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Pourquoi s’engager dans une union professionnelle ?

21/02/23
Pourquoi s'engager dans une union professionnelle ?

UPBPF, UPPCF, UKB... Il existe de nombreuses unions professionnelles dans les secteurs de la santé et du social. Leurs missions ? Défendre les travailleurs et œuvrer à l’évolution de leur profession respective. Le Guide Social est parti à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent bénévolement au sein de ces structures. Ils nous ont confié les motivations qui les poussent à consacrer une partie de leur temps libre à la défense et à la valorisation de leur métier.

Les unions professionnelles sont des organisations qui regroupent des travailleuses et travailleurs d’un même secteur d’activité. Elles ont pour but de défendre les intérêts professionnels et sociaux de ses membres, de les représenter dans les relations avec les pouvoirs publics, les autres organisations et peuvent également proposer des services tels que des formations, des conseils juridiques, des conférences, etc.

Et, ces structures ne seraient rien sans leurs forces vives ! Le Guide Social a ainsi cherché à en savoir plus sur les motivations qui poussent certains professionnels à consacrer une partie de leur temps libre, bénévolement, à l’engagement auprès d’unions professionnelles.

Reconnaissance du métier et réflexions théoriques

Anne Picin, psychomotricienne depuis 2021, exerce en institution et en libéral. Elle a rejoint l’Union Professionnelle Belge des Psychomotriciens Francophones (UPBPF) en tant que responsable de la commission « Revue » et membre de la commission des « Relations extérieures » : « La revue « Reliance psychomotrice » est réalisée par des psychomotriciens pour les psychomotriciens. Elle prolonge les journées d’étude que l’on réalise tous les ans. La revue, publiée une à deux fois par an, traite de sujets assez vastes qui touchent au monde de la psychomotricité. La commission « Relations extérieures » concerne toutes les activités que l’on met en place afin de faire reconnaître le statut de psychomotricien. Son rôle est politique et juridique. »

En effet, le statut de psychomotricien n’est toujours pas reconnu officiellement à l’INAMI, ce qui impacte le taux de remboursement des séances de psychomotricité. C’est un fait qui touche particulièrement Anne Picin et qui a été moteur dans son engagement au sein de l’union : « La reconnaissance du métier permettra de rendre les séances plus accessibles financièrement. Le remboursement pourra permettre aux parents d’être plus à l’aise quant au suivi des séances. »

La volonté de mettre à profit ses compétences en dehors de la pratique de son activité de psychomotricienne a également été une raison de son engagement : « Avant d’être psychomotricienne, j’ai beaucoup travaillé dans la mise en page et le graphisme : compétences que j’ai voulu mettre au service de l’union, en particulier dans la commission « Revue. »

L’union fait la force !

Pour Anne Picin qui exerce en tant que libérale, faire partie de l’UPBPF est l’occasion de se sentir appartenir à un corps de métier : « Grâce à l’union, je me sens moins seule. Je peux penser ma pratique avec les autres. On a une base commune de réflexion mais des pratiques individuelles et donc différentes. On peut échanger et s’entraider. C’est ce que m’apporte aussi la direction de la revue. Elle me permet de nourrir ma réflexion théorique et soutenir l’investigation de différents champs de recherche auprès de mes collègues. »

Faut-il le rappeler ? Ce type d’engagement relève du bénévolat. La question du temps est donc primordiale. Pour la psychomotricienne : « A la commission « Revue », l’engagement est assez important. Il demande beaucoup de temps et de disponibilité. En moyenne, il faut compter deux bonnes heures par semaine, avec une fluctuation en fonction des semaines. » Par contre, le statut de simple membre à la commission « Relations extérieures », donne lieu à un engagement moins important et relève de 30 minutes à une heure par semaine : « Chacun donne ce qu’il peut et ce qu’il a envie. A la commission « Revue », on peut faire de la relecture par exemple. On part des envies du bénévole, de ce qu’il peut donner et de ce qu’il veut faire, comme dans les pratiques des psychomotriciens. On est cohérent jusqu’au bout dans notre démarche ! » (rires)

Défense du métier et mise à disposition de ses compétences

Sabine Vandencasteele est étudiante en psychomotricité en dernière année au CESA (Centre d’Enseignement Supérieur pour Adultes) en collaboration avec l’Helha (Haute Ecole Louvain en Hainaut). Lors de notre échange, elle était sur le point d’obtenir son diplôme : « Je défends mon travail de fin d’étude vendredi prochain. » A 41 ans, elle a entamé une reconversion professionnelle du monde de l’art vers la psychomotricité. En parallèle de ses études, elle occupe toujours un poste administratif dans le milieu de l’art. Elle nous précise qu’elle a également été guide de musée et professeur en école de danse : « La relation aux enfants et aux mouvements était fort présente. Je l’ai perdu dans le travail administratif que je réalise aujourd’hui, c’est pourquoi je me suis tournée vers les études de psychomotricité. »

Dès la première année, elle rejoint l’UPBPF d’abord par une affiliation en tant que membre : « Au début, je me disais que je donnerai un coup de main quand j’aurai fini mes études. Finalement, les postes en trésorerie et secrétariat se sont libérés l’année passée, je me suis donc proposée pour le secrétariat. Comme je travaille avec beaucoup d’ASBL, je connais le fonctionnement. Ainsi, pour ce poste, ce sont mes compétences passées qui sont utiles à l’union. »

Quand on lui demande quelles ont été ses motivations à la rejoindre, elle souligne qu’elle possède une personnalité prompte à s’impliquer au sein de l’associatif. Cette volonté d’engagement lui apporte un enrichissement personnel à travers les rencontres qu’elle réalise. D’autant plus auprès de l’UPBPF qui amène à l’élargissement d’un réseau professionnel utile au décrochage d’un poste mais aussi en tant qu’« élément sur le CV pour démontrer son investissement. »

Ayant pour mission d’apporter des réponses aux questions des membres, sa position de secrétaire l’amène à développer de nombreux échanges avec les autres professionnels. Une Réelle opportunité d’en apprendre plus, d’échanger, de confronter les idées et ainsi, de se remettre en question : « A travers l’union, nous constituons un cercles d’experts permettant de répondre aux mieux aux questions des membres. Leurs demandes sont également l’occasion de voir les réalités du terrain. »

 Lire aussi : Psychomotricien : ce qu’il faut savoir avant de chercher un emploi

En plus de gérer la boîte mail de l’union, Sabine Vandencasteele assiste à plusieurs réunions par mois en rapport avec la défense du métier de psychomotricien. Mais comme le précisait précédemment Anne Picin, chacun et chacune viennent avec le temps qu’ils peuvent investir : « On peut aider pour des missions très ponctuelles comme des relectures d’articles ou de la mise à jour du site internet. Comme il y a un grand nombre de reconversions professionnelles, beaucoup possèdent des compétences en dehors de la psychomotricité et à l’union, on a besoin d’une multitude de talents. »

Rencontrer ses valeurs et les défendre

Pierre Gérard nous a fait part de son expérience au sein de l’Union Professionnelle des Psychologues Cliniciens Francophone (UPPCF) dont il est vice-président : « Je fais partie du comité de gestion (quatre administrateurs, ndlr) pour la gestion quotidienne de l’association et de dossiers. »

La gestion quotidienne concerne, entre autres, l’apport de réponses aux questions des professionnels et l’actualisation des nouveaux avantages dont peuvent bénéficier les membres. « Les dossiers, sur lesquels on travaille, touchent la représentation des psychologues, les remboursements INAMI, les agréments, les visas... »

Psychologue clinicien depuis 2016, son engagement a débuté dès ses années étudiantes. Lors d’un stage, il découvre le CA de l’APSIH (Association des Psychologues de la Santé et des Institutions Hospitalières), qui a intégré l’UPPCF en 2019. « C’était incroyable d’assister à des réunions de psys qui se rassemblent au profit d’autres psys. Après mon stage, j’ai continué à fréquenter le CA en tant qu’étudiant, puis je suis devenu secrétaire de l’APSIH. »

Ce qui lui a plu ? L’esprit d’entraide et de respect : « C’est notre créneau : rassembler les psys dans le respect de la diversité. On crée et on défend ensemble ! »

En tant qu’administrateur, Pierre Gérard occupe plusieurs fronts : « Je suis actif au sein du CA de la Fédération Belge des Psychologues. Je représente également les psychologues dans les dossiers qui concernent les remboursements par exemple. Je me renseigne des dernières nouveautés concernant l’obtention des agréments, des visas, des nouveaux avantages pour les membres... et je nourris les réseaux sociaux ! » Pour lui, l’engagement au sein de l’union lui permet de rencontrer ses valeurs au quotidien et de les défendre.

Un engagement à la carte

Le psychologue clinicien mentionne également que cela lui donne de l’énergie, lui permet de créer, d’être dans un mouvement permanent et de rencontrer d’autres professionnels du soin : « Cela m’offre la possibilité de faire autre chose que le travail de psychologue en hôpital que j’exerce par ailleurs. De me rendre compte de ce qu’il se passe sur le terrain d’une part et ainsi d’avoir un engagement plus méta d’autre part. » Cette implication se traduit aussi par l’organisation de conférences, la participation à des groupes de travail au niveau fédéral, régional, communautaire (FWB), et européen au travers de l’EFPA, la rédaction de newsletters…

Il y en a donc pour tous les goûts et l’engagement s’adapte en fonction de chacun.e : « L’engagement auprès de l’UPPCF peut représenter une heure par mois ou plus. Tout dépend des disponibilités des personnes. En tout cas, il est bon de savoir que l’union est composée de différents pôles : gériatrie, neuropsycho... Dans lesquels on retrouve des groupes de travail et de réflexions que l’on peut rejoindre de manière ponctuelle ou sur la durée. » Chaque groupe de travail traite des dossiers liés à l’actualité de la profession ou des thématiques plus complexes qui demandent un travail plus approfondi. Pierre Gérard conclut : « On est en demande de personnes motivées pour faire avancer les dossiers. »

 Lire aussi : Notre guide pratique pour devenir psy indépendant

Soutenir ses collègues

Yves Rallet est kinésithérapeute depuis 1973 : « En 1970, en tant que stagiaire, j’étais déjà actif au sein de l’association des Kinés de Hainaut-Namur. Il y avait, à l’époque, beaucoup de problèmes à gérer car la profession venait d’apparaître. La législation était floue et les règles de l’INAMI difficiles à suivre. Je me suis alors spécialisé dans les renseignements juridiques. Il n’y avait pas d’ordinateur donc je devais aller rechercher dans les écrits et les diverses publications. »

Ainsi, depuis de nombreuses années, Yves Rallet est secrétaire général de l’Union des Kinésithérapeute de Belgique (UKB), l’ancienne UKFGB. Son engagement, qui dure depuis une cinquantaine d’années, tient à son désir d’aider les autres professionnels dans la résolution de problèmes liés à la législation.

Ses missions principales en tant que secrétaire général résident en l’apport de renseignements et à la défense particulière et politique. En effet, Yves Rallet est membre de la cours d’appel des kinésithérapeuthes : « Quand un kiné est pris en défaut, il passe devant une cours de l’INAMI et, s’il fait appel, c’est la chambre de recours qui prend le dossier en charge. Je fais donc partie de cette chambre pour défendre la profession. »

 Lire aussi : Le métier de kinésithérapeute en Belgique : état des lieux

L’union remplacée par l’ordinateur ?

Cependant, l’UKB fait face à une perte de membres conséquente au fil des ans : « Les membres diminuent chaque année car l’ordinateur remplace les informations que je peux donner. » Il met d’ailleurs en garde concernant la désinformation que cela peut engendrer : « Quand je vois des posts sur Facebook et certaines réponses totalement fausses qui sont données, je m’inquiète de cette mauvaise information car elle peut entraîner de graves conséquences pour le numéro d’agrément des praticiens. »

Ce déficit de membres a également entraîné la perte de la place de l’union au sein du conseil INAMI, rendant l’intervention de l’UKB trop limitée pour Yves Rallet : « Il nous faut davantage d’inscriptions pour reprendre notre place, faire entendre notre voix et celle de nos membres. »

Comme les précédents témoignages le soulignent, l’engagement se réalise à hauteur des disponibilités de chacun et dans les différents pôles selon les motivations. L’UKB propose des cours de perfectionnement et de réflexions à travers la SERK (Société d’Etudes et de Réflexion en Kiné), « Kiné varia news », la revue trimestrielle mais aussi des conférences et congrès internationaux.

A. Teyssandier



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