Manuel Dupuis, psychologue du sport : "Je travaille pour le Sporting de Charleroi"
Manuel Dupuis, 43 ans, est psychologue du sport depuis 20 ans maintenant. Mais, que peuvent apporter concrètement les spécialistes du psychisme aux sportifs ? A travers son témoignage, le professionnel, qui collabore notamment avec le Sporting de Charleroi, lève le voile sur cette spécialisation du secteur de la santé mentale ! Un métier de niche en Belgique qui offre un réel intérêt médical et de bien-être.
Le Guide Social : Comment êtes-vous devenu psychologue du sport, un métier qui, on peut le dire, est assez méconnu dans notre pays ?
Manuel Dupuis : Effectivement, c’est une toute nouvelle profession donc je ne fais pas que cela. À côté, je suis psychologue clinicien et et psychothérapeute. Ceci étant dit, devenir psychologue du sport n’était absolument pas dans mes plans au début. C’est arrivé par hasard en fait. J’étais très sportif plus jeune. Je faisais notamment beaucoup de tennis de table à haut niveau. Et je voyais mes collègues, mes camarades, avoir des comportements et des mécanismes assez violents envers eux et les autres. Par curiosité, j’ai d’abord souhaité comprendre le processus de ces différentes actions et stades émotionnels. Après la compréhension, il est arrivé la phase où je voulais aider. J’ai donc entamé un cursus universitaire dans ce sens.
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"Il faut avoir une activité à côté et se former sans jamais abandonner. C’est une course de fond, il faut être résilient"
Le Guide Social : Justement, pouvez-vous nous parler de vos études, de votre parcours de formation ?
Manuel Dupuis : Psychologue de formation, je me suis d’abord formé en sophrologie, pratique que j’ai exercée quelques années. Ensuite, j’ai suivi, en France, un diplôme universitaire en préparation psychologique sportive. Une spécialité basée complètement sur l’aspect sportif. À mon époque, ce métier n’existait pas vraiment et aujourd’hui c’est encore une profession de niche. J’ai suivi des formations diplômantes pour me spécialiser, chose que je fais toujours. De toute façon, la formation continue, nous devons en faire toute notre vie. Au début, je me suis spécialisé en tant que psychologue au niveau de l’addictologie avec une approche intégrative. Durant cette formation, on a commencé à faire appel à moi en tant que psychologue du sport. Le but ? Comprendre les différents liens qui peuvent engendrer une dépendance chez les sportifs. Ensuite, j’ai été psychologue du sport dans des clubs. J’ai quitté aujourd’hui le domaine des dépendances pour être totalement dans le sport.
Le Guide Social : Quels conseils donneriez-vous à des personnes qui souhaitent se lancer dans la même spécialisation que vous ?
Manuel Dupuis : J’ai organisé des formations longues et ce que je constate, c’est que dans le domaine de la psychologie du sport, les gens abandonnent vite. Il faut avoir une activité à côté et se former sans jamais abandonner. C’est une course de fond, il faut être résilient. Ce métier doit encore s’installer selon moi. Par conséquent, comme beaucoup de nouveaux métiers, il y a un grand fantasme autour de la profession. C’est bien mais il ne faut pas non plus oublier que, par conséquent, c’est une profession qui demande beaucoup d’abnégation. Ça prend du temps. Vivre totalement de cela, ce n’est pas encore possible en Belgique, contrairement à d’autres pays. Donc oui il faut être passionné et avoir plusieurs activités différentes. Il ne faut pas non plus oublier que même si on intègre un staff d’un club professionnel, cette voie reste extrêmement précaire. Tu peux sauter en même temps que l’entraineur si les résultats ne sont pas là.
"C’est ça le but de mon intervention, aider des gens, des jeunes, pour optimiser leurs performances ou qui se voient parfois négativement "
Le Guide Social : Aujourd’hui, vous travaillez pour le Sporting de Charleroi...
Manuel Dupuis : Je m’occupe surtout des jeunes du club. Je travaille pour plusieurs autres structures : l’Union-Saint-Gilloise, Uccle Sport hockey club, ou encore pour l’ADEPS avec les sportifs de haut niveau. J’enseigne aussi la psychologie du sport dans le cadre du master européen de la KU Leuven. Ensuite, je travaille principalement avec psychosport, une association spécialisée en psychologie du sport et en préparation mentale. Je réalise des consultations pour des sportifs de haut niveau. Avant, j’ai beaucoup travaillé dans le domaine des dépendances en milieu sportif. Bien souvent, les deux milieux se confrontent. Il suffit d’une longue blessure, d’une fin de carrière ou autre pour y tomber dedans de façon violente. Dans mon volet de psychologue clinique, je suis souvent confronté à la dépression, au stress des sportifs, mais aussi à des patients "normaux". J’utilise le sport pour éviter le burnout et la dépression. C’est vraiment un outil pluridisciplinaire.
Le Guide Social : Quelles sont les qualités essentielles dont doit faire preuve un psychologue du sport ?
Manuel Dupuis : L’écoute, la persévérance, et le fait de vouloir comprendre et aider.
Le Guide Social : Quel est le moment de votre carrière qui vous a le plus marqué ?
Manuel Dupuis : Un jeune joueur de football en u18 élite. Il n’avait plus aucune confiance dans son jeu. Il ne marquait pas et la confiance de l’entraineur n’était plus là. J’ai réalisé un exercice tout simple avec lui. Il devait revivre un moment où il était en pleine confiance lors d’un match. Donc il a revécu tout ça plusieurs fois durant la semaine. Le week-end il a joué. Il est entré et il a fait un match époustouflant. C’est ça le but de mon intervention, aider des gens, des jeunes, pour optimiser leurs performances ou qui se voient parfois négativement . Je suis là pour les sortir de cette image négative d’eux.
Le Guide Social : Un dernier mot pour la fin ?
Manuel Dupuis : Pour devenir psychologue du sport, il faut être passionné, s’intéresser au sujet. Il faut vouloir aider et comprendre les gens.
Pour plus d’infos, n’hésitez pas à aller sur le site de Manuel Dupuis.
Propos recueillis par B.T.
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