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Effets de la crise sur les CPAS : vers une surcharge de travail alarmante !

28/09/20
Effets de la crise sur les CPAS: vers une surcharge de travail alarmante !

En première ligne sociale aux secours des plus démunis face au COVID-19, les travailleurs sociaux ont plus que souffert de cette crise. Mais le pire reste à venir, les effets de la crise persisteraient jusqu’en 2022.

Suivant le schéma de la crise financière de 2008 et sur la base d’une analyse du terrain local menée depuis 6 mois, la Fédération des CPAS estime, dans les prochains mois, une hausse de 15% de la demande du revenu d’intégration (RI) sans compter celle des aides sociales complémentaires.

Pour Philippe Noel, président du CPAS de Namur, il faudra également s’attendre à des effets néfastes de la crise sur une longue durée. « La crise de 2008 a montré que les conséquences d’un choc économique se marquent sur plusieurs années. Les effets se feront encore hélas plus que probablement sentir en 2022 sur les CPAS », déclare-t-il. La fédération tire la sonnette d’alarme : un renfort de personnel sera nécessaire, avec minimum 680 équivalents temps plein pour les 262 CPAS wallons. Mais surtout, le gouvernement devra mener des politiques structurelles pour répondre aux besoins des CPAS et de leurs bénéficiaires.

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L’effet retard

Les prochains mois seraient rudes pour les CPAS déjà surmenés pendant le confinement car les conséquences socio-économiques de la crise ne se verraient qu’après-coup. C’est ce qu’on appelle l’effet retard. Les CPAS craignent notamment les répercussions de la hausse de l’endettement, de la perte momentanée d’emploi chez les indépendants et petits commerces ou encore de l’absence de revenu d’appoint des étudiants jobistes. Ces conséquences s’exprimeraient par une explosion du nombre de demandeurs au revenu d’intégration, déjà à 150 000 en Belgique dont 70 000 en Wallonie selon le journal le Soir. Enfin, il faut tenir compte du traumatisme qu’ont vécu les résidents ainsi que leurs proches et le personnel dans les maisons de repos. Certains auront besoin de soutien psychologique pour surmonter ces épreuves.

Le CPAS lance un appel à l’aide

Luc Vandormael, Président de la Fédération du CPAS, appelle les autorités à mener des politiques structurelles afin que les CPAS puissent faire face à ces obstacles : « Seuls, malgré leurs efforts titanesques au quotidien, nos CPAS ne pourront faire face aux multiples défis apparus dans le sillage de la crise sanitaire Covid. Ils doivent pouvoir s’appuyer sur des politiques soutenantes à l’égard des publics fragilisés, à tous les échelons institutionnels. » Au niveau régional, cela se traduirait par des Plan de lutte et/ou de sortie de la pauvreté tandis que le gouvernement fédéral devrait continuer à libérer du budget (125 millions € aujourd’hui) jusqu’en 2021 inclus et maintenir les mesures Covid comme l’augmentation du niveau de remboursement du Revenu d’intégration (RI) à 90% ou encore le relèvement des allocations sociales et des salaires minimaux.

Les travailleurs sociaux, des héros modestes de la crise

Face à la crise, les travailleurs sociaux ont fourni des efforts surhumains pour protéger les plus fragiles et les plus défavorisés. Le Président de la fédération a d’ailleurs tenu à exprimer sa gratitude envers tous ces travailleurs : « Au nom de la Fédération des CPAS de Wallonie, je remercie publiquement et du fond du cœur, tous les CPAS pour leur implication de tous les instants. Ils font en effet partie de cette première ligne sociale, vitale dans la situation de crise que nous connaissons. Que soient ici justement mis en lumière ces travailleuses et travailleurs du social qui œuvrent chaque jour, sans ménager leurs efforts, dans l’ombre liée à la confidentialité que requiert leur métier. »

Parmi les nombreuses actions accomplies par les CPAS pendant la crise sanitaire en complément à leurs services habituels, nous pouvons citer l’hébergement des sans-abri avec l’aide des associations, la création de dispositifs d’aide alimentaire, l’apport d’équipement pour le confinement des migrants ou encore la participation aux services dans les maison de repos.

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Commentaires - 2 messages
  • Le fédéral ne rembourse que 70 à 45 % du RIS aux communes, avec un peu plus de 500 euros de frais de fonctionnement par an par RIS...
    Si on ajoute à ces 30% les 10,75% accordé au 1/1/2021sur 4 ans, en plus de l'index et de l'adaptation au coût de la vie... si on ajoute les restrictions de la sécurité sociale (limitation à 3 ans des allocations d'insertion et autres fantaisies dont on se serait bien passé), les communes ne peuvent plus suivre...
    Il est donc urgent que le financement des CPAS ne se fasse plus du tout par les communes mais devienne entièrement fédéral !
    C'est d'autant plus urgent que les communes "riches" ont peu de personnes aidées, les loyers plus cher faisant fuir les allocataires sociaux, et plus de revenus taxables... et que les communes plus pauvres ont plus de personnes aidées et moins de revenus taxables...
    C'était, dès le départ, une très mauvaise idée de faire dépendre partiellement des impôts locaux le dernier filet de la sécurité sociale: il faut d'urgence revoir la copie... sinon les communes vont tomber en faillite, à commencer par les communes urbaines !
    En clair, les CPAS doivent recevoir 100% de financement du fédéral de leurs missions obligatoires, y compris les frais de fonctionnement ... et la part d'impôts locaux consacrée à ces missions légales doit basculer vers l'impôt fédéral...
    Hors de ce scénario, il n'y a pas de solution...
    Arrêtons de vouloir dans les discours, plus de justice sociale, et de faire l'inverse quand il s'agit de financer les missions légales des CPAS !

    Frankp samedi 20 mars 2021 12:40
  • rectification : 55 à 70% du RIS remboursé par le fédéral, selon la taille du CPAS...
    Tant qu'une part des aides légales reste à charge des CPAS, on a une situation inégalitaire entre communes... et intenable quand le nombre de personnes à aider a augmenté.

    Frankp samedi 20 mars 2021 13:13

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