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Aide-soignante : pourquoi j’ai choisi ce métier ?

29/04/25
Aide-soignante : pourquoi j'ai choisi ce métier ?

De la périnatalité aux soins palliatifs, en passant par les urgences… Dans cette chronique, je vous livre le récit sincère d’un parcours de vie jalonné de rencontres, de déclics et d’engagement. À travers ma reconversion en tant qu’aide-soignante, j’interroge nos rêves d’enfant, notre rapport aux autres… et à la vocation.

Lorsque nous étions enfants, la plupart d’entre nous voulions être ballerine, astronaute, explorateur ou super héros. Voir même tout ça à la fois ! Mais, nous n’avons pas pu ou voulu continuer vers ce rêve, parce que bien souvent, on nous demandait de faire un choix ou de revenir à la réalité.

Puis un jour, on se rend compte que l’on fait exactement ce que l’on voulait ! Je vous l’accorde, en général l’intitulé du poste ne fait pas autant rêver que celui que nous voulions faire étant enfant. Par contre, l’excitation et l’émerveillement sont identiques, lorsque né ce sentiment d’être enfin à notre place.

Même si parfois, cela peut prendre du temps et des chemins complètement inattendus…

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Une personne et votre monde change

Nous nous sommes rencontrés il y a 15 ans. Un sourire, un bonjour et ma vie ; nos vies ont basculé.

Nous sommes passés de l’inconnu à la complicité la plus douce, des cris aux mots chuchotés, des larmes aux éclats de rire. Nous avons vécu, appris et partagés beaucoup de moments inoubliables ensemble. Sans qu’il ne le sache, lui et ses parents ont été les déclencheurs de mon appétence pour le prendre soin.

De diplômée d’arts visuels à vendeuse, je me suis retrouvée gouvernante d’un petit garçon exceptionnel dans une demeure presque aussi exceptionnelle.

Homme d’affaires souvent en déplacement à l’étranger, le papa était extrêmement attaché à son fils. La maman, semblait effrayée à l’idée de rester seule avec son fils. Puis l’enfant. Aucun cadre, des liens affectifs conflictuels, une communication construite de cris et de pleurs.

Avec le temps, les caractères et les fragilités se sont rendus de plus en plus visibles et les relations ont évolué. Pour l’enfant, j’étais devenue une figure maternelle de substitution, auprès de laquelle il trouvait une sécurité et stabilité émotionnelle. La maman était d’une ambivalence constante. Un jour proche et confiante, le lendemain distante et condescendante. Comme si, j’étais tour à tour sa confidente et sa Cendrillon. Du côté du père, il a eu une forme d’attachement affectif qui à commencé à émerger et évoluer…

Il était temps pour moi de me préserver et partir !

J’ai attendu que le petit d’homme soit prêt et rentre à l’école maternelle. Ensuite, je m’en suis allée.

Soignante de l’esquisse de la vie à l’évanouissement de celle-ci

Avant de partir, j’avais expliqué au petit d’homme, qu’Isabelle s’en allait pour aider et prendre soin d’autres petits enfants. C’est ce que j’ai fait ! Avant toute chose, je voulais compléter mon savoir empirique avec des connaissances académiques.

L’évidence pour moi, était de pouvoir offrir un accompagnement complet aux familles, dès le début. C’est-à-dire dès la grossesse. En parallèle de ma formation d’auxiliaire de l’enfance, je me suis perfectionnée en massothérapie périnatale, cours de massage bébés et formée comme accompagnante à la naissance. Cela permet d’apporter aux (futurs) parents une certaine réassurance sur leurs capacités et rôles.

Après 8 ans à être la compteuse aux voix multiples, le sas de décompression émotionnelle (tant pour les enfants que les parents) ou encore le rassurant et confortable fauteuil humain ; je décide de faire une pause.

