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Santé des femmes : les ASBL confrontées au manque de moyens, de personnel et de temps

08/03/23
Santé des femmes : les ASBL confrontées au manque de moyens, de personnel et de temps

Le secteur associatif fait face à de nombreuses difficultés. Entre manque de moyens financiers, appels à projets trop restrictifs et démissions, il n’est pas toujours simple de tenir face à l’augmentation de demandes d’un public de plus en plus précarisé et dans le besoin. Pourtant, il est plus qu’essentiel de veiller à la pérennité des associations et de favoriser leur développement. A l’occasion de la journée internationale du droit des femmes, des associations de promotion de la santé, de l’éducation permanente et d’autres secteurs, réunies au sein du Réseau wallon pour la santé des femmes, tirent la sonnette d’alarme, via une carte blanche publiée sur la RTBF.

La journée internationale de la lutte pour les droits des femmes, qui a lieu ce 8 mars, est également l’occasion de rappeler les activités menées par certaines, travailleuses ou bénévoles, au sein du secteur associatif. Ce dernier, déjà affaibli par les crises sanitaire et économique, doit faire face à une augmentation exponentielle des demandes d’aides de personnes en difficulté et de formations de professionnels. Cependant, de nombreuses associations, via le Réseau wallon pour la santé des femmes, manquent de temps mais aussi de moyens… Seule solution : la recherche de financements, notamment par les appels à projets.

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Augmentation de la demande, moyens financiers limités

Discriminations, violences, handicap, promotion de la santé… Grâce aux actions menées par les politiques, dans le but de promouvoir et mettre l’accent sur ces problématiques, nombreuses sont les ASBL qui gagnent en visibilité. De plus en plus de personnes dans le besoin ou en difficulté ont recours à des associations. En contrepartie, les ASBL, pour perdurer, requièrent plus de moyens financiers notamment, ce dont elles manquent cruellement. Le seul remède reste alors de trouver des moyens de financement, ce qui passe souvent par des appels à projets. Or, ces derniers accordent une aide financière limitée dans le temps et nécessitent de répondre à des critères bien précis fixés par le gouvernement… Qui ne sont pas toujours en corrélation avec les associations.

Les aides financières sont indispensables pour permettre à une association de fonctionner et de mener à terme des projets. Une pression constante repose alors sur les épaules de celles et ceux qui luttent pour la survie de leur ASBL… Ce qui entraîne parfois des démissions ou des départs en maladie. Dans une carte blanche publiée sur le site de la RTBF, écrite par le réseau wallon pour la santé des femmes, le secteur associatif décrit la difficulté de remplacement des équipes : « Le remplacement de celles-ci ne va pas de soi : il s’agit de mettre en place des procédures d’engagement, de former des nouvelles recrues et de reconstruire le lien avec les bénéficiaires. Tout cela prend à nouveau du temps et des ressources dont nous manquons cruellement. »

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Appels à projets : conformité ne rime pas avec égalité

Postuler à des appels à projets nécessite à la fois de les rechercher et de constituer des dossiers de demandes, un travail administratif particulièrement épuisant pour les travailleurs.ses ou bénévoles. Sans oublier que les moyens financiers débloqués ne sont pas illimités. En conséquence, tout le monde n’y aura pas le droit : certaines ASBL se voient refuser l’attribution d’une aide financière, ou obtiennent une somme inférieure à celle qui avait été prévue au départ. Les travailleurs.ses ou bénévoles doivent accorder du temps pour répondre aux appels à projets sans certitude que leur demande soit accueillie, ce qui peut se répercuter sur la durée passée à aider et faire vivre l’association. Par ailleurs, il n’est pas rare que les institutions ne respectent pas les délais d’examen des demandes - délais qu’elles ont elles-mêmes fixés et auxquels les ASBL ont dû s’adapter. Par conséquent, il arrive que les aides financières soient versées bien trop tardivement, ce qui nuit à la mise en place des projets par les associations et suscite des retards.

Un autre aspect du travail administratif et financier des ASBL, et pas des moindres, est la transmission de rapports moraux et financiers aux autorités. Pour cela, il est indispensable de se conformer aux règles, qui diffèrent d’une institution à l’autre. Ainsi, si le projet d’une association n’est pas conforme aux critères mis en place pour pouvoir espérer bénéficier d’une aide financière, elle devra trouver une autre source de moyens financiers pour continuer à exister, ce qui peut la placer en situation de difficulté. Ce phénomène crée d’importantes divergences et inégalités au sein d’un secteur où il devrait y avoir une forte entraide. Or, l’attribution d’un montant plus ou moins considérable à certaines ASBL, alors que d’autres voient leur demande de financement refusée, contribue à installer une concurrence dans un monde où elle n’a pas lieu d’être. De cette manière, les ASBL qui n’entrent pas “dans les cases”, mais aussi les nouvelles associations et les associations strictement bénévoles sont d’autant plus vulnérables.

Que revendiquent les associations ?

  • Une plus grande simplicité lors des opérations d’appels à projets, qui passe par la diminution des pièces justificatives
  • Le respect des délais de traitement des dossiers par les institutions et le versement des aides financières dans les temps aux associations
  • Un élargissement des critères dans le cadre des appels à projets
  • Leur permettre de créer de l’emploi via des contrats à temps plein et à durée indéterminée afin d’assurer leur longévité
  • Une communication directe avec les administrations et sans intermédiaires afin que les associations puissent coopérer avec elles
  • Valoriser l’engagement des associations auprès des publics fragilisés au lieu de passer par des appels à projets inégalitaires.

Mélissa Le Floch



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