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Les infirmiers indignés par la délégation des actes : “Le mépris est omniprésent !”

06/11/20
Les infirmiers indignés par la délégation des actes :

Ce jeudi, la chambre a adopté une loi autorisant des infirmiers à déléguer leurs tâches à des personnes non qualifiés. Cette décision provoque un tollé général parmi les acteurs de terrain.

[DOSSIER]
 La Chambre adopte la délégation des actes infirmiers : colère de la profession !
 Un infirmier organise un “ras-le-bol" collectif sur Facebook

En pleine crise sanitaire, la chambre a adopté en urgence ce jeudi une proposition de loi autorisant la délégation d’actes infirmiers à des personnes non qualifiées. Cette loi suscite l’incompréhension et le désarroi : “Comment croire qu’une telle mesure puisse être entendue par les professionnels de la santé alors qu’ils n’ont toujours pas vu de concrétisation des annonces du politique ou de leurs revendications portées depuis tant d’années ?” s’interroge le SETCa. La CNE, quant à elle, est abasourdie : “Comment la classe politique n’a-t-elle pas encore compris qu’il ne s’agit pas de prendre des mesures techniques générales qui répondent à quelques situations spécifiques certes importantes, mais qui créent un malaise et une démotivation dans l’ensemble des professions de soin ?”

“Des pions remplaçables, interchangeables, corvéables”

“Nous demandons plus de moyens et voilà comment on nous répond. De Wilmès à la Vivaldi le mépris est omniprésent !”, s’exclame le mouvement Santé en Lutte. “Le gouvernement qui n’a absolument rien anticipé pour la deuxième vague impose aux soignants une dérégulation de leur métier ! Un métier n’est pas juste une liste d’acte délégable ! C’est un tout cohérent, celui de soins dans ce cas-ci", poursuit-il. Pour l’organisation, cette décision prouve une fois de plus le dédain total du gouvernement à l’égard du personnel des soins de santé : “L’Etat nous prend pour des pions remplaçables, interchangeables, corvéables, sans considération pour nos métiers, que ce soit celui d’infirmière, d’aide-soignante, de technicienne de surface, de brancardier ou autre.”

"C’est comme si notre diplôme ne valait rien”

Les mouvements sociaux pointent du doigt le manque de considération quant au travail effectué par les infirmiers. L’association belge des praticiens de l’art infirmier (acn) s’indigne notamment de la liste minuscule des 5 actes infirmiers interdits à la délégation : “La pratique infirmière est-elle donc tellement facile et accessible que 95% des actes peuvent être délégués à des non praticiens ?” De même, la CNE a reçu quantité de plaintes du style : “Donc, je dois faire 4 ans d’études uniquement pour pouvoir réaliser les actes exclus des actes délégables !” ou encore “C’est comme si on nous disait que notre diplôme ne valait rien.”

Des questions sans réponse

La proposition de loi adoptée en urgence soulève de nombreuses questions. Voilà ce que la CNE a relevé :

  • Le manque de personnel dépend de multiples facteurs comme le nombre de patients et les soins nécessaires ainsi que la disponibilité des soignants. Le risque est alors de choisir la facilité en délégant à du personnel non qualifié.
  • La notion d’équipe structurée est vague : un infirmier coordinateur et un non infirmier ? Toujours le même infirmier coordinateur pour le même non infirmier ? Or, dans les services, la composition des équipes n’est pas fixe. Dans ce contexte, on ne peut garantir la disponibilité de l’infirmier coordinateur.
  • L’acte de délégation impose à chaque infirmier de déléguer à un personnel non infirmier. Ce n’est pas une responsabilité individuelle mais une responsabilité organisationnelle qu’il faudrait mettre en place.
  • L’idée d’une délégation “à des tiers” est flou. C’est qui ? Où ? Quand ?

“Nous devons réagir et ne pas brader notre métier !”

Suite à cette nouvelle, divers acteurs de terrain se sont exprimés sur leurs revendications et les mesures indispensables à prendre contre cette loi. Voici les suggestions de la CNE :

  • La suppression de TOUTES les tâches administratives et logistiques au personnel infirmier
  • L’établissement d’une liste précise des actes délégables et par la suite, des actes non délégables
  • L’exclusion des délégations dans les services intensifs, d’urgence, Salles d’Op, et COVID
  • Effectuer une différenciation entre les personnes qualifiées comme les étudiants en soins infirmiers et les personnes non formées

Voici un résumé des remarques faites par l’ACN pour éviter la dévalorisation du métier et maintenir l’accessibilité des soins :

  • La notion de médecin ne doit pas apparaitre à côté de l’infirmier responsable
  • L’infirmier coordinateur doit veiller à une formation adaptée en fonction de l’expertise de la personne qui aura été évalué au préalable
  • Cette formation doit être réalisée par un infirmier, et non un médecin
  • La liste des prestations interdites à la délégation est beaucoup trop courte
  • Le terme de qualitatif est inapproprié. En quoi est-ce qualitatif de remplacer un infirmier par quelqu’un de non qualifié ?


Commentaires - 3 messages
  • Comment est-il possible de refuser d'entendre la profession unie via l'UGIB UNION Générale des infirmiers de Belgique

    Coronaf lundi 9 novembre 2020 19:17
  • C'est effectivement honteux, scandaleux et injurieux pour la profession d'infirmier.e !
    Je soutiens ces professionnels de santé qui méritent notre respect et notre considération.
    Quentin Vassart, président de l'Union Professionnelle des Psychologues Cliniciens Francophones (UPPCF) et ancien infirmier

    Quentin Vassart mardi 10 novembre 2020 16:17
  • Pauvre pays, je suis infirmier en pré retraite depuis 2014 et je trouve inqualifiable le sort réservé à notre profession et aux soins de santé en particulier . Il ne faudra pas reprendre en fin de pandémie comme avant . Ces nouveaux hoptitaux, au main de financier, qui ressemblent à des centres commerciaux et où le patient n'a rein à dire ...

    Jacroat dimanche 28 février 2021 15:43

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