Chronique d’un psy indépendant : "J’aime mon métier !"
A l’occasion de la campagne #jaimemonmétier lancée par le Guide Social, T. Persons, psychologue clinicien qui exerce sous statut d’indépendant, a pris la plume. Sa mission ? Expliquer pourquoi il aime son métier et pourquoi il ne le ferait pas autrement que sous la forme d’une profession libérale !
Il y a peu, la rédaction du Guide Social est venue vers moi avec une demande particulière. Vous commencez à me connaitre, s’il faut donner un coup de main, je ne suis pas contraire, je suis même le premier à partir au front. Du coup, tout ouïe, j’ai voulu en savoir un peu plus. Que fallait-il dénoncer ? Contre qui allais-je batailler, me courroucer ardemment ? Un politique, de l’associatif, une injustice ? Dites-moi tout pendant que j’aiguise ma plume en l’enrobant d’une saveur aigre-douce, que je calibre mes armes pour viser juste, que je prépare mes plus mauvais jeux de mots. N’en dites pas plus qu’il n’en faut : je suis prêt ! Ah… Mince… Mais vous êtes sûr qu’il n’y a pas erreur sur le casting ? Moi ? Vraiment ?
Je vous l’avoue, quand on m’a demandé d’écrire une chronique pour susciter l’envie des psy et futurs psy à devenir indépendant, je me suis dit : mais qu’est-ce que je pourrais bien leur écrire ? Généralement, je dénonce, je critique, je pisse un peu sur les murs de temps en temps – et j’en suis parfois désolé -, mais jamais je ne construis… C’est bizarre, non ? Du coup, je me suis demandé, mais en soit, T. Persons, pourquoi diantre es-tu psychologue clinicien indépendant ? Qu’est-ce qui te pousse à défendre ta profession en dénonçant semaine après semaine tout ce qui ne fonctionne pas ? Du masochisme ? De la naïveté ? Un peu de tout, certainement, mais si je dois être honnête avec vous, pour l’exercice, je pense qu’au fond de moi, j’aime mon métier et je ne le ferais pas autrement que sous la forme d’une profession libérale.
Vous me direz, oui, mais pourquoi le faire en qualité d’indépendant ? La liberté, voyons !
Certes, le chemin est parsemé d’embûches, la précarité financière peut, pour la majorité d’entre nous, nous guetter à chaque instant. Il faut jongler avec des législations contradictoires, un manque de reconnaissance criant et des partenaires multidisciplinaires variés où il est difficile de trouver sa place. C’est ardu, mais pourtant je ne ferais rien d’autre, même pour tous les films d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri. Pour plusieurs raisons. D’abord, il y a un sentiment particulier quand on est dans un métier de la relation d’aide : celui d’être utile. Cette gratification de faire quelque chose qui a du sens, c’est sympa. Pas d’aliénation au travail, des patients qui vont - pour la plupart - mieux, des rencontres nouvelles, des collaborations, des échanges. A priori, le taf de psychologue pourrait vous faire siffler joyeusement en rentrant du boulot…
Vous me direz, oui, mais pourquoi le faire en qualité d’indépendant ? La liberté, voyons ! Attention, avec la liberté vient la responsabilité, mais le sentiment d’aménager son cadre comme on l’entend, de pouvoir l’investir comme on le veut, sans qu’il soit démoli par le poids de l’institution, des subsides qui ne viennent pas ou des autres professionnels des soins de santé en manque de contrôle, ça fait une belle différence. Souvent, on me demande « mais en tant que psy indépendant, tu ne te sens pas un peu seul, sans équipe ? » Pour avoir fait partie de ceux qui se sont déjà retrouvés seuls, isolés, au sein d’une équipe, je peux vous assurer que je n’ai jamais retrouvé le goût ignoble de la réclusion et de la solitude. Mon équipe, je la crée. Il est illusoire de croire que l’on travaille seul, face à ses patients. Le pluridisciplinaire existe et lorsqu’on le sort de tous les enjeux d e pouvoir et d’argent que suscite indirectement une institution, c’est quelque chose de très beau et assez efficace.
En conclusion, pourquoi ne deviendriez-vous pas psychologue indépendant ? Parce que vous n’en avez pas envie, parce que vous n’avez pas les diplômes, parce qu’il y a plein d’a priori, qui demande à ce qu’on leur torde le cou. Il est évident que c’est un challenge de chaque instant, mais c’est un confort de temps et d’autonomie, qui, selon moi, ouvre la porte au déploiement subtil du cadre de travail avenant. On ne devient pas psychologue par hasard. Par contre, on choisit de se lancer en qualité d’indépendant, pour le meilleur, pour le pire, mais surtout parce que l’on découvre rapidement, que pour rien au monde, on ne ferait marche arrière !
T. Persons
Et pour aller plus loin :
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– La totalité du podcast de Michael, psychologue clinicien en cliquant sur ce lien
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