À peine avais-je terminé mon contrat de travail, que ma mère tombe gravement malade. La mélodie des comptines à été remplacée par celle des ambulances. Pendant des mois, j’ai passé mes journées à l’hôpital. Un matin, je passe devant l’accueil avant d’emprunter le couloir vers la revalidation et mon regard s’arrête sur un dépliant, "Devenir bénévole à l’hôpital".

Il ne m’a pas fallu très longtemps pour prendre une décision, puisque le lendemain, j’allais rencontrer la responsable des bénévoles. Si ma présence et mon sourire pouvaient aider ou soulager certaines personnes, alors pourquoi hésiter ?

J’ai commencé à l’accueil et l’orientation des patients. Quelque temps, plus tard, le service que je rêvais d’intégrer et qui en même temps m’effrayait, avait besoin d’une bénévole.

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Les urgences !

L’infirmier qui avait pris en charge ma mère quelques mois auparavant, m’avait marqué. Sa gentillesse et son humour malgré la situation, ont adouci mon avis sur les soignants. Ma vision de l’hôpital avait été altérée lors d’un passage aux urgences d’un autre hôpital. La froideur et l’ironie des soignants m’avaient choquée. D’ailleurs, leur attitude a fait qu’ils soient passés à côté du diagnostic de ma mère. Un diagnostic avec un pronostic vital engagé.

Je suis donc allée faire un essai dans le service des urgences. Sans réfléchir, mais la boule au ventre tout de même !

Sincèrement, dès les premiers patients, je n’avais qu’une envie (ou plutôt deux) : me faire toute petite et partir ! Je pensais que ma présence n’était pas légitime et que ce que je faisais était si insignifiant par rapport aux soins dont les patients avaient besoin.

Pourtant, ce sont les patients et leurs familles qui ont transformé ce "si insignifiant" en "si important".

Dans ce service, j’ai fait partie de tellement de vies…

Certaines luttaient contre la douleur avec peur ou résilience. D’autres acceptaient le voile de la mort les envelopper, alors que quelques braves étaient de véritables David contre Goliath ! Chaque patient et chaque histoire étaient singulièrement différents.

Être au cœur de la vie, être le souffle que ces patients n’arrivent plus à reprendre, le soutien qu’ils n’espéraient plus, le bras qui les entoure et les aide à tenir debout. Le rire qui leur permet de s’évader un instant de leur lit d’hôpital. Tout ça, m’a fait me sentir à ma place.

Pendant 2 ans, l’hôpital est devenu ma deuxième maison. La suite logique a été d’obtenir mon diplôme d’aide-soignante.

Mon bagage dans le domaine de la périnatalité, petite enfance, des urgences et des soins palliatifs (stage, formations, bénévolat), ne fait pas de moi une personne dispersée, mais une soignante avec une vue d’ensemble. Ce qui me permet de prendre soin des patients de l’esquisse de la vie à l’évanouissement de celle-ci.

Rêve d’enfant et métier d’aujourd’hui

Lorsque j’étais enfant, je voulais être fleuriste, chanteuse, actrice, princesse et photographe portraitiste. Finalement, je suis tout ça à la fois !

Du moins chaque aspect qui m’attirait dans ces métiers, se retrouve dans ce que je fais actuellement.

  • Si l’on y regarde de plus près, je voulais être fleuriste pour donner le sourire aux gens.
  • Chanteuse pour avoir une voix, des paroles qui touchent les cœurs et font réfléchir.
  • Être actrice dans le but de découvrir, apprendre et faire de nouvelles choses en permanence.
  • Devenir princesse avec l’intention de prendre soin des autres en leur donnant espoir et dignité. Tout en agissant avec diplomatie auprès des différents pouvoirs, en gardant ma dignité et l’amour de mon travail.
  • Puis photographe portraitiste pour capturer les instants de connexion et communication sans parole.

Vous, qu’avez-vous préservé de vos rêves d’enfants dans votre métier actuel ?

Z.I.K.
Soignante



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