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Le bulletin social : Jobs ! Jobs ! Jobs !

25/10/17
Le bulletin social : Jobs ! Jobs ! Jobs !

De l’emploi, la peur du rouge et un premier ministre enthousiaste sont à la Une du bulletin social de la semaine !

Il y en a qui contestent, qui revendiquent et qui protestent. Moi, je ne fais qu’un seul geste, je retourne ma veste toujours du bon côté. J.Dutronc (1969)

De vous à moi, en dehors des soirées tequila et des morceaux d’ananas sur une pizza, il y a peu de choses qui me donnent franchement la nausée. Il en faut beaucoup pour m’écœurer, pourtant, ce serait vous mentir si je ne vous disais pas que cette semaine, l’actualité de notre beau pays m’a littéralement donné l’envie de repeindre l’émail de ma cuvette à coup de bile et de désespoir… A en croire la presse écrite, nous avons tristement atteint un record en termes de bénéficiaires d’assistance sociale en Belgique : un belge sur vingt doit être aidé financièrement.

Comment en est-on arrivé là ? Quitte à passer pour le roi des cons au pays des emmerdeurs, je me suis dit qu’une seule personne pouvait décemment répondre à ce type de question : notre cher et tendre Premier ministre Charles Michel dit Charly-l‘opportuniste, pour les intimes. Malheureusement celui-ci est soumis à un devoir de réserve à mon égard depuis que j’ai malencontreusement traité un de ses ministres de fasciste d’avant-guerre. Ne voulant pas s’attirer les foudres jupitériennes d’un bourgmestre anversois quelconque, Charles est obligé de me rencontrer dans une cave sombre d’une villa d’outre-ring.

C’est face à un homme méfiant, voire paranoïaque que j’ai eu l’occasion d’échanger mes inquiétudes. Il faut le comprendre, le pauvre, à force de vouloir contenter les personnes à qui il doit faire des courbettes, il n’arrive même plus à se tenir droit. J’aimerais vous y voir vous, à devoir scander des chants séparatistes au petit déjeuner pour éviter de tomber d’un gouvernement tout en prônant l’unité européenne la même après-midi afin de ne pas fâcher ses homologues madrilènes… Mettez-vous à sa place inconfortable lorsqu’il doit nous pondre un discours pour les nations unies empreint de délicatesse, force et sensibilité tout en prêchant pour un monde meilleur et plus humain alors qu’à la même heure son secrétaire d’état à la migration et à l’asile renvoie illégalement des migrants vers une mort certaine…

Il est un fait certain qu’à force de jouer double voire triple jeu, mon ami Charles a la tête qui tourne. C’est donc avec un air suspicieux qu’il me demande si je porte un micro sur moi. Alors que je le questionne avec une sincère préoccupation sur les raisons de ses peurs irrationnelles, celui-ci me dit avec une crainte non dissimulée : « Tu sais bien… La peste rouge, les fous du goulag, les cocos quoi ! » Un poil interloqué, je lui demande en quoi finalement ces gens-là représentaient un souci pour lui. De plus en plus énervé, il m’a précisé le fond de sa pensée : « Ce n’est pas que j’ai peur des populistes, c’est surtout que s’ils continuent à grimper dans les sondages, je vais devoir gouverner avec eux. Tant j’arrivais à faire du gringue aux socialistes, aux démocrates, même à l’extrême droite s’il le fallait vraiment… Mais, là… Je suis perdu, on fait comment pour les draguer les bolchéviques ? Je ne vais quand même pas commencer à taxer les riches et les nantis non plus ? »

Bref, après une âpre discussion, nous sommes arrivés à parler de ce qui me préoccupait tant : le nombre de belges qui émargent de plus en plus au CPAS. Son avis est plutôt clair : lui, son but c’est de créer des emplois. Peut-on réellement lui reprocher son approche ? La fameuse théorie du ruissellement qu’il a emprunté à son homologue français… Sa logique ? Plus on aide les entreprises et autres richesses du royaume de Belgique à devenir encore plus riche, plus il y a de chances que les milliardaires aient besoin d’un ou deux domestiques pour rattraper l’argent qui tombe à terre. N’est-elle pas belle la vision des nouveaux jobs ?

Quant à savoir si, réellement, le fait de ne pas trop taxer les grosses entreprises, cela fonctionnait vraiment, notre ami est formel : « Ça crée des jobs ! Bon, ça crée surtout des situations précaires, des futurs malades, des inégalités profondes et une montée de l’extrême gauche, mais ça, c’est le problème du futur ! » Et quand je lui demande comment il compte régler ce fameux problème du futur, il me dit avec enthousiasme : « En relisant Marx, en apprenant le russe et en tablant sur de solides relations avec Cuba, voyons ! Il faut qu’on soit du prochain gouvernement, coûte que coûte ! Après tout, comme disaient d’illustres inconnus : il ne faut pas prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu’ils le sont ! »

Vous l’aurez donc compris, c’est avec très peu de réponses que je suis sorti de mon entretien avec notre futur Che de droite… Il est indéniable qu’à défaut de s’occuper des plus démunis, notre Premier ministre actuel fait le ménage en faisant chuter notre taux de chômage tout en se disant qu’au moins, ça ne fera peut-être pas trop tache sur son CV pour 2019…

T. Persons

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Commentaires - 1 message
  • C'est beaucoup plus facile et aussi beaucoup moins fatiguant d'exclure les gens du chômage que d'effectuer un VRAI accompagnement avec une aide CONCRETE pour que demain un chômeur/demandeur d'emploi/chercheur d'emploi H/F devient un travailleur H/F Í  long terme.

    En France, il y a eu la révolution française (voir pourquoi dans un manuel d'histoire). En Belgique, il y aura la révolution communiste (devinez pourquoi).

    ras le bol général jeudi 26 octobre 2017 14:31

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