Masterplan Santé mentale : les psychiatres sur la touche
Au 1er septembre 2021, les consultations chez les psychologues et psychothérapeutes ont connu un remboursement mutuelle plus important. Cependant, les psychiatres pointent la nature modérée des difficultés psychiques qui sont visées par cette avancée. Ainsi, une cinquantaine de psychiatres demandent à Frank Vandenbroucke, ministre fédéral de la Santé, de "poursuivre cet effort remarquable" en prenant en considération leur action au service des cas les plus lourds.
Le Masterplan Santé mentale porté par le ministre fédéral de la santé, Frank Vandenbroucke, cherche à rendre l’accès à l’aide psychologique plus facile pour les plus défavorisé.e.s. Ainsi, depuis le 1er septembre, les consultations psychologique s’élèvent à maximum 11 euros la séance grâce au remboursement de la mutuelle et ce, jusqu’à 20 séance à l’année. Les psychothérapeutes sont également concerné.e.s par cette nouvelle mesure.
C’est ce que résume les psychiatres auteur.rice.s d’une carte blanche dans le Vif : “Désormais, le psychologue est rémunéré 75 euros pour sa première consultation et 60 euros pour les suivantes. Le patient bénéficie d’un remboursement tel qu’il payera maximum 11 euros, voire 4 euros s’il est bénéficiaire d’une intervention majorée.” Le remboursement de ces soins permet d’améliorer l’accès aux soins psychologiques au plus grand nombre et surtout aux plus précaires.
Différence entre première ligne et cas lourds
Cependant, les psychiatres pointent le fait que les soins visés relèvent de difficultés psychiques légères à modérées qui sont “des difficultés souvent réactionnelles et passagères” relevant de la première ligne, mais ne concernent pas “les maladies mentales lourdes et chroniques, qui nécessitent une prise en charge médicale et psychiatrique.”
En effet, ces patient.e.s ont des profils particuliers engendrant un travail administratif bien plus conséquent, qui n’est à l’heure actuelle pas reconnu et qu’ils.elles réalisent bénévolement le soir et le week-end : “Ces patients sont régulièrement non demandeurs, encore plus paupérisés au niveau socio-économique et leur accès aux soins est d’autant plus compromis. Dans ce cadre, le travail administratif (certificat médical circonstancié, rapports médicaux, certificat d’incapacité de travail ou vers les mutuelles, ordonnances, contact avec l’entourage, le psychologue, le médecin traitant) est très important.”
Les psychiatres ne jouissant pas des améliorations obtenues par les psychologues et psychothérapeutes, les urgences psychiatriques et les soins sous contraintes restent sous financés.
Tarif des séances et pénurie
La question du tarif des consultations est également à réfléchir puisqu’ils.elles précisent qu’”un patient souffrant d’une problématique psychiatrique plus lourde et étant souvent encore plus désinséré doit donc payer sa consultation plus cher que s’il va chez le psychologue.”
Enfin, comme pour beaucoup de métiers aux difficiles conditions de travail non reconnues, le secteur de la psychiatrie connaît une pénurie qui inquiète : “La spécialisation de psychiatrie est en pénurie, le peu de candidats est inquiétant et les nouvelles dispositions vont renforcer un manque déjà criant. Il faut donc d’urgence réfléchir à la façon de valoriser cette profession vu les besoins croissants de la population.”.
T.A.
[Notre dossier] :
– "Un accord historique pour les psychologues et orthopédagogues cliniciens"
– L’accès aux soins de santé mentale élargi : une aubaine pour les psychologues cliniciens
– Une meilleure rémunération pour les psychologues et orthopédagogues
– Chronique d’un psy : "Le remboursement des soins psychologiques"
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