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Manifestation des soignants : "On ne travaille plus, on cravache !"

06/09/21
Manifestation des soignants:

Ce lundi 6 septembre, l’esplanade de la gare centrale a accueilli la manifestation du corps infirmier initiée par le syndicat autonome, Union4U. Armé.e.s de leur pancartes, mégaphones et couvercles de casseroles, le cortège s’est ensuite rendu devant le cabinet du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke pour y déposer les différentes revendications. Le Guide Social a échangé avec des infirmières sur place.

[Notre dossier] :

 Appel à la grève le 6 septembre : les revendications d’Union4U, syndicat infirmier
 Manifestation des soignant.e.s : la réponse du ministre Vandenbroucke
 « L’IF-IC offre un barème plus attrayant et donc une reconnaissance salariale ! »

Cindy, infirmière en soins palliatifs, nous confie qu’elle aime son métier, qu’elle continue à l’aimer mais que les conditions de travail se dégradent toujours plus. "On a besoin de plus d’infirmier.ère.s par patient.e.s. Le manque de personnel fait qu’on devient des technicien.ne.s. On perd le prendre soin, on va directement vers la technique. On ne travaille plus, on cravache !"

Elle rajoute : "Le manque de personnel est un problème qui persiste depuis des années alors qu’il y a des infirimier.ère.s sur le territoire mais ils.elles n’exercent plus au bout de quelques années. La vie d’un.e infirmier.ère en hôpital dure, en moyenne, 5-6 ans. En même temps, quand on est dans des conditions où même aller aux toilettes est impossible car on a trop de travail... Comment peut-on procurer des soins corrects quand on ne peut même pas répondre à nos propres besoins primaires ?"

 Lire aussi : Appel à la grève le 6 septembre : les revendications d’Union4U, syndicat infirmier

Une pénurie de main d’œuvre

Cette pénurie de personnel, cette extinction comme on peut le lire sur certaines pancartes, s’explique pour Viviane, infirmière en soins palliatifs par le fait que "les étudiant.e.s en école d’infirmier.ère.s continuent leurs études au-delà des quatre ans de formation. Ils.elles ne travaillent pas tout de suite et poursuivent de longues études pour accéder à un poste considéré comme plus valorisant."

Aujourd’hui, ce sont les infirmier.ère.s que l’on entend et voit mais Cindy précise que “tout le monde est concerné, les médecins, les sages-femmes, les aides-soignant.e.s …” En plus des conditions de travail précaires, le nouveau barème salarial qu’est l’IFIC provoque la grogne du personnel soignant, présent à la manifestation. "C’est un modèle qui ne valorise plus les spécialisations alors qu’elles sont essentielles pour le bien-être des patient.e.s."

Christelle, infirmière en hôpital constate également une dégradation des conditions de travail "qui font qu’il y a moins de surveillance des patient.e.s. On constate de plus en plus d’arrêts de carrière. Pour faire face à cela, il n’y a même plus d’intérimaires en relève. Les effectifs sont de plus en plus réduits. Une série de services ont dû fermer par manque de personnel."

 Lire aussi : Covid : hausse du burn-out chez les infirmier.ère.s des urgences et des soins intensifs

« Rendre ce beau métier plus attractif »

Mais alors, comment fait-on pour attirer de nouveau les jeunes vers les études d’infirmier.ère.s ? Pour Christelle, "Il faut rendre le métier plus attractif car c’est un beau métier : il est très riche, on joue plusieurs rôles, on doit être polyvalent. Pour moi, il est urgent de revaloriser les salaires, d’avoir des vraies pauses quand on travaille aussi et de reconnaître la pénibilité pour aménager les fins de carrière. J’ai une collègue qui a 65 ans et c’est très difficile pour elle de continuer à faire ce métier."

Amandine, infirmière en maison de repos, précise que "les patients en ont marre de la moindre qualité des soins. On a plus le temps de prodiguer des soins adéquats, ce qui en revient à de la maltraitance. De la maltraitance par manque de moyens et de temps. C’est moralement très dur pour les collègues sur le terrain, on entend et voit beaucoup de dépression et des maux physiques, alors que le COVID a bien montré que sans les soignant.e.s, rien ne tourne. Ce qui rend tout cela encore plus difficile aussi, c’est le manque de soutien des directions."

Christelle acquiesce et conclut qu’"en effet, aux directions aujourd’hui, on retrouve des gestionnaires et non plus des médecins, des gens du métier qui connaissent le terrain. Maintenant, on nous parle en chiffre et plus en humain."

 Lire aussi : Infirmier en soins généraux : métier en pénurie, nombreux débouchés

A.T.



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