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Pour un nouvel élan de mobilisation chez les acteurs de 1ère ligne

04/10/22
Pour un nouvel élan de mobilisation chez les acteurs de 1ère ligne

Les 22 et 23 septembre 2022, les Halles de Schaerbeek ont accueilli près de 500 travailleurs, travailleuses et étudiants des secteurs médico-psycho-sociaux et culturels afin de s’autoriser un temps de recul et de réflexion sur « Ce qui nous [leur] arrive » en ces temps de crises multiples. Les participants ont eu l’occasion d’écouter une dizaine d’intervenants avant de penser ensemble aux actions à mener dans le secteur afin d’améliorer leur situation et celle de leurs bénéficiaires. Le Guide Social était présent et vous présente les idées fortes avancées durant ces deux jours.

Les exemples sont nombreux et nous en avons largement fait part... La crise sanitaire a été révélatrice des problématiques inhérentes au travail du social et du soin (manque de moyens, de personnel, cas de plus en plus complexes) et accélératrice de certaines nouvelles pratiques comme la dématérialisation des services à outrance voir généralisée. Les multiples crises (sanitaire, écologique, économique...) apportent leurs lots de difficultés supplémentaires enfonçant, encore un peu plus, la "tête" du secteur de la première ligne sous l’eau.

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Face à cette situation, un ensemble d’ASBL (la Fédération des Services Sociaux, le Forum des inégalités, le CESP, la fédération des Maisons Médicales, Lire et Ecrire et le Grain) ont organisé un espace de réflexions et d’expressions aux Halles de Schaerbeek les 22 et 23 septembre à destination des acteurs et actrices de terrain.

Les thématiques de libertés, inégalités sociales et basculements se sont succédées tout au long de ces deux jours à travers l’intervention d’Andréa Réa, Anne-Emmanuelle Bourgaux ou encore Sébastien Brunet qui ont apporté leurs éclairages théoriques. Le temps du deuxième après-midi, les participant.e.s ont été invité.e.s à créer un lien entre la matière à penser et leur réalité de tous les jours. L’objectif : développer du pouvoir d’agir en pensant des actions concrètes pour l’ici et le maintenant et le moyen-long terme.

Théories, terrain et ateliers

« Ce qui nous arrive, c’est que les libertés telles que nous les connaissons sont et seront de plus en plus profondément affectées par les changements, les chaos et les situations que nous traversons et traverserons.

Ce qui nous arrive, c’est que les inégalités sociales, qui sont sorties renforcées de la pandémie et qui affectent depuis de nouvelles catégories de la population, nous montrent que la pauvreté n’est pas et n’a jamais été une marginalité.

Ce qui nous arrive, c’est que les inévitables et nécessaires basculements permettant d’affronter les chaos, de résister aux crises et d’imaginer un futur commun n’ont été ni pensés, ni préparés et que cette impréparation constitue d’abord une insécurité sociale et politique. »

C’est ainsi que le colloque du 22 et 23 septembre 2022 a été présenté par la Forum contre les inégalités.

L’objectif poursuivi est de reconquérir du pouvoir d’agir avec la certitude que l’expérience de terrain peut transformer les paradigmes sociaux afin qu’ils soient plus adapté aux besoins des bénéficiaires.

Chacun des thèmes (libertés, inégalités et basculements) a été traité via une phase d’analyse autour de l’intervention de biologistes, de professeurs de droits, d’économistes, de sociologues ou encore de philosophes. Nous avons pu entendre, entre autres, Olivier Hamant qui travaille sur les relations entre l’humain et la nature. Il a en particulier présenté le mode de fonctionnement du vivant, qui n’est « pas forcément efficace » et qui relève de l’adaptation et non de la rentabilité à tout prix ou de l’optimisation. De leur côté, Andréa Réa, spécialiste des questions migratoire, d’intégration et des inégalités et Francine Mestrum ont rappelé au public qu’ils.elles ne peuvent mettre fin à la pauvreté et que la source du problème trouve ses racines dans la définition même de la pauvreté réalisée par des "acteurs.rices politiques déconnecté.e.s de la réalité".

