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Quand les bouffées d'oxygène disparaissent

24/08/17
Quand les bouffées d'oxygène disparaissent

Travailler dans les secteurs de la santé mentale, de la psychiatrie, de la protection à l’enfance vient souvent solliciter le travailleur au plus profond de son être. Il est donc parfois nécessaire de faire le point, de se ressourcer et/ou d’aller voir ailleurs. Jusqu’il y a peu de temps, demander un crédit-temps à son employeur permettait de s’offrir cette bulle d’oxygène. La loi entrée en vigueur le 1er avril 2017 enlève cette option. Quelles autres alternatives reste-il ?

Le crédit-temps permettait d’interrompre, pour maximum une année, son activité professionnelle et de profiter de cet arrêt pour aller exercer son savoir et ses compétences dans une autre structure. Depuis le 1er avril, le crédit–temps est soumis à des conditions précises (soin à un membre de la famille ou formation) et ne permet dès lors plus de quitter son emploi pour une période déterminée sans justificatif familial ou de formation.

Crédit-temps versus pause carrière

Le crédit-temps présente un avantage indéniable : l’employeur est obligé d’accorder ce temps d’arrêt à son employé. Il peut l’informer que la période demandée ne lui convient pas, mais il ne peut en aucun cas refuser cette demande. La pause–carrière, contrairement au crédit-temps, n’est pas un droit mais une faveur que l’employeur accorde à son travailleur. Aujourd’hui, l’employé(e) peut donc toujours demander une pause carrière à son employeur, mais sans aucune certitude que sa demande soit acceptée. Il n’est donc plus aussi aisé de s’offrir un temps pour se questionner sur son activité professionnelle, pour remettre sa pratique en perspective au vu de ce qui se fait ailleurs ou, pour le temps d’une année, d’exercer son métier dans une autre structure. La belle époque est révolue !

Se former

Depuis le 1er avril, le crédit-temps sans motif a disparu ; il est néanmoins toujours possible de le demander pour des visées formatives. S’offrir une bulle d’oxygène au travers d’une formation reste donc une option. Un employé peut réduire son temps de travail ou arrêter son activité professionnelle afin de suivre une formation. Bien que cette option existe, elle n’est que peu utilisée. La formation a déjà très souvent un coût élevé, il est donc souvent difficile pour un employé d’imaginer en plus subir une diminution salariale.

Bouger en interne

Dans certaines structures, il est possible de se ressourcer en développant un projet spécifique, d’intégrer une autre équipe (par exemple en travaillant avec des enfants plus jeunes ou plus âgés). Cette option, bien qu’elle existe dans certaines équipes, n’est malheureusement pas l’apanage de toutes les institutions. Dans le monde psycho-social, les mandats sont souvent très spécifiques et précis et les équipes se spécialisent dans l’un ou l’autre secteur. Bouger en interne, si cela peut être une solution pour se ressourcer, n’est pas toujours aisé.

Réduire son temps de travail… et ouvrir une consultation

A défaut de pouvoir s’octroyer une pause carrière ou de se lancer dans un nouveau projet dans la structure actuelle, il est toujours possible de réduire son temps de travail et de démarrer une pratique privée. Nombre de soignants jonglent entre une pratique institutionnelle et l’exercice de leur métier en libéral. Cet équilibre est d’ailleurs très souvent mis en avant comme très positif par le sujet, qui y trouve un véritable épanouissement professionnel.

Quitter son emploi

La dernière option, mais aussi la plus radicale, consiste à changer de travail. Après 10 années à travailler dans la maltraitance, auprès des patients souffrant de troubles alimentaires ou dans la prise en charge des relations précoces mère/bébé, le soignant peut avoir envie de découvrir un autre secteur. Par exemple, passer d’un travail de psychologue dans une unité de pédopsychiatrie, à un emploi dans une structure qui accompagne les familles d’accueil, peut constituer un changement suffisant pour ressourcer un travailleur. Découvrir une nouvelle équipe, une nouvelle manière de travailler et une nouvelle clinique permet à l’individu de se formuler de nouveaux challenges et de sortir de sa routine.

V.B, psychologue clinicienne

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Commentaires - 1 message
  • Bel article! je regrette simplement la difficulté Í  retrouver un emploi mi-temps et Í  changer de secteur pour les psychologues : trop de cloisonnement, cout excessif des formations.

    Ninn samedi 26 août 2017 15:09

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