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Nouvelle formation d'assistant en soins infirmiers : "Il est primordial de clarifier le profil de l'infirmier"

25/04/23
Nouvelle formation d'assistant en soins infirmiers :

Pour faire face à la pénurie d’infirmiers et infirmières, une réflexion est en cours à propos du cadre francophone des certifications. Un groupe de travail constitué de professionnels de l’enseignement et des représentants syndicaux a pour mission d’étudier de possibles passerelles dans le cadre de la formation continue.

Selon la veille, analyse et prospectives du marché de l’emploi du Forem d’août 2022, le métier d’infirmier en soins généraux mais aussi celui d’infirmier spécialisé connaissent une pénurie de main d’œuvre mise en exergue et renforcée depuis la pandémie de Covid-19. Il semble donc nécessaire de rendre le métier plus attractif afin d’attirer de nouvelles recrues, et d’en améliorer les conditions de travail pour retenir les soignant.es diplômé.es dans la profession.

Lors de la séance au parlement du 11 avril 2023, le député Michel de Lamotte a interrogé la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, vis-à-vis d’une nouvelle formation d’assistant.e en soins infirmiers. Cette dernière poursuit l’objectif de former des profils pouvant effectuer des soins infirmiers de manière autonome dans des situations moins complexes, en collaboration avec un.e infirmier.ère ou un.e médecin. Pour la mener à bien, un ensemble de professionnel.les de l’enseignement et de représentant.es syndicaux.ales ont été mobilisées. Jacinthe Dancot, co-présidente du groupe de travail, nous en dit plus.

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Deux formations différentes pour une même fonction

Pour la ministre Glatigny, cette nouvelle formation « permettra d’établir une échelle de soins complète dans les soins infirmiers », allant aujourd’hui du niveau 4 : aide-soignant au niveau 8 : infirmier chercheur clinicien, titulaire d’un doctorat.

Actuellement, deux filières donnent accès à la fonction d’infirmier : une formation de niveau 5, soit le brevet obtenu dans l’enseignement secondaire professionnel et une formation de niveau 6 qui équivaut à le bachelier professionnalisant, dispensé en Haute Ecole ou en promotion sociale. La différence de niveau s’explique par deux voies de formation distinctes. Jacinthe Dancot, coordinatrice de la section soins infirmiers à la HERS et co-présidente du groupe de travail, pointe : « Avoir deux formations différentes pour une même fonction crée des problèmes pratiques sur le terrain. »

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Des soins plus complexes

Pour la coordinatrice, cette nouvelle fonction « vise à apporter une réponse à la pénurie du secteur. Le manque de soignants et l’augmentation du besoin en soins nécessitent que l’on revoie l’organisation des soins infirmiers afin d’apporter du renfort dans l’accompagnement de situations de plus en plus complexes. » Les causes de cette complexité sont liées aux pluripathologies et pathologies chroniques, au vieillissement de la population, aux séjours plus courts à l’hôpital ou encore aux soins à domicile plus pointus.

Elle ajoute : « Pour faire face aux défis que le monde de la santé va rencontrer, l’OMS préconise l’augmentation du nombre d’infirmiers et l’élévation de leur niveau de compétences. Ceci implique de revoir le continuum de fonctions et de formations pour le clarifier, le rendre plus attractif et permettre à chaque personne intéressée par l’art infirmier d’atteindre le niveau qui lui convient, en formation initiale ou par du Life Long Learning durant l’évolution de sa carrière. »

Trois scénarios possibles

La nouvelle fonction d’assistant.e en soins infirmiers est inscrite dans un projet de loi, et la formation correspondante est déjà prévue par les communautés flamandes et germanophones. Elle remplacera la formation en soins infirmiers de niveau 5, soit le brevet obtenu dans l’enseignement secondaire professionnel. En Fédération Wallonie Bruxelles, plusieurs pistes sont explorées.

Les cabinets de la ministre Glatigny et de la ministre Désir ont rencontré différents acteurs dont les organisations syndicales et les fédérations de pouvoirs organisateurs de l’enseignement. L’objectif ? Définir les besoins et perspectives en termes de formation en Fédération Wallonie-Bruxelles, compte tenu des évolutions en cours pour les métiers relevant du domaine infirmier. En est ressortie la nécessité de créer un groupe de travail afin de définir les passerelles possibles entre les différentes formations : « Les passerelles sont pensées dans une vision d’ascenseur social dans le cadre de la formation continue », précise, de son côté, Jacinthe Dancot.

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Ce groupe est composé de six représentant de l’ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur) et de six représentants du Conseil général de l’enseignement secondaire. Tous les réseaux d’enseignement y sont présents, y compris l’enseignement de promotion sociale, ainsi que les organisations syndicales. Jacinthe Dancot copréside ce groupe de réflexion.

L’ensemble de ces professionnel.les doivent également étudier trois scénarios et leur impact sur les passerelles et les formations :

  1. Le maintien des deux formations infirmières de niveaux 5 (brevet) et 6 (bachelier) actuelles ;
  2. Leur maintien et la création d’une formation d’assistant.e en soins infirmiers ;
  3. Le maintien de la formation de bachelier infirmier responsable de soins généraux (niveau 6) uniquement et la création d’une formation d’assistant.e en soins infirmiers au niveau 5.

Jacinthe Dancot conclut : « Il est primordial de clarifier le profil de l’infirmier. Il faut délimiter sa fonction et ses missions, qui se réorientent vers la démarche clinique, la coordination des soins et la dispensation de soins dans des situations plus complexes, ainsi que l’accompagnement des autres fonctions du soin et le développement de la discipline infirmière. La nouvelle fonction d’assistant en soins infirmiers permettra de fluidifier les apports de soins. »

La note du groupe de travail sera remise aux ministres Désir et Glatigny pour le 28 avril prochain.

A. Teyssandier



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