Les travailleurs sociaux des CPAS vont crouler sous les demandes
La crise sanitaire et la pauvreté qu’elle engendre menacent de plus en plus de Belges. Fin 2022, on comptera 30% de bénéficiaires du RIS en plus. En effet, les CPAS voient arriver de nouveaux publics en masse, dont de plus en plus d’indépendants dans le besoin. Finances malmenées, sous-effectif : les CPAS parviendront-ils à résister à cet afflux ?
Plus d’un an après la crise sanitaire, les demandes d’aide sociale ont explosé. Les effets du Covid ont amené de nouveaux publics à franchir les portes des CPAS…
30% de bénéficiaires en plus d’ici fin 2022
En 2020, l’augmentation des recours au CPAS a été progressive. En effet, les mesures fédérales de soutien ont dans un premier temps aidé à amortir le choc, et les gens se sont également tournés vers leurs économies.
‘’Quand des personnes se retrouvent en difficulté, il y a toujours un petit effet de retard chez nous. Il y a d’abord un mécanisme de résilience qui fait que les personnes s’adaptent à vivre avec moins. Elles s’en sortent même si la ligne de flottaison pour survivre diminue", explique Alain Vaessen, directeur général de la Fédération des CPAS de l’Union des villes et communes de Wallonie, dans la Libre.
Concrètement, les bénéficiaires du revenu d’intégration sociale augmenteront de 30% d’ici 2022. Des chiffres qui viennent s’ajouter aux 50 % de bénéficiaires supplémentaires du RIS enregistrés entre 2014 et 2020, précise-t-il.
– Lire aussi : Covid-19 : les CPAS sont "à couteaux tirés"
Besoin de personnel en renfort
Les prochaines années ne présagent rien de bon pour les CPAS. Bien qu’ils disposent de fonds pour aider les personnes en difficulté, il leur manque des effectifs… "Pour 2021, on a pu anticiper avec le fonds Covid. Mais là où ça pose un problème, c’est que pour octroyer tout cela il nous faut des ressources…”. Alors que le nombre de dossiers a doublé en 20 ans, celui des travailleurs n’a presque pas changé, dénonce la Fédération des CPAS wallons dans la Libre.
‘’Il faut absolument renforcer la structure en personnel. Il faut aider les CPAS à recruter, principalement dans deux secteurs : les travailleurs sociaux qui sont en première ligne et la médiation de dettes’’, ajoute-t-il.
Par ailleurs, les CPAS demandent à l’Etat fédéral de compenser financièrement les coûts engendrés par l’augmentation du nombre de bénéficiaires du RIS. En effet, ‘’l’écart grandissant entre les deux est pris en charge par les finances des CPAS. Structurellement, ils demandent donc d’augmenter rapidement le taux de remboursement du RIS par le fédéral’’.
– Lire aussi : CPAS de Molenbeek : "Il y a un mal être chez ces travailleurs”
Le pire reste à venir…
À côté d’un nouveau public plus jeune, les indépendants et les commerçants viennent eux aussi frapper à la porte des CPAS car ils n’ont plus le choix. Les CPAS se retrouvent ainsi sous une énorme pile de dossiers. De plus, de nouvelles questions relatives au statut d’indépendant viennent s’ajouter à la charge déjà bien lourde, apprend-on dans la Libre.
"La difficulté, avec ce type de public, c’est que c’est tout nouveau. On est face à un monde qu’on ne connaît pas. On est en train de mettre en place un réseau avec l’ensemble des acteurs qui peuvent en partie aider les indépendants : l’Inasti, les caisses d’assurances sociales, etc. Les CPAS ne peuvent pas être les seules institutions à amortir le choc des besoins des indépendants. On s’attend au pire pour la suite’’, s’inquiète Alain Vaessen.
– Lire aussi : Effets de la crise sur les CPAS : vers une surcharge de travail alarmante !
Commentaires - 2 messages
Ajouter un commentaire à l'article