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Les résolutions 2023 pour la logopédie

16/01/23
Les résolutions 2023 pour la logopédie

Nous avons franchi la barrière de 2023 depuis quelques jours et comme le veut la tradition, il est temps de prononcer des résolutions, que l’on souhaite voir réalisées au cours des mois à venir. Alors, la logopédie de rêve en Belgique en 2023, c’est quoi ?

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Les portes de 2022 se referment et avec elles, des bouleversements pour le moins inédits dans notre profession de logopède.

Profession paramédicale de soins de santé peu connue dans certains de ses aspects, la logopédie a pourtant fait parler d’elle ces derniers mois.

Le terrain et les associations professionnelles, qui tiraient la sonnette d’alarme depuis longtemps, ont dit STOP.

STOP aux cabinets qui mettent la clé sous la porte, aux collègues qui quittent le secteur s’ils.elles veulent s’en sortir. STOP aux incohérences des textes sensés régir notre exercice. STOP au manque de connaissance et de considération de notre pratique, qui est pourtant amenée à aider tout citoyen, du nouveau-né au sénior, en fonction des – nombreuses – pathologies que nous traitons.

Un déconventionnement massif en juillet, du jamais vu dans le monde du soin en Belgique, et des revendications légitimes ont donc largement marqué les esprits en 2022.

Le combat ne s’arrête pas là, évidemment, et des initiatives pour améliorer les choses sont déjà en cours.

Voici les résolutions 2023 pour la profession de logopède !

1. Solidarité et entraide au sein du secteur

Les mois passés ont vu un élan de solidarité extraordinaire se mettre en place entre des logopèdes du Nord et du Sud du pays, tous régimes et tous âges confondus. Lorsque certains vivaient des situations extrêmement difficiles, ils pouvaient compter sur la présence de confrères et consœurs. Des échanges de conseils avisés, parfois un simple mot de soutien, une écoute attentive ont permis à nombre de logopèdes de tenir malgré les pressions subies au quotidien.

Malgré les risques que ce choix comportait, près de 60% des praticiens se sont déconventionnés pour soutenir les revendications. On pouvait lire çà et là des messages bienveillants et des encouragements, venant même d’autres professions de soins de santé et de nos patients, nos principaux alliés.

Alors, souhaitons tout d’abord que cette entraide et cette bienveillance se pérennisent pour continuer de faire bloc, tous ensemble.

2. Une meilleure connaissance de nos actes et de notre profession

Force est de constater qu’aux yeux du grand public et parfois du monde médical, la plupart de nos actes restent méconnus. On sait, certes, que nous travaillons avec les enfants qui rencontrent des difficultés pour développer le langage de manière harmonieuse ou avec ceux qui ne parviennent pas à apprendre à lire. On connait aussi généralement notre intervention auprès des personnes bègues.

Par contre, les patients sont souvent étonnés quand on leur prescrit un traitement logopédique dans le cas d’une dysphonie ou après un AVC. Encore dernièrement, on rencontrait une dame souffrant de dysphagie qui, bien qu’ayant exercé dans un milieu médicalisé, n’aurait jamais pensé récupérer une prise alimentaire normale grâce à la logopédie.

Nous sommes pourtant les plus à même de traiter ces pathologies, de par nos connaissances pointues nous permettant d’analyser les dysfonctionnements et les besoins du patient.

Une deuxième résolution serait donc de mieux faire connaître notre profession et que pour chaque pathologie où notre intervention est essentielle, les patients soient directement orientés vers nous, afin d’obtenir un avis éclairé d’une part et des soins ciblés et de qualité d’autre part.

 Découvrez le podcast d’Auriane, logopède

3. Le développement d’une pratique toujours plus à la pointe

Dans le monde médical, on fait de plus en plus référence à une evidence based practice. Et la logopédie n’est pas en reste.

Spécialité en renouvellement constant, elle fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques, d’études permettant notamment de valider les moyens d’évaluation et de traitement les plus efficaces.

La formation initiale est riche et exigeante. Elle demande un investissement conséquent des étudiants. Quant à la formation continue, elle est indispensable pour tout prestataire qui souhaite maintenir la qualité de son exercice professionnel.

Nous pouvons dès lors souhaiter à la logopédie que la formation initiale continue d’évoluer et que les praticiens gardent à cœur de se former tout au long de leur carrière en veillant toujours à actualiser leurs connaissances. Il est également indispensable que chacun connaisse ses forces, ses limites et ses biais et soit en mesure de référencer les bons intervenants en fonction des besoins des patients.

4. La revalorisation de nos conditions d’exercice : honoraires, simplifications administratives, révision de la nomenclature

Revendications majeures de l’année écoulée, elles sont plus que jamais d’actualité.

En 2023, il faut que les choses bougent et que les logopèdes puissent bénéficier d’un honoraire décent, déterminé grâce à une meilleure connaissance de notre pratique et de notre réalité de terrain.

Il est également temps de se pencher sur les aberrations administratives qui jalonnent la demande d’un accord pour un remboursement des soins logopédiques. Entre des délais de traitements des dossiers toujours plus longs et des exigences parfois complètement incohérentes avec les pathologies concernées, entamer un traitement logopédique s’apparente à un véritable parcours du combattant pour nombre de patients.

Et résolution on ne peut plus attendue, que notre nomenclature soit enfin révisée en profondeur pour répondre au mieux aux besoins de soins des patients et soutenir la qualité de la pratique professionnelle.

5. Une accessibilité aux soins renforcée pour permettre à tout patient de suivre le traitement dont il a besoin

Cette résolution, nous la souhaitons pour 2023 et aussi pour toutes les années suivantes.

A l’heure actuelle, tous les soins en logopédie ne font pas l’objet d’un remboursement auprès de l’INAMI et ne sont d’ailleurs même pas tous repris dans notre nomenclature. Ce constat a des conséquences dramatiques car certains patients n’ont alors pas la possibilité d’être soignés.

En 2023, chaque patient autiste rencontrant des troubles de la communication et du langage devrait pouvoir bénéficier d’un traitement logopédique, chaque enfant souffrant d’un trouble alimentaire pédiatrique devrait pouvoir apprendre à se nourrir sans risques, chaque adulte atteint de démence devrait pouvoir être accompagné pour maintenir ses capacités cognitives et de communications et limiter les impacts fonctionnels. Ce ne sont que quelques exemples mais ils reflètent les failles de notre système de soins de santé actuel.

Ne dit-on pas communément « Bonne année et bonne santé » au moment de présenter ses vœux ? Une bonne santé, cela se construit ensemble, partenaires des soins de santé, pouvoirs législateurs et citoyens. Souhaitons la meilleure santé possible au secteur de la logopédie et surtout à tous les patients qui en dépendent.

Annabelle Duval, logopède

 Découvrez notre dossier dédié à la profession de logopède



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