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5 vœux des psychologues cliniciens pour 2023

25/01/23
5 voeux des psychologues cliniciens pour 2023

Nous avons franchi la barrière de 2023 et comme le veut la tradition, il est temps de prononcer des résolutions, que l’on souhaite voir se réaliser au cours des mois à venir. Aujourd’hui, place au métier de psychologue clinicien, avec Quentin Vassart, président de l’UPPCF !

[DOSSIER]
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1. Une profession plus structurée qui se construit en se regroupant localement et en respectant la diversité des pratiques

Ces dernières années, l’accent a été mis sur les soins intégrés et multidisciplinaires. De plus en plus de psychologues s’organisent au niveau local, à l’instar des cercles de médecine générale ou des Groupes Locaux d’Evaluation Médicale (GLEM). En Flandre, notre homologue VVKP a choisi d’organiser des cercles de psychologues en fonction des zones de première ligne de soins. L’objectif était d’encourager la coopération entre psychologues clinicien.nes.s exerçant en cabinet privé, travaillant dans les hôpitaux ou encore pratiquant dans des services subventionnés afin de former un réseau de soins psychologiques intégrés.

En Wallonie, lorsque la réforme de la première ligne de soins aura vu le jour, un tel ancrage permettra également aux psychologues de renforcer la coopération interdisciplinaire avec tous les autres partenaires du réseau. Ce fonctionnement repose jusqu’à présent uniquement sur le bénévolat, ce qui n’est pas un modèle durable pour organiser des soins intégrés. Par conséquent, nous demandons explicitement le soutien nécessaire pour rendre ce fonctionnement intégré durable. Pour l’UPPCF, des cercles de psychologues clinicien.ne.s qui s’insèrent dans le maillage territorial du réseau de soins de santé mentale est indispensable pour relayer les réalités du terrain, favoriser les pratiques de réseaux et conseiller adéquatement les politiques.

2. Des soins psychologiques de qualité facilement accessibles

Actuellement, 4% du budget de l’INAMI est dévolu aux soins en santé mentale. La Belgique est un des pays d’Europe qui y investit le moins. C’est difficilement défendable lorsqu’on sait que l’OMS a calculé que chaque euro investi dans le bien-être rapporte entre 2 et 14 euros à la collectivité.

Si nous voulons que les soins psychologiques soient accessibles financièrement, c’est avant tout pour répondre à un important besoin de notre population. Cependant, en tant que psychologues clinicien.ne.s, nous voulons nous assurer que le financement ne compromette pas notre objectif d’intégration dans le système de santé. En effet, le financement doit nous permettre d’exercer notre profession comme nous avons été formés pour le faire : en respectant la diversité des besoins en matière de soins de santé mentale d’une part, et la diversité des interventions possibles, selon une approche scientifique, d’autre part.

3. Une reconnaissance par l’INAMI de TOUS les psychologues cliniciens

Dans le décours de la crise sanitaire, un financement structurel des soins psychologiques de première ligne a vu le jour (+- 150 millions d’euros) auquel sont venus s’ajouter récemment des remboursements pour la prise en charge de personnes souffrant de différentes complications liées au Covid long. Il aura fallu attendre une crise sanitaire sans précédent pour que nos Autorités s’intéressent a minima à la santé mentale ! C’est un début encourageant mais totalement insuffisant quand on sait que ce budget ne couvre que 10% des besoins de la population en soins de santé mentale. La majorité des patients et les collègues qui les prennent en charge ne verront donc pas leur situation s’améliorer. L’efficience du remboursement des soins psychologiques doit tenir compte des divers contextes dans lesquels interviennent les psychologues cliniciens.

Si nous voulons améliorer en profondeur et durablement la santé mentale de la population, il sera essentiel d’offrir une perspective en rendant plus accessibles les autres formes de soins psychologiques (par exemple, les psychodiagnostics, les soins psychologiques spécialisés dispensés en milieu hospitalier, la réhabilitation psychosociale, les psychothérapies, …).

4. La mise en place d’une année de pratique professionnelle supervisée visant à améliorer la formation des psychologues cliniciens

L’accompagnement de la pratique par des pairs expérimentés est incontournable pour tout jeune qui débute en tant que psychologue clinicien. Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la reconnaissance de la psychologie clinique en 2016, l’accomplissement d’une année de pratique professionnelle supervisée est devenu un des critères pour pouvoir exercer légalement la psychologie clinique en Belgique.

Cette mesure devait entrer en vigueur en 2022. Faute de lieux et de maîtres de stage, elle a été reportée à deux reprises et sera donc obligatoire pour les étudiant.e.s qui obtiendront leur diplôme en 2024. Comme pour les médecins, ce stage s’obtient après l’obtention du diplôme de master. Les stagiaires ne peuvent donc plus bénéficier du statut d’étudiant.e. Comme pour les médecins et comme dans les autres pays européens, ce stage devra être organisé et financé séparément.

Plusieurs problématiques se posent : le nombre élevé d’étudiant.e.s, la capacité d’accueil de nos facultés, la nécessité d’une planification des soins pour notre profession,… L’UPPCF souhaite élaborer un plan directeur pour l’ensemble de notre discipline en collaboration avec les facultés et les politiques.

5. Une formation continue tenant compte de l’évolution de la psychologie

La psychologie clinique est une discipline en évolution constante. Il est donc crucial de veiller à ce que ces récentes connaissances issues de la recherche scientifique puissent être diffusées sur le terrain. En Belgique, nous disposons d’excellentes facultés de psychologie qui jouissent d’une renommée internationale. Les étudiant.e.s bénéficient des dernières avancées de la recherche. Cependant, lorsque les étudiant.e.s quittent l’université, nous constatons que les collègues, pour diverses raisons, ne parviennent plus à accéder à cette recherche scientifique. Il est donc très important que nous investissions dans ce domaine en mettant en place un système de formation continue et que nous y accordions une attention particulière lors du déploiement des futurs financements.

En conclusion, en déployant des budgets dans le secteur de la santé mentale, l’INAMI tend à stimuler une pratique clinique dans la communauté et en concertation avec les autres prestataires de soins. Plus largement, les politiques qui se dessinent dans le cadre de la septième réforme de l’État tel que le « plan interfédéral soins intégrés » amènent à ce que la pratique multidisciplinaire devienne la norme. Ceci implique que les psychologues clinicien.ne.s seront incité.e.s à modifier, voire repenser leur paradigme de pratique.

Dans un tel contexte, l’UPPCF est vivement concernée par le défi que cela représente, à commencer par le fait de ne pas s’éloigner de la spécificité de notre pratique clinique. La qualité de la relation thérapeutique est primordiale. La question du secret professionnel partagé, inhérente à la pratique multidisciplinaire, est un exemple de point d’attention sur lequel nous nous penchons. Il est fondamental que nous puissions ensemble rester forts autour des définitions de notre identité clinique et de la nécessité à ce qu’elle persiste.

Quentin Vassart, président de l’UPPC

Pour lire le plan pluriannuel de l’UPPCF, rendez-vous sur ce lien.



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