S’en est suivie une mise en dialogue avec la prise de parole d’acteur.rice.s du terrain comme Guillaume Lohest, directeur des Equipes Populaires, Stefania Marsella, assistante sociale et chargée de projets et de formation pour la Fédération des Maisons Médicales ou encore Elias Sahanji co-fondateur du média d’actualités et débats écologiques « le Biais Vert ».

Enfin, les organisateur.rice.s ont mis un point d’honneur à donner la parole aux acteur.rice.s de terrain. Ainsi, les participant.e.s se sont vu.e.s réparti.e.s dans 14 ateliers afin de débattre autour de thématiques comme l’énergie, l’accueil des Ukrainien.ne.s, la dématérialisation des services mais aussi de la précarité sous le prisme du genre. Ces temps ont vu émerger des échanges, des questionnements et des remarques entre intervenant.e.s et participant.e.s dans l’objectif de créer de nouveaux récits et de nouveaux imaginaires.

« Préparer plutôt que réparer »

L’atelier de clôture du colloque a permis aux participant.e.s d’exprimer les raisons de leur présence et les points marquants qu’ils.elles ont relevé durant ces deux jours. Les interventions au début un peu timides ont vite laissé place à des échanges passionnés et motivés traduisant un souhait de se mobiliser ensemble, en inter-secteurs. C’est d’ailleurs un des premiers besoins évoquer par les groupes : se ressourcer, faire une pause, prendre du recul et retrouver une ambiance militante. En lien avec ces nécessités est apparu celle de consacrer du temps de travail aux réflexions sur les pratiques afin de permettre des revendications et mobilisations.

Face à la crise écologique actuelle, la justice climatique a également été au centre des considérations. Le discours était unanime : il est impossible de penser une justice sociale sans une justice climatique et inversement.

Après plus d’une heure de réflexion, plusieurs idées ont été proposées :

  • Créer des lieux de liens entre la santé mentale et la question du logement.
  • Sortir de digitalisation et du quantitatif pour revenir au qualitatif et la notion de temps pour un meilleur soin.
  • Informer les usager.ère.s du fait que les moyens octroyés aux acteur.rice.s de terrain ne permettent que des actions de dépannage et non pas de réelles réponse afin de créer un mouvement commun acteur.rices. - usager.ère.s
  • Créer une plateforme qui regroupe l’ensemble des réflexions et actions déjà menées afin de s’en inspirer et collaborer pour mettre fin au sentiment de partir de zéro.
  • Se tourner davantage vers les ASBL flamandes pour être encore plus fort.
  • Mobiliser la presse autour des problématiques du secteur pour atteindre plus facilement les politiques.

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Transformer le travail social pour transformer la société

Les différentes propositions de chaque groupe ont été présentées à l’ensemble des participant.e.s pour être soumises aux votes. Chacune était présentée avec détermination, avec l’envie de reprendre les rênes de « ce qui nous arrive », de « décider avant que l’on décide pour nous » et faisait l’objet d’une ovation de la salle. Les associations organisatrices se sont engagées à soutenir et relayer les propositions « gagnantes » auprès de la presse : « Ce qui nous Arrive n’est que le début de quelque chose ! », avons-nous pu entendre.

Sur le court terme, les professionnel.le.s ont voté pour une action juridique contre l’Etat face à son manquement au devoir de garantir l’accès à tous et toutes aux besoins de première nécessité à travers une mobilisation des secteurs associatifs, des usager.ère.s, des citoyen.ne.s, syndicats, services publics, invisibles.... Une deuxième proposition a également été sélectionnée, du fait de son fort ancrage dans l’actualité : soutenir la lutte contre l’ordonnance du digital par défaut et revendiquer le retour des guichets. A long terme, la préoccupation s’est définie autour de l’actualisation de la campagne pour l’individualisation des droits dans le contexte de crise énergétique.

A.Teyssandier



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