L’après crise : le défi des hôpitaux sera d’éviter la faillite

La ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block, a annoncé que les hôpitaux généraux et psychiatriques recevraient deux tranches supplémentaires de 500 millions d’euros. Cette enveloppe viendra compléter le milliard d’euros déjà reçu par les centres hospitaliers. La seconde tranche sera versée en octobre. L’objectif est de supporter ces structures, fortement impactées sur le plan économique par la crise sanitaire.
Le constat est simple en ce qui concerne la situation financière des hôpitaux belges après la crise sanitaire. Ils ont été forcés d’investir massivement pour restructurer leurs services afin d’accueillir les patients, s’équiper en matériel de protection ainsi que renforcer leur personnel. Pendant ce temps-là, leurs revenus ont chuté puisqu’ils ont dû reprogrammer tous les soins jugés non-urgents afin de limiter la propagation du virus. Surtout, le retour à la normale prendra du temps, c’est pour cela que les centres hospitaliers ont besoin de fonds.
En effet, certaines dépenses incompressibles (matériel, personnel) se sont poursuivies. Alors des structures pourraient avoir des problèmes de paiement. C’est pourquoi le gouvernement fédéral continue d’investir dans les centres hospitaliers : pour garantir la continuité des soins. Mais les fonds accordés sont seulement des avances, qu’il faudra rembourser. D’ailleurs, la ministre le dit elle-même concernant ces avances : « cela ne sera pas suffisant ». Rappelons qu’une concertation avec le secteur hospitalier a lieu en ce moment pour déterminer l’étendue et les modalités des prochains financements.
« Il faudrait dix fois plus d’argent pour sauver les hôpitaux »
Du côté des syndicats, l’inquiétude reste présente. Evelyne Magerat, secrétaire fédérale pour la CNE indique : « Le problème, c’est que les hôpitaux ont subi une diminution en termes de journées d’hospitalisations. Il n’y avait plus vraiment d’activité médicale. Cela a causé un trou budgétaire, les institutions sont exsangues ». Alors, ces avances n’ont servi que pour assurer l’activité des hôpitaux, rémunérer le personnel.
Mais s’il y a une chose sur laquelle syndicats et gouvernement se rejoignent, c’est l’insuffisance de ces avances. « Un milliard d’euros, cela n’est pas assez. Nous avons vu certaines études, et certains chiffres indiquant qu’il faudrait dix fois plus d’argent pour sauver les hôpitaux », s’alarme la responsable syndicale. Par ailleurs, qui dit avances, dit remboursements. Cela se matérialisera par des coupes budgétaires impactant les moyens des centres hospitaliers sur les prochaines années.
Une priorité : garantir les salaires
« Ce rattrapage s’effectuera dans deux ans. Les hôpitaux recevront moins de subventions que ce qu’ils étaient censés recevoir. Ils ne peuvent pas tenir longtemps comme cela. Il y aura un manque à gagner, la santé public peut et doit intervenir », explique Evelyne Magerat. C’est pourquoi les syndicats souhaitent s’assurer que les centres hospitaliers ne tombent pas en faillite. La solution passera par un financement structurel plus important à l’avenir selon la CNE.
Cela va sans dire, la priorité des syndicats reste évidemment de garantir les salaires et le nombre de travailleurs. La crainte est que les coupes budgétaires soient réalisées sur le personnel, comme à l’accoutumée. Il est intéressant de noter que les négociations entre le gouvernement et les syndicats ne portent pas sur les modalités de remboursement mais plutôt sur les problèmes structurels dont souffrent le personnel.
Autre point étonnant, les syndicats ne sont pas autour de la table, quand les discussions portent sur les modalités de remboursement de ces avances. Ce qui ne manque pas de faire tiquer Evelyne Magerat : « Le financement, ce sont différents organes qui les gèrent, les syndicats ne sont pas représentés. C’est totalement anormal. » Preuve que les discussions avancent mais que les désaccords restent profonds.
C.D.
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