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Aides-soignants : "Cette formation de 150 heures est insuffisante"

03/09/19
Aides-soignants:

Depuis le premier septembre, les aides-soignants peuvent poser cinq actes supplémentaires au bénéfice des patients. Cette réforme, initiée par la ministre de la Santé Maggie De Block, n’est pas accueillie avec enthousiasme par une série de professionnels de la santé. Pour les associations des soins infirmiers, les 150 heures de formation complémentaire, ce n’est clairement pas assez.

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Cette rentrée 2019 a un goût particulier pour les aides-soignants du pays. Depuis le premier septembre, ces professionnels de la santé ont le droit de prodiguer davantage de soins aux patients. Ils peuvent concrètement poser cinq actes supplémentaires, comme administrer des gouttes oculaires ou mesurer le taux de glycémie ou la tension. « Les aides-soignants se voient confier plus de responsabilités, et les infirmiers auront plus de temps disponible pour pouvoir mettre leurs connaissances et compétences plus spécialisées au service du patient. Nous pouvons ainsi répartir le personnel soignant là où il est le plus nécessaire », avait justifié Maggie De Block, la ministre à l’initiative de la réforme.

Sur le fonds, cet élargissement du champ d’action des aides-soignants est majoritairement vu d’un bon œil pour les professionnels du secteur de la santé. En revanche, du côté de la forme, la pilule passe nettement moins bien. En effet, les associations des soins infirmiers en tête émettent de grosses réserves, comme le dévoile la RTBF. L’objet de leur levée de boucliers ? La formation obligatoire de 150 heures. Pour elles, c’est beaucoup trop peu.

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Pour la création d’un nouveau métier de la santé

« Nous estimons que certaines mesures de la réforme découlent de bonnes idées », a déclaré, au micro de la RTBF, Delphine Haulotte, présidente de l’Association belge des praticiens de l’art infirmier (ACN), qui représente également les aides-soignants. « Mais pour les actes techniques, la formation proposée aux aides-soignants est insuffisante. Ils ou elles pourront faire des glycémies par exemple, mais une fois le taux de glycémie affiché, ils ne seront pas en mesure de faire l’injection d’insuline si nécessaire. C’est l’infirmière qui devra la faire. »

De son côté, Deniz Avcioglu, coordinatrice de l’Union Générale des Infirmiers de Belgique (UGIB), a pointé : « Nous n’avons pas été entendus par la ministre de la santé. Nous lui avions bien dit que 150 heures, ce n’était pas suffisant. Nous sommes pour l’élargissement des actes infirmiers aux aides-soignants, mais cela doit être fait de la bonne manière. Le Conseil fédéral de l’Art infirmier (CFAI) avait demandé une formation de 1280 heures au total. Cela n’a pas été pris en compte. »

Les représentants du secteur ont une revendication claire. Ils demandent la mise en place d’une formation de trois ans afin d’introduire sur le terrain un nouveau métier : les assistants de soins. En gros, il s’agirait d’aides-soignants upgradés et autonomes.

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Trop longue pour les autres…

Les associations des soins infirmiers plaident donc pour une formation obligatoire bien plus longue. Par contre, les représentants des établissements pour personnes âgées bruxellois, flamands et wallons et les représentants des services de soin à la famille flamands estiment que la durée de cette formation est excessive !

Dans une lettre envoyée à Maggie De Block en mai dernier, ils avaient expliqué d’une seule voix que « la formation à ces actes supplémentaires est certes importante mais les 150 heures de formation supplémentaires requises pour ces 5 actes supplémentaires sont, à notre avis, trop élevées et sans commune mesure avec l’élargissement de liste des actes. Elles ne tiennent pas suffisamment compte des connaissances et de l’expertise que nos aides-soignants ont acquises dans nos établissements et nos services. Nous vous demandons de réduire considérablement ce nombre d’heures de formation et de prendre en compte l’expérience de travail acquise. »

Les avis concernant la réforme de Maggie De Block sont donc extrêmement divisés dans le secteur psycho-médico-social. Par contre, un point commun les réunit : ils sont tous d’accord pour dire que la mesure nécessite de profondes modifications…

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