Psychomotricien : ce qu’il faut savoir avant de chercher un emploi

Le métier de psychomotricien est aussi passionnant que varié. Des centres PMS, aux maisons de quartier en passant par les cabinets privés, les débouchés sont multiples et les secteurs à découvrir tout autant. Toutefois, tous les milieux n’offrent pas les mêmes opportunités et il est important de bien réfléchir avant de se lancer dans sa première expérience. Pour vous aider à mieux baliser vos recherches, Massimo Maiorana, président de l’Union Professionnelle Belge des Psychomotriciens Francophones (UPBPF), livre une série de conseils précieux.

Prévention, guidance parentale, thérapie... Un métier aux multiples facettes

Le Guide Social  : Où peut-on travailler en tant que psychomotricien  ?

Massimo Maiorana : Le premier champ c’est ce qu’on appelle l’éducation-prévention. Pour les enfants, cela peut être dans les milieux d’accueil de la petite enfance, dans les écoles maternelles, ou encore dans l’extra-scolaire. Par exemple, certain.es travaillent dans des écoles de danse où ils / elles font des ateliers de psychomotricité pour les tout-petits dans l’idée d’une connaissance du corps qui ira vers un mouvement dansé au fur et à mesure de leur développement.

Certains centres paramédicaux proposent aussi des activités simplement dans un sens de prévention  : c’est-à-dire l’enfant vient jouer et on observe si son développement est dans la norme, s’il n’y a pas des éléments de questionnement.

Il y a également la guidance parentale, en soutien au développement de l’enfant. Cela peut se faire en cabinet, dans les consultations ONE, dans des structures spécialisées autour de l’accueil de la petite enfance, des AMO, des crèches, etc.

Pour les adultes, la prévention se fera plutôt en cabinet. Par exemple, auprès de personnes âgées pour maintenir leur état physique ou d’adultes qui sont dans un parcours de développement personnel.

Ensuite, il y a le champ du soin avec des personnes qui ont un trouble, des difficultés dans leur corps ou dans leur bien-être corporel liés par exemple à des handicaps. Les psychomotricien.nes vont travailler dans des maisons de repos et de soins, des institutions liées au handicap, des centres de réadaptation fonctionnelle, des hôpitaux, etc.

Enfin, il y a l’aspect plus thérapeutique. Il s’agit d’un accompagnement avec des objectifs thérapeutiques, un plan de soins et un bilan plus précis. Cela peut se faire dans des cabinets privés, des maisons médicales et dans les structures du secteur de la santé mentale.

Secteurs différents, demandes inégales...

Le Guide Social  : Est-ce compliqué de trouver un emploi en tant que psychomotricien.ne ou bien y a-t-il une forte demande ?

Massimo Maiorana :  Il y a une disparité dans la demande selon les secteurs. Ce sera plus compliqué de trouver un emploi dans les maisons de repos et de soins, dans les hôpitaux en pédiatrie et néonatologie car il y a moins d’offres d’emploi, même si c’est tout à fait possible d’y travailler. En revanche, dans le secteur de la santé mentale, il y a beaucoup plus de demandes.

Aussi, avec la réforme Milac, au niveau de la petite enfance, les psychomotricien.nes peuvent être engagé.e.s en tant que personnel PMS des milieux d’accueil de la petite enfance. Les accueils de la petite enfance commencent à avoir plus de demandes.

Enfin, le secteur où il y a le plus d’opportunités c’est celui du cabinet privé, en consultation. Quand il y a un nouveau centre paramédical qui ouvre, très régulièrement il y a de la demande pour de la psychomotricité. Et ce, partout en Belgique.

Le Guide Social  : Est-ce qu’il y a des différences entre les régions  ?

Massimo Maiorana  : C’est plus facile de trouver des emplois en tant que salarié.es dans des institutions dans les grandes villes. Et c’est clair qu’à Bruxelles ce sera plus simple de trouver des emplois dans des secteurs où il y a généralement peu d’offres.

En revanche, dans des zones plus reculées, on trouvera encore plus vite de l’emploi comme indépendant.e ou dans des services de proximité qui viennent en aide à la population comme des AMO, des maisons de quartier, etc.

Le Guide Social  : Comment explique-t-on que dans certains secteurs comme les hôpitaux ce soit plus difficile de trouver du travail  ?

Massimo Maiorana  : C’est lié à la non-reconnaissance du métier et à son histoire. C’est un métier jeune, les premières formations n’ont que 40 ans et le bachelier a dix ans tout pile. L’histoire fait que certains secteurs ont été très vite investis ou ont été fort en demande quand ils ont découvert la psychomotricité. Parallèlement, du fait de la non-reconnaissance, d’autres secteurs ont engagé des personnes avec une spécialisation en psychomotricité et un autre métier de base. Par exemple, dans l’enseignement spécialisé, il faut un diplôme de kiné pour pouvoir être engagé en tant que psychomotricien.ne.

