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Bruxelles, "CPAS de la Belgique ?"

06/04/18
Bruxelles,

Les déclarations d’Els Ampe, numéro 2 de la liste MR et Open Vld pour les élections communales, ont entraîné une controverse politique quant à la création de logements sociaux à Bruxelles. Si la candidate libérale veut stopper leur construction, la demande est pourtant en pleine augmentation dans la capitale, et il faut bien loger les précaires.

Le parc de logement bruxellois fait office d’exception eu Europe, puisqu’il est implanté au cœur de la capitale, plutôt que seulement en périphérie. En pleine crise du logement, l’échevine néerlandophone des Travaux publics a annoncé que le programme commun MR-Open Vld pour les élections d’octobre prochain se positionnait contre la création de nouveaux logements sociaux. Après avoir déclaré que "les habitations sociales attirent la pauvreté", elle a enclenché une série de réactions politiques.

Bataille politique en vue des communales

"Bruxelles doit être la vitrine de la Belgique, pas son CPAS", a déclaré Els Ampe dans De Standaard. Ses propos, immédiatement repris par ses opposants politiques, font suite à la proposition de la liste MR-Open Vld pour les prochaines élections communales de stopper la création de logements sociaux. Elle demande aussi à ce qu’ils soient mieux répartis entre les communes. Sur ce dernier point, elle est rejointe par Mohamed Ouriaghli, échevin en charge du Logement et membre du PS. Interrogé par la Dernière Heure, il rappelle en revanche que "la répartition des logements sociaux parmi les 19 communes ne relève pas de la Ville de Bruxelles mais bien de la Région Bruxelloise". Il s’oppose à la candidate libérale en déclarant : "Ce n’est certainement pas en construisant des logements de qualité à des prix abordables que l’on attire la pauvreté. C’est même tout le contraire ! Nombre de nos concitoyens éprouvent des difficultés."

A son tour, Bianca Debaets, secrétaire d’Etat à la Région chargée notamment de l’Egalité des chances, a tenu à commenter les propos d’Els Ampe. Pour la membre du CD&V, arrêter de construire des logements sociaux ne résoudra pas les problèmes de pauvreté.

850 nouveaux logements ?

La majorité socialiste et libérale s’est pourtant accordée sur un Plan de 850 nouveaux logements à Bruxelles. Si cela devrait permettre de répondre à la forte demande, liée à la croissance démographique, il s’agit de logements dits "moyens" et non pas sociaux. Selon Mohamed Ouriaghli, il s’agit de "logements confortables à des prix accessibles" : ils devraient donc plutôt profiter à la classe moyenne. Pourtant, le Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat (RBDH) établissait un bilan "catastrophique" du logement social en février dernier. 43.000 ménages seraient en attente d’un logement social tandis que les Plans attendus demeurent encore loin de leurs objectifs initiaux.

 [A lire] : Logement public : petite histoire de la déresponsabilisation

Lutter contre la précarité

En l’absence de logements sociaux, le problème de la précarité demeure donc à Bruxelles."Un enfant bruxellois sur quatre grandit dans la pauvreté", affirme Bianca Debaets à la Dernière Heure. "Mettre fin aux logements sociaux ne résoudra pas ce problème. Au contraire, les familles fragilisées se dirigeront davantage vers des logements ne respectant pas les normes", poursuit-elle. Pour ces ménages en situation de précarité, il s’agit donc aussi d’une question de salubrité du logement, une donnée qui peut réellementfaire la différence dans l’insertion socio-professionnelle des personnes. Les logements trop anciens, pas aux normes, peuvent aussi causer des problèmes de précarité énergétique. Cette situation, qui touche environ 1 belge sur 5, demande un accompagnement bien particulier de la part des travailleurs sociaux et pourrait finalement coûter très cher à l’Etat.

 [A lire] : Du nouveau pour les logements sociaux bruxellois

La rédaction



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