions mais aussi, l’élargissement du champ d’application de l’allocation pour l’aide aux personnes âgées et le rehaussement de ses montants. De plus, ils plaident pour que les maisons de repos instaurent un forfait «  tout compris  », ce qui éviterait pour les résidents de mauvaises surprises dans les factures de fin de mois.

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