Désormais, en hôpital, avec le nouveau système IFIC, il y a une définition de fonction du psychomotricien.ne et c’est un peu plus facile d’en engager.

– Lire aussi : Salaire : combien gagne un psychomotricien un Belgique ?

« C’est important d’essayer de sentir les publics qui nous plaisent, les secteurs qu’on met en questionnement et ceux qu’on préfère mettre de côté. »

Le Guide Social  : Dans une enquête que vous avez récemment publiée, on constate que beaucoup de psychomotricien.ne cumulent plusieurs emplois. Est-ce inévitable  ?

Massimo Maiorana  : En effet, lors de notre dernière enquête, il ressortait que moins de la moitié des psychomotricien.nes sont uniquement indépendant.es et les autres cumulent des temps partiels ou des statuts indépendant et employé.

Les emplois à temps plein et indéterminé existent, ce n’est pas rare mais ce n’est pas la majorité. Quand on sort des études, il ne faut pas s’attendre à trouver cela tout de suite, même si c’est possible. Dans la majorité des cas, c’est du cumul. Ce sont parfois même quelques heures en crèche, quelques heures dans un centre paramédical et quelques heures dans une institution. Mais les choses évoluent et c’est de moins en moins le cas.

En cumulant les postes, les psychomotricien.nes découvrent la richesse du métier et beaucoup restent dans ce système parce que ça leur convient. Cela donne une diversité assez salutaire, une rythmicité intéressante.

Le Guide Social  : Que conseilleriez-vous aux personnes qui finissent leurs études et qui vont se lancer dans la recherche d’un emploi  ?

Massimo Maiorana : Les secteurs sont très larges donc c’est important d’essayer de sentir les publics qui nous plaisent, les secteurs qu’on met en questionnement et ceux qu’on préfère mettre de côté. C’est important de faire ce tri-là, sinon on a tendance à aller vers le premier emploi et on risque de se retrouver dans une institution, avec un public ou une manière de faire qui ne nous correspond pas du tout. Avec le risque d’être bloqué.e et d’avoir du mal parfois à quitter le poste car on sait que ce n’est pas si simple de trouver un emploi en tant que psychomotricien.ne.

Ensuite, le plus efficient c’est de s’abonner à toutes plateformes d’offres d’emplois comme Le Guide Social, Indeed... parce que ça passe très souvent par ces canaux.

Enfin, il ne faut pas négliger le bouche-à-oreille. Il faut rester le plus possible en contact avec un réseau de pscyhomotricien.nes, avec les écoles, etc. Cela peut passer par les ancien.nes maitres de stage, les professeur.es, les newsletters de l’école. Il ne faut pas hésiter à construire ce réseau et à le solliciter.

Se lancer comme psychomotricien indépendant

Le Guide Social  : Quels sont vos conseils pour les personnes qui souhaiteraient se lancer comme indépendantes ?

Massimo Maiorana : Avec l’UPBPF, nous sommes en train de finaliser un guide pour les indépendant.es qui donnent une série d’étapes et de conseils.

La première chose c’est d’éviter d’être seul.e. Au départ, je conseille d’aller dans un endroit où on est dans du pluridisciplinaire et, idéalement, où il y a plusieurs.es psychomotricien.nes, dont certain.es qui travaillent depuis plus longtemps.

C’est vraiment l’idéal car cela permet d’avoir des personnes de confiance avec qui discuter des difficultés pratiques sur les factures, les patient.es, l’organisation des rendez-vous, etc. Aussi, le/la professionnel.le est face à des personnes, des familles en difficulté et il faut rester continuellement en réflexion. Cela permet donc d’avoir des conseils d’autres psychomotricien.nes mais aussi de pouvoir se confronter aux points de vue d’autres disciplines.

Ensuite, il ne faut pas hésiter à aller rapidement en supervision notamment avec des questions autour du fait de se retrouver seul.e face à un.e bénéficiaire et à son métier. Les superviseurs sont généralement des psychomotricien.nes qui travaillent depuis très longtemps et qui ont eu la possibilité de toucher à plusieurs secteurs. C’est un service payant. La plupart du temps, on les trouve par le bouche-à-oreille car cela dépend de la région où on est installé.e. Beaucoup de jeunes diplomé.es vont faire appel à d’ancien.nes professeur.es ou à des maitres de stage. Sur notre annuaire, chaque professionnel.le a la possibilité de noter s’il ou elle fait des supervisions.

Enfin, au niveau comptable il faut se tourner vers un.e professionnel.le, idéalement qui a déjà l’habitude. Notre métier est complexe au niveau administratif, par exemple au niveau de la TVA.

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Caroline Bordecq

Et pour aller plus loin